La nuit, toutes les roses sont noires !

Yvette Dujardin

Toutes les roses sont noires, sans espoirs,
Mes souvenirs, alourdis par la tristesse, le soir,

Cheminent, en marche funèbre serrée par le chagrin

L’ombre laisse place à la brume au petit matin.

J’ai rêvés tes bras si longtemps, des nuits entières,

L’impossible, le malheur se rit de nos galères.

Je suis si triste de ton absence, seule sur ce chemin austère.

Il fait si froid dans mon cœur où pleurent des larmes amères.

Que sont devenus tous ses oiseaux, aux chants si envoutants ?

Qui jadis venaient chanter sous mes fenêtres, mélancolie d’antan.

La mer au bord des cils, ravagent mes yeux d’une ombre d’amertume,

Pensée qui fait déborder le vase de tristesse, tombe une goutte d’écume.

Perlée salée, comme la douleur qui me ronge, puis une autre,

Celle-ci aussi est salée, puis trois, plusieurs, un océan monstre,

Qui veut m’avaler, je me noie, je m’enfonce en son ventre,

Je te vois, tu flottes, j’essaie vainement de te tirer de ton antre.

Si fragile et si forte celle qui pleure son fils, en silence,

Portant sur ses épaules cette souffrance, cette absence,

Dissimulant larmes et peine, derrière ce masque souriant,

La nuit, je pleure depuis que tes yeux se sont éteints, fils aimant.

La nuit, toutes les roses sont noires !

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