Prochain arrêt

ernestin-frenelius

Prochain arrêt (version slam)

Personne ne s’installe à mes cotés

Et je l’écris

Parce que je ne sais pas quoi d’autres écrire

Je pourrais écrire qu’au prochain arrêt

Une personne s’installera à mes cotés

Et je l’écris

J’attends

Le tram s’arrête

Les portes s’ouvrent

Une femme noire monte

Et passe à mes cotés

Sans s’arrêter

Sans me regarder

J’ai à peine le temps de l’écrire

Et nous arrivons à l’arrêt suivant

Deux jeunes hommes montent

Mais ils ne daignent pas s’assoir

Ils me font dos

Puis l’un deux se détourne vers son ami

Et ils discutent

Et je les écris

A l’arrêt d’après

Monte un  couple

Typé indien ou malgache ou mauricien

Je ne sais pas

Je ne le leur demande pas

Ils discutent et se sourient

Et je les décris

A l’arrêt d’après

Les deux jeunes hommes descendent

Et je les récris

L e tram repart

Un homme assis plus loin à ma gauche discute avec son téléphone

Et je l’écris

Nous croisons un autre tram rempli  d’autres voyageurs

Je les salue

Et je m'écris

A l’arrêt d’après

Personne ne monte

Personne ne descend

Les portes restent closes

Et je l’écris

A l’arrêt suivant

Une vieil homme monte et va s’installer plus loin

Deux personnes passent à mes cotés

Personne ne veut s’installer à mes cotés

Pourtant ce n’est pas ce que j’ai envie d’écrire

Pas plus que l’incertain  couple qui s’en va

Tandis qu’un homme et une femme montent

Ils ne sont pas un couple

La fille est jeune et mignonne

Et  elle ne s’assied pas

Et Je l’écris parce que j’en ai envie

De plus en plus de voyageur montent et descendent

Personne ne s’assied à mes cotés

La jeune et jolie fille elle s’est assise

A quelques mètres

En face de moi

Et je l’écris

Et je lève les yeux

ET je la vois

Et elle voit que je la vois

Et je l’écris

Et je relève les yeux et je la regarde

Mais je ne vois  pas si elle a vu que je l’écris

Mais J’aimerais

Et je l’écris

Mais je ne peux pas, en même temps, l’écrire et la regarder

Et  c’est le dilemme de ma vie

Alors je la regarde

Et puis je l’écris

Et nous approchons de l’arrêt où je descendrais

Les voyageurs défilent

L’un d’eux s’est installé à mes cotés

Un autre est debout en face de moi

Et je ne vois plus la jeune et jolie fille

Pourtant j’en ai envie

Pour autant je ne veux pas lui demander de s’écarter

Mais Je l’écris

Et l’homme installé à mes cotés s’écarte

Pour autant je ne vois toujours plus la jeune et jolie fille

Pourtant j’en ai envie

Et je l’écris

Et au prochain arrêt

Je descendrai

Seul avec mon poème

Fini

A moins que la jeune et jolie fille ne descende aussi

Et que je l’écrive.

Prochain arrêt (première version)

Personne ne s’installe à mes cotés

Et je l’écris

Parce que je ne sais pas quoi d’autres écrire

Je pourrais écrire qu’au prochain arrêt

Une personne s’installe à mes cotés

Je l’écris

J’attends le prochain arrêt

Le tram s’arrête

Une femme noire monte

Et passe à mes cotés

Sans s’arrêter

Sans me regarder

J’ai à peine le temps de l’écrire

Et nous arrivons à l’arrêt suivant

Deux jeunes hommes montent

Mais ils ne daignent pas s’assoir

Et me font dos

Puis l’un deux se détourne vers son ami

Et ils discutent

Et je l’écris

Au prochain arrêt

Monte un  couple

Typé indien ou malgache ou mauricien

Je ne sais pas

Je ne leur demande pas

Ils discutent et se sourient

Je les écris

Les deux jeunes hommes descendent

Un homme assis plus loin à gauche parle au téléphone

Nous croisons un autre tram plein d’autres voyageurs

Personne ne monte à cet arrêt

Personne n’est descendu

Les portes sont restées closes

Et je l’écris

Une veille femme monte et va s’installer plus loin

Deux personnes passent à mes cotés

Personne ne veut s’installer à mes cotés

Je les écris

Ainsi que le couple qui s’en va

Un  homme et une femme montent

Ils ne sont pas un couple

Je regarde la fille

Elle est jeune et mignonne

Elle ne s’est pas assise

Je l’écris

De plus en plus de voyageur montent et descendent

Personne ne s’est assis à mes cotés

La jeune et jolie fille s’est installée

A quelques mètres

Face à moi

Si je lève les yeux je la vois

Et elle voit que je la vois

Je l’écris

Et je lève les yeux

Je ne sais pas si elle sait que je l’écris

J’aimerais

Je ne peux pas l’écrire et la regarder

C’est le dilemme de ma vie

Nous approchons de l’arrêt où je descendrais

Les voyageurs défilent

L’un d’eux s’est installé à mes cotés

Un autre est maintenant debout en face de moi

Et je vois plus la jeune et jolie fille

Je ne peux pas lui demander de s’écarter

Je l’écris

L’homme installé à cotés de moi s’écarte un peu

Et je l’écris

Au prochain arrêt

Je descendrai seul avec mon poème

A moins que la jeune et jolie fille ne descende aussi

  • Ce texte et son thème me font penser à la chanson de Springsteen "land of hope and dreams"... on aura tous, tôt ou tard, un train à prendre!...Bravo à toi!

    · Il y a presque 12 ans ·
    Lisbonne 27 29 juillet 2010 028

    Frédéric Cogno

  • tout le monde descend, cqfd

    · Il y a presque 12 ans ·
    Moi da orig

    Dominique Arnaud

  • CDC, sans hésitation, une originalité et une attention aux autres et ces retours vers soi et cette idée que l'intérieur d'un tram ou d'une salle de restaurant change tout le temps et qu'il est bon et bien que quelqu'un note tous les passants au générique en même temps que ses désirs et ses pensées, comme un vertige assis et une histoire sans fin. C'est géant. Une préférence pour version slam.

    · Il y a environ 12 ans ·
    Gants rouge gruauu 465

    eaven

  • Je trouve aussi ce texte original et bien pensé et je l'écris ...

    · Il y a environ 12 ans ·
    Flottins orig

    sophie-dulac

  • On se sent dans ton poème tous voyageurs embarqués dans ton espace au rythme des arrêts de ce tram et c'est génial !

    · Il y a environ 12 ans ·
    Almeria 2011 447 300

    mydo

  • J'ai adoré... et sans aucun doute si je prenais ce train, je m’assiérai près de toi, pour voir ce que tu écris ;-) joli coup de coeur !

    · Il y a environ 12 ans ·
    Images 500

    helecrit

  • poème de grande classe Ernst la condition humaine et sa destinée, très Lelouchien la petite histoire dans la grande, on y sent vibrer en arrière plan l'angoisse d'être seul parmi les autres , l'itération d'écrire cadence parfaitement et le voyage d'un point à un autre métaphoriquement les grands ou petits rendez-vous de l'existence et la lancinante question y-a-t'il quelqu'un pour moi de par ce monde...very good one my friend...amitié jm

    · Il y a environ 12 ans ·
    Snapshot 20120624

    Jean Marc Frelier

  • Merci à toutes et à tous! Je ne pensais pas que ce texte vous interpellerait!?

    · Il y a environ 12 ans ·
    Img 0155

    ernestin-frenelius

  • La fille qui te trouvera, aura un ticket pour toi, le métro disparaîtra et ta plume s'enflammera, tendresse, Dimir-na

    · Il y a environ 12 ans ·
    Img 0875 150

    dimir-na

  • Est-elle descendue ? Tu ne l'as pas écrit...mais on est avec toi à chaque arrêt...joli !!!

    · Il y a environ 12 ans ·
    Pascal 3 300

    Pascal Germanaud

  • arrêt demandé - je l'ai écrit

    · Il y a environ 12 ans ·
    Photo0004 465

    walter-ego

  • CdC, tout simplement

    · Il y a environ 12 ans ·
    La main et la chaussure

    Stéphan Mary

  • J'aime beaucoup la ritournelle ...je l'écris...
    Oui, Jones, le chaos des mots...j'aime aussi, je l'écris...
    Tout en passages...

    · Il y a environ 12 ans ·
    D9c7802e0eae80da795440eabd05ae17

    lyselotte

  • Bus poetry...
    Ahh, c'est ça !! Tout en mots simples, en faits et gestes décrits sans emphase, un rythme un peu chaotique à l'image du bus lui-même, un regard qui cherche, observe, fouille et ne livre que la surface et la poésie est là.
    J'aime beaucoup... Bravo ;) CDC

    · Il y a environ 12 ans ·
    Dsc00245 orig

    jones

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