Tu es importante.

ellis

Photo La Douleur Exquise.

Tu es importante.

Je pourrais écrire une lettre à une femme que je connais, que j'aime, et qui souffre, chaque jour.

Je pourrais écrire une lettre et ce serait toujours un peu la même.

Je pourrais écrire une lettre et parfois je me dis que c'est peut-être à moi que j'écris, sans relâche.

Peut-être, à travers tous vos chagrins. Toutes vos beautés qui ne trouvent pas de chemin. A travers toutes ces fissures d'amour chez vous, qui me sautent à la gorge, tant je pourrais vous aimer, tant je vous aime, tant vous êtes aimables, vous qui ne vous aimez pas. Toutes, vous êtes belles, et vous ne le voyez pas. Et je sens monter en moi la tendre révolte, et parfois, je vous dis : si tu te voyais comme je te vois...

Je pourrais tout vous tendre, ôter ma peau, pour vous faire un drap, un miroir, un miracle. Mais vous ne vous verrez pas. Je me soulève contre quelque chose de bien plus puissant que les larmes, que les révoltes. Je me soulève contre un amour qui n'a jamais pris racine au bon endroit. Un truc extra-utérin. Un amour qui est perdu. Hors de. Et qui appelle. Comme on crie sans voix pour sortir des cauchemars. 

Toi, tu te dis que tu n'es bonne à rien. Tu pleures. Ca te rend esclave dedans. Ca te ronge. C'est ta souffrance et elle est infinie. Tu pleures. Parce que jamais aucun homme ne t'a aimée vraiment.  Toi, tu fuis parce que tu voudrais être grande et que tu te sens insignifiante et que jamais tu ne saurais te satisfaire de toi-même. Alors tu voyages, mais tu es rattrapée. Toi, tu pleures dans mes mains parce que tu penses que c'est ta faute si les gens te mentent. Tu penses que tu fais quelque chose, qui les pousse à te faire du mal. Tu pleures, parce que tu dis que tu es naïve et que tu pensais que tu grandirais, avec les années, mais que c'est pire. Que les douleurs s'élargissent et te font des béances dans lesquelles tu te noies. Et puis tu pardonnes, tu fais un pas, et tu recules. Tu pardonnes. Parce que tu as peur. Parce que tu ne te vois pas.

 

Tu es importante. Toi, tu es importante. Toi tu es importante, toi tu es importante.

 

Tu es importante.

Ca a roulé sur mes joues quand elle a pris ma main. Pour faire ce que je connais trop bien. Elle a pris ma sauvagerie dans ses mains. J'ai soufflé. J'ai repoussé doucement ses mots qui voulaient me réchauffer. Et les écrire, encore ça me pèse.

Tu es importante.

Je suis petite. 

Tu es importante.

Je préfère quand je te t'écoute. Je préfère quand je te prends la main.

Tu es importante.

 

Tu ne sauras jamais. Toi.

Ce qu'il y a eu d'abandon creusé en moi, pour qu'un jour entendre que je suis importante me donne envie de crier que non. 

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