Djelem, Djelem

mathieuzeugma

            Attention : à lire en musique…

            Pour ceux qui ne connaissent pas, il existe une excellente version de Djelem, Djelem, l’hymne des gitans, par Julien Laurence. Elle est disponible sur mon profil ou sur Youtube…

            J’ai tenté de faire la traduction de l’une des multiples versions à partir de la version anglaise…

"Djelem, Djelem... (J'ai voyagé, j'ai voyagé...)"

 

Les notes de guitare s'envolent avec les flammes du feu, et au centre des caravanes se rassemble le peuple du voyage...

Dans la fraîcheur du soir résonne l'hymne gitan...

 

"... Lungone dromensa ([J'ai voyagé] sur de vastes routes)
Maladilem baxtale Romensa... (Et j'ai vu des Roms heureux) "

 

Les silences sont lourds entre chaque note... Pensées pour les autres, croisés au fil des routes et qui sont loin maintenant...

"... Ay, Romale, Ay, Chavale. (Oh hommes et enfants du peuple Rom)
Ay Romale, katar tumen aven... (Oh Roms,  d'où que vous veniez) "

Autour les familles sont là ... Présentes... Soudées... Tout le monde s'est rassemblé, il fallait au moins ça...

Hommes, femmes, tous restent muets dans le recueillement des notes... Les enfants dorment déjà, épuisés d'avoir longuement tendu la main...

Les filles sont reparties gagner de l'argent, une dernière fois... Bohémiennes de trottoir, Esmeraldas à vendre, et défilé de Quasimodos en guise de gagne-pain...

Pour quelques pièces...

"Le tserensa baxtale dromensa (... Dans vos tentes sur la route de la joie...) "

 

L'un des leurs a été arrêté... Emprisonné... Pour quelques bouts de ferrailles revendus à des commerçants véreux, réduit à être voleur quand la mendicité ne rapporte plus...

Les ferrailleurs ont nié en bloc, les Roms encaisseront seuls le forfait...

"Vi-man sas u bari familiya (... Moi aussi j'avais une grande famille)
Tai mudardya la e kali legiya (Mais la légion noire l'a tuée...)"

Autrefois c'était les nazis qui séparaient les familles, exterminant en masse les membres d'un peuple méconnu... Maintenant c'est la police de répression de la pauvreté qui condamne les actes sans en examiner les causes...

Réveillés du rêve européen, faute de bannière étoilée, ils ont cru vivre ici aussi facilement que nos entreprises venaient chez eux...

Mais ils se trompaient : ce n'est pas ça l'Europe...

"... Aven mansa sa lumiake Roma ( ... Venez avec moi, Roms du monde entier)
Kai putaile le Romane droma... (Là où les routes nous sont ouvertes...)"

Voilà pourquoi ici personne ne raconte jamais sa journée : la vie de bohème n'est pas celle rêvée des bobos...

La peur des voisins a trouvé son prétexte : les préjugés reviennent en histoires de voleurs de poules...

Mais il en faut plus pour abattre un Rom... Habitué au malheur, de toute façon...

Demain les flics viendront détruire le camp, et alors il faudra partir... Encore une fois...  Alors en attendant le groupe se soude sur quelques accords de guitare...

Et ce sont les notes de l'histoire d'un peuple qui s'envolent dans la nuit...

"... Ake vryama ushti Rom akana (L'heure est venue de nous lever, peuple Rom)
Ame xutasa mishto kai kerasa... Nous réussirons en faisant l'effort) "

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