Jessica Rabbit VS Loana : The Ultimate Fight !

Ce jour-là, Saint Pierre faillit en avaler ses clefs. Une éternité à squatter là, comme une midinette au guichet des âmes, il en avait vu défiler de toutes les couleurs ! Il s'était donc résigné à accueillir davantage de démonstrations de bêtises que de beautés même s'il se laissait encore surprendre par les possibilités infinies qui découlait de l'une ou de l'autre.

Il faisait les cents pas. Personne depuis dix minutes, quel miracle ! Il se servit un énième verre d'eau bénite lorsqu'il vit apparaître, au loin, une silhouette ondulant sensuellement de courbes et de couleurs digne d'une apparition.

La pin-up, tout en volupté, fit un petit clin d'œil à St Pierre, qui, mon Dieu, en rougit encore.

« Jessica Rabbit... »

« Oui, mon lapin... »

« Hum...C'est donc votre heure... Et quel tristesse pour ce Monde ! Vous … »

Saint Pierre n'eut pas le temps de continuer à professer. Au loin, claudiquant sur des talons aiguilles de 15 cm, une femme bouffie, rougeaude s'essoufflait dangereusement en essayant d'atteindre le septième ciel. Elle vociféra :

«  Saint Pierre, cette garce m'a fait un sale coup dans l'ascenseur mais j'vous assure que j'étais là avant ! »

Elle avait la voix railleuse et sentait fort l'alcool. A première vue, Saint Pierre ne l'a reconnu pas tout de suite.

Jessica fit volte face :

«  Hé chérie ! Attends ton tour, t'es pas une star, y'a pas de gros ou de ptits bonnets ici ! Déjà que tu as ruiné l'image de la pin-up... »

« Hein ?? »

« Regarde-toi chérie, regarde ce que tu es devenue... »

Saint Pierre sentait la violence monter. Il demanda à Loana d'attendre patiemment son tour et nerveux, il fouilla dans ses notes et prit de nouveau un ton solennel :

« Mme Jessica Rabbit, il est temps aujourd'hui, à l'heure de votre mort, d'avouer vos mensonges et crimes et laisser Dieu juger du salut de votre âme. »

Jessica, imperturbable, sortit un gloss pailleté qu'elle remis langoureusement sur ses lèvres.

« Je n'ai rien à dire mon lapin, le seul crime que j'estime avoir commis est celui d'avoir aimé Roger... »

« Hum, bon, euh...Parfait...Maintenant Dieu choisira votre ultime résidence...Quant à vous, Loana...?

"Loana ? »

Loana s'était endormie contre un nuage, ivre morte.

« Ouais papi, qu'est-ce tu veux ? »

« Loana, as-tu des choses particulières que tu voudrais confesser ? »

Jessica ne lui laissa même pas le temps de répondre :

« Je crois qu'elle a volé l'image des femmes, changé leur conception de l'idéal et fait croire que leur corps était le seul moyen pour accéder au bonheur. Voilà son crime. »

« Et toi, t'as fait quoi de plus ? T'existes même pas de toutes façons, t'es juste un putain de dessin. »

« Peu importe ce que je suis aujourd'hui, mais mon dessin lui est resté comme une icône de femme fatale, intouchable. On m'a dessiné dans un fantasme éternel. »

« Allez, allez mesdemoiselles, calmez-vous, là où vous allez maintenant, il n'y a plus de maquillage, plus de paillettes... »

Loana l'interrompit.

« Je pourrais quand même choisir la couleur de mes ailes ? »

Saint Pierre ne prit même pas la peine de répondre, Dieu avait déjà pris sa décision. On dit que, depuis, les anges n'ont plus de sexe car ils feraient trop rougir les saints.