Portrait de femme
Julien Darowski
Quelques traînées fuchsias estompent le ciel
De cet ange qui va toujours à l'essentiel.
Nous ignorons tout d'elle hormis qu'elle est issue
De mondes irréels aux terres inconnues.
Sur sa feuille la vie se dessine en secret :
Lueurs inassouvies, rêves d'immensité !
Ses doigts sont des pinceaux à la fibre céleste
Restituant l'écho du moindre de nos gestes.
Elle peint la lumière en un grain d'infini
Dans le feu des éclairs qui font pâlir la nuit,
Et, quand le soleil dort à l'ombre de ses toiles,
Elle recouvre d'or le sable des étoiles.
L'invisible apparaît en fragments de couleurs
Dans les jours dilués qui remplissent son cœur,
Et sa plume d'oiseau, née dans l'encre de Chine,
Fait rejaillir les eaux de cités sous-marines.
L'Atlantide surgit des gouffres souterrains
Et tout meurt et tout vit dans le creux de sa main ;
L'abîme et l'océan, de folles créatures,
Des ogres, des géants hantent ses écritures.
Des licornes, des fées, des pays merveilleux
Où la pluie argentée ruisselle des cieux,
Des sorcières, des nains, d'incroyables sirènes
Habitent le jardin de cette magicienne.
Dans chacun de ses vers, aquarelle d'espoir,
S'embrase l'univers en éclats blancs et noirs,
Et, comme un clair-obscur aux rayons de la Lune,
Elle dissout l'azur dans le bleu des lagunes.
Sous nos yeux, les récifs s'assemblent en coraux
Et forment un motif aux reflets sidéraux.
Méticuleusement, elle gomme la brume
Déployée par le vent sur la roche et l'écume.
Sortie de l'encrier, la lave en éruption
Coule sur le papier de pages en fusion,
Et, dans un tremblement, que nous pouvons entendre,
Émergent des volcans de flammes et de cendres.
Le temps s'abat sur nous quand ses plus beaux fusains
Esquissent les remous d'un soir diluvien,
Et tout redevient poudre et poussière d'argile
Dans l'huile de sa foudre aux traits indélébiles.
Ses mots, comme un radeau sur le lac des Enfers,
S'arrachent au chaos qui agite les mers,
Et, quand le diable crie au bord de nos fenêtres,
Une ébauche suffit à nous faire renaître.
Peinture : « Danseuse au cirque » par Marc Chagall en 1929
Musique : « Nocturne Op.9 No.2 » composée par Frédéric Chopin entre 1830 et 1832 et jouée par Arthur Rubinstein en 1965
Poème et lecture : « Portrait de femme » par Julien Darowski en 2017
Version soundcloud : https://soundcloud.com/julien-darowski/portrait-de-femme
Un remerciement particulier à Yitou
Auprès de la branche qui a su s'enraciner sur une colonne vertébrale devenue, mère des étoiles, l'esprit à sa juste mesure, corrompt l'éternité. Chacun de ses rais encore luminescents, au travers de mes regards, signe son éternelle présence. A ceux dont le coeur jouit de prestance, j'adresse un de ses derniers souffles, m'avoir créé poète, plutôt qu'indigent. Je tombe bien, chacune de mes prières, pourfend ses dons, prier, faire plus, la ressusciter. Tendresse, bouquet de pensées
· Il y a environ 7 ans ·dimir-na
Merci d'avoir pris le temps de me lire. Bien à vous.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Très jolie texte encore une fois...... Plus léger que les derniers.... léger dans les mots et dans le fond , comme une brise qui passe,un texte qui apaise qui fait rever. MERCI JULIEN
· Il y a environ 7 ans ·Franie (Françoise) Sallé Pecquery
Merci Françoise, heureux de pouvoir vous apaiser un peu...
· Il y a environ 7 ans ·Bien à vous.
Julien Darowski
Nostalgie automnale pour ce portrait de femme chargé du parfum de la forêt et de l'amour
· Il y a environ 7 ans ·Sy Lou
Merci de revenir encore me lire. Que d'enseignements et de sagesse dans vos derniers Haïkus. Bien à vous.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Magnifique portrait... Les images se succèdent toutes plus évocatrices les unes que les autres ...
· Il y a environ 7 ans ·Ton titre me rappelle le très beau roman d 'Henry James .
Le choix de Chagall en illustration et ta lecture si vibrante ré hausse encore le tout .
Quel talent ! Bravo!
anne-onyme
Merci infiniment Anne de t'attarder encore et toujours sur mes écrits et sur mes enregistrements. J'encourage tout le monde à aller lire ton dernier poème « Intime évidence ». Une plongée vertigineuse dans les abîmes de la psyché humaine.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
S'attarder sur tes écrits et lectures est un réel plaisir...
· Il y a environ 7 ans ·Merci à toi de nous offrir de si belles émotions...
Merci aussi pour ce coup de projecteur sur mon texte.
anne-onyme
de la tendresse sans mièvrerie aucune, au contraire, une belle vigueur !
· Il y a environ 7 ans ·Gabriel Meunier
Merci Gabriel de revenir régulièrement me lire et me commenter. Votre dernier texte « Si possible » est un bijou de délicatesse et de poésie...
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Portrait de femme ... j'y ai aussi trouvé la nuit en nuisette :o) Très beau.
· Il y a environ 7 ans ·daniel-m
Merci de revenir encore me lire Daniel. Vous avez décidément un humour inqualifiable ! Certains trolls des forêts doivent vous l'envier.
· Il y a environ 7 ans ·Bien à vous.
Julien Darowski
Troll, vous avez dit troll ? ;o)))
· Il y a environ 7 ans ·daniel-m
La femme est à l'honneur et touche les deux pôles. Néanmoins, elle guide aussi vos pas de loup en tant que muse..
· Il y a environ 7 ans ·PS: Je suis touché par vos "remerciements particuliers" et ravi que nos quelques échanges aient semé une graine d'inspiration pour faire sortir de terre cet arbre qu'est ce sublime portrait de femme.
Yitou
Merci encore à vous Yitou. Certains mots finissent par perdre leur beauté et leur incandescence à force d'être utilisés. Muse en est hélas l'exemple le plus criant, voilà pourquoi j'ai préféré ne pas l'employer. Au plaisir de vous lire et d'échanger encore avec vous.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Voilâ un portrait de femme qui nous réchauffe le coeur en ces temps maussades et pourtant grandioses. Vous avez raison de nous rappeler que l'automne est une si belle saison pour s'aimer.
· Il y a environ 7 ans ·enzogrimaldi7
Merci encore de me suivre assidûment. J'ai surtout tenté de traduire ce que l'art pouvait par la force de l'imaginaire. Peut-être est-ce plus une déclaration d'amour à l'écriture et à la peinture qu'à une femme en particulier... Ou peut-être est-ce les deux...
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Quel bel hommage rendu aux femmes avec tant d'émoi dans la voix !
· Il y a environ 7 ans ·Louve
Merci infiniment Martine de m'avoir lu et écouté. C'est essentiel pour moi de donner une voix à mes mots et à la poésie plus généralement.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
C'est superbe de mots magiques. Magnifique harmonie que rien ne perturbe .... tellement bon à déguster. merci
· Il y a environ 7 ans ·li-belle-lule
Merci à vous d'avoir pris le temps de me lire avec gourmandise. Votre univers est aussi très coloré et harmonieux. Bien à vous.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
J'aime particulièrement :
· Il y a environ 7 ans ·"Et, quand le soleil dort à l'ombre de ses toiles,
Elle recouvre d'or le sable des étoiles."
"Et, comme un clair-obscur aux rayons de la Lune,
Elle dissout l'azur dans le bleu des lagunes"
quant à l'illustration , il y a tout chez Chagall n'est-ce pas?
Susanne Derève
Merci Susanne. Entièrement d'accord avec vous, Chagall était un géant. Coïncidence amusante, vous avez aussi choisi une des ses toiles pour illustrer votre dernier texte qui est très réussi d'ailleurs. Bien à vous.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski
Un beau portrait de femme coloré de mots tendres.
· Il y a environ 7 ans ·nilo
Merci encore Nicole de revenir me lire.
· Il y a environ 7 ans ·Julien Darowski