SOUS LES COMBLES

Isabelle Revenu

C'est une nuit semblable à des millions d'autres nuits. 

Une nuit à coucher dehors avec un billet de logement.

Une nuit à coucher sur ce banc, la tête vers ailleurs. Au sommet des dieux.

Je change encore de crèmerie. De chambre.

Ca va me permettre de souffler un peu, de laisser de côté tout ce que j'ai entassé dans l'autre lit.

Sous les combles, c'est un comble, y a de la casse...

Tu m'as demandé :

Tu peux pas squatter un coin de jardin?

Je ne sais plus ce que je t'ai répondu....

Je me suis juste interrogée sur ce jardin. Comment il est aujourd'hui, comment je le vois et comment j'aimerais le voir.

Dans mon iimmensité subdésertique de Gobi, je traine mes guêtres depuis une grosse semaine.

Depuis mon départ, il pleure des étoiles éteintes. La nuit est toujours aussi charbonneuse et froide.

Le premier jour, je me suis installée dans une sorte de confort sans joie, sans aucune ouverture vers les cieux. J'avais eu l'idée loufoque de m'enfermer toujours plus loin dans une caverne souterraine. Pour ne plus voir mon reflet dans les eaux troubles des ruisselets. Ceux qui n'apportent ni grain à moudre ni eau à mon moulin.

La vie est une drôle de mule parfois. Elle me donne des indices foireux. Des coups de coude ensuite pour se moquer de moi. Une blagouze de mauvais goût, vaseuse et perturbante.

Tu ne comprends que ce qui t'arrange de comprendre. Et tu arranges ta vie selon ces critères.

Ben oui...C'est humain non ? 

Prendre le bon et distiller le mauvais jusqu'à ce qu'il s'évapore....

Je marche aux tripes. J'ai toujours fonctionné comme ça. Jusqu'à la désillusion.

Jusqu'à la démesure.

L'automne approche à pas feutrés. 

Quel ruban de fête vais-je nouer sur ma vie maintenant ?

Encore un mégot de plus au pied du banc.....

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