Mordu

Mars, le printemps enfin, le retour du soleil, des femmes qui montrent leurs petites gambettes, La nature qui s'éveille, les ados qui bourgeonnent. La bas dans la foret, le hurlement lugubre des marmottes en rut, le cri déchirant des carottes chassées par les lapins, le louboutintamarre, de la nature qui reprend vie. La période idéale pour un petit week end agréable. Je me suis dégotté une petite location sympa dans un vieux manoir breton et je dois avouer que cette balade au bord de l'océan m'a épuisé, à moins que ce ne soient les quelques whiskies bus dans le confortable canapé de cuir du salon glacial.

Ma chambre est située au dernier étage, dans une tour d'angle face à l'océan. Il y fait chaud, c'est la seule pièce chauffée correctement et je décide de dormir la fenêtre ouverte, pour profiter de l'air iodé, et du chant des mouettes et chandons (le chandon étant le male de la mouette pour ceux qui sont nuls en ornit au logis).

J'ai donc laissé mes grosses timberland, jeté au loin ma chemise à carreaux et mon jean. Après une petite douche, c'est avec délice que je me suis glissé sous la couette douillette pour tomber avec délice dans les bras de Morphée.

C'est un léger bruit d'ailes qui me réveille, la lune est pleine et je peux voir voleter quelques chauves-souris devant la fenêtre. Une charmante aubade nocturne, les chauves-souris bretonnes sont facilement identifiables, elles portent souvent un petit ciré jaune, et (ou) un bonnet rouge. Je les regarde un petit moment danser devant la fenêtre, avant de retomber peu à peu dans un sommeil réparateur, il me semble remarquer qu'elles portent toutes trois (j'en ai compté seulement trois pour le moment) des chaussures à talons hauts, des citadines sans doute ?

Minuit au sablier ! Ce souffle froid qui me réveille, ces battements d'ailes autour de mon lit.

Je rêve ? Elles sont là, autour du lit, dentelles et talons haut, il me semble reconnaitre ces visages, ces voix, et puis ces parfums entêtants, capiteux, ces frôlements de soie.

Bon à ce niveau du texte, je me dois de faire une petite mise au point pour les aigries, les coincées de tout bord, les féministes à moustache. Oui il y a des dentelles, du parfum, de la soie, des talons hauts et des mollets galbés. Si les femmes sont belles en jean et en tee shirt elles le sont aussi en dentelles.

Rien de machiste, les femmes sont belles en ciré et sans... là je m'égare encore une fois. Allez reprenons !

Il y a ce ballet autour du lit, ces corps qui tourbillonnent, ces verres d'alcool qu'elles me tendent, mojitos et whiskies, ma tête tourne… l'une d'elle me tend un macaron, celle aux dentelles vertes m'invite à signer une pétition, quand à la troisième elle m'offre un bocal de pâte à tartiner... je délire.

Les yeux brillants, elles tournoient, leurs lèvres frôlent mon visage, mon cou. Drôle de rêve, elles sont froides leurs bouches…

C'est le jour qui m'a réveillé, grand soleil sur l'océan, quel drôle de rêve me dis-je C'est en me rasant que j'ai remarqué ces drôles de petits trous dans mon cou, alignés par paire, trois il me semble.

Je vais aller prendre le soleil, j'ai le teint blanc et cireux ce matin, trop bu sans doute avec cette lumière qui me fait mal aux yeux.