Le flambeau, chapitre 9 : Dérisions

Chapitre 9 : Dérisions

Lorsque la sentence fut prononcée par l'énigmatique femme qui se disait être le maire d'Azkhabir, Spark n'arrivait plus à tenir sur ses jambes et tomba par terre sur le coup de l'effroi. Il était complètement tétanisé par les circonstances. Comment avait-il pu en arriver là ? Sa situation était pathétique ! En le voyant autant apeuré, Tharn, un des six hommes, à la chevelure blanchâtre, le rassura maladroitement : « Ne t'en fais pas, humain, on ne meurt qu'une fois ! ». De l'humour noir qui fit apparamment rire toute l'assistance.

Pour Spark, il était à présent évident : personne parmi l'assemblée ne pouvait éprouver de la compassion pour lui. Ne pouvaient-il pas au moins faire semblant de ressentir une quelconque tristesse ? Ne serait-ce qu'au nom de l'humanité ? D'ailleurs, Spark se demandait ce qu'ils pouvaient bien tous avoir d'humain ! Aucune pitié, seulement des railleries et du mépris pour lui ! De plus, pourquoi ces 7 sois disant uniques habitants de l'île se cherchaient-ils autant à s'exclure de la race humaine ? Outre le fait qu'ils ne faisaient preuve d'aucune noblesse d'âme, n'étaient-ils pas des êtres humains dont les corps resplendissants étaient de chair et de sang ? Spark se rappela des propos qu'avait tenu la femme à l'instant : « Représentante légitime des Djinns dans ce monde ».

Qu'est-ce que cela pouvait bien dire ? Que ces personnes à l'allure arrogante n'étaient pas de ce monde ? Si vraiment ils n'étaient pas d'ici, d'où venaient-ils ? Étaient-ils vraiment les seuls habitants de cette île ? « Djinn » était un terme que Spark n'avait jamais entendu auparavant. Qu'est-ce qu'il pouvait bien signifier ? Perdu au milieu de ses interrogations, Spark voulait vraiment connaître la réelle identité de ces individus qu'il avait en face de lui, avant de mourir. En effet, Spark voulait élucider tous les secrets qui pouvaient se cacher derrière cette mystérieuse île pour laquelle lui et son ami Trhon avaient tant souffert.

En reprenant sang-froid, Spark demanda à ses futurs assassins avec un courage inattendu : « Je vous ai assez entendu ! J'en ai marre de vos moqueries ! Qui êtes-vous vraiment à la fin ? Qui êtes-vous pour me punir d'un tel châtiment ? Vous vous considérez comme des dieux au-dessus de vos trônes et vous osez me regarder avec mépris alors que vous n'êtes que des simples êtres humains tout comme moi ! Pourquoi cherchez-vous autant à vous considérer comme des êtres supérieurs ? Et puis qu'on m'explique à la fin ! Quelle est cette satanée île, qui disparaît et apparaît comme bon lui semble ? Où est-ce que je suis vraiment à la fin ? ».

Lorsque Spark finit d'extérioriser l'intégralité des pensées qui le hantaient, la femme ainsi que les six hommes restèrent muets d'étonnement. Ils se regardèrent dans les yeux avant de scruter à nouveau Spark du regard. Ce dernier se sentait à présent plus que jamais menacé, mais sans l'ombre d'un frémissement, il les défia à leur tour par un regard déterminé en guise de réponse. Un regard qui voulait vraiment connaître la vérité, toute la vérité, uniquement la vérité. Spark se considérait avoir le droit légitime, après tant d'efforts, de découvrir les mystères de l'île que pouvaient lui dissimuler ses habitants.

Après un court silence, l'auditoire recommença de nouveau à ricaner et à ridiculiser l'anxiété de Spark :

« Apparemment, cette créature sait comment nous faire rire ! Commenta Charles avec un sourire satirique, l'homme aux cheveux blonds.

- Princesse, laissez-le moi, je voudrais en faire mon bouffon personnel ! Ironisa Syndr, l'homme aux cheveux verts.

- Effectivement, çà faisait bien longtemps que je n'avais pas autant ri ! S'exclama Luther, l'homme aux cheveux noirs.

- Ce n'est pas tout, mais faudrait savoir comment on le tue. . .Je propose de lui arracher le cœur de la poitrine, on dit que celui des humains possède un bon goût ! S'excita Vortex sur son siège, l'homme à la chevelure grisâtre.

- Non Vortex ! J'ai une meilleure proposition : tu l'étrangles délicatement, il meurt à petit feu, on jouit de ses gesticulations, une fois mort, prend son cœur et tous ses organes comme bon te semble ! Qu'en dites-vous, chers amis ? Proposa « la princesse » avec un air hautain au dessus de son trône.

- Qu'il en soit donc ainsi ! » S'écria Tharn.

Les autres finirent par acquiescer à leur tour sauf Bronis, l'homme aux cheveux bleus, qui continuait d'observer Spark avec beaucoup d'attention et de curiosité. Quand aux interrogations de Spark, elles furent complètement tournées en dérisions par l'assemblée. La voix de Spark n'avait donc aucun poids dans leurs décisions comme si Spark ne méritait pas d'être entendu. N'était-il pas d'ailleurs considéré comme un être inférieur, un « vulgaire humain » ?

Vortex se leva subitement de son siège et d'un déplacement extrêmement rapide, le voilà à présent aussitôt tenir d'une seule main le corps tout entier de Spark par son cou, dans les airs. Spark avait beau essayer de retirer l'infâme main de son cou, mais c'était peine perdu : Vortex avait une force incroyablement surnaturelle dans ses bras.

Spark commença alors à gémir dans tous les sens, à crier de douleur, à demander de l'aide mais en vain ! Qui pouvait bien l'aider ? Spark commença peu à peu à s'étouffer et s'apprêta à perdre conscience. . .La mort s'impatientait en effet à l'idée d'enlacer la victime dans ses bras. Spark allait-il finalement mourir comme son compagnon Trhon ? ( à suivre )