le café des coeurs perdus

mery

Des gens qui entrent et après repartent

dans ce bistrot où tout est crasse

Des âmes seules coupées du monde

Les yeux plongés dans leur café et leurs corps en ecchymoses

même les couples ne se parlent plus

dans ce café des coeurs perdus

Leur âme noyée dans une bière ou un verre de vin

Leurs âmes qui n’ont plus de projets de lendemain

Ils sont là et me regardent

ils doivent me croire un peu hors norme

un peu comme eux peut-être

qui vivent au-delà du paraître

Ces coeurs perdus dans le café au coin de la rue

me rappellent parfois d’où je suis revenue

ces anges déchus que la société a tués

me rendent aujourd’hui ma liberté

cette liberté que j’ai mis en cage à cause de ma peur d’aimer

Cette femme qui m’a appris la rue

un soir de pluie sans me dire adieu... a disparu

Je la retrouve parfois dans ces âmes ici dans le café du coin de la rue

ou la fumée et la solitude vous tue

Ils se pénètrent de la chaleur que l’alcool leur donne

ils se sentent plus forts et moins seuls

Ici tout est foncé

les tables, les chaises et même les tasses à café

Ce soir, j’y mettrai un peu de couleurs avec toi à mes côtés

Toi qui met du bleu dans tout ce qui est sombre

Toi qui m’apprend à vivre au-delà de l’ »ombre »

Tu m’apprends à voler plus haut que la marginalité

depuis le jour où Patty m’a quittée

Patty je la revois dans les yeux de ces âmes déchiquetées

un jour, j’irai sur sa tombe et je lui expliquerai

Je lui dirais merci, merci de m’avoir appris la vie

d’avoir fait de moi ce que je suis aujourd’hui

Maintenant faut que je m’en aille

j’ai besoin de purifier mes ailes

Je sais, je ne serais jamais « propre » aux yeux de cette société

Je sais que c’est elle qui l’a tuée

Mais il y a des gens qui peuvent me libérer

de ces égouts où on s’embrassait

Les années sont passées et moi, j’me suis voilée la face

derrière une seringue ou 100 fr. la passe

Je pars ce soir sans jamais me retourner

Je repars avec mon corps de petite fille violée

Je sais que tu es là et me protège de la pluie

Je sais que tu seras là dans le profond de mes nuits

Merci de m’avoir permis de me regarder dans une glace

j’en avais marre de me voir dans les flaques

Mais il faut que tu saches que c’est ici que je me refugie

quand je remets en question ma vie

Parce que je suis comme eux peut-être

et que je vis au-delà des paillettes

je te regarde et me dis que tu vis au-dessus de mon monde à moi

et je me rend compte que c’est moi qui ne te mérite pas

Ne me quittes pas si je comprends pas toujours ta façon de voir l’amour

mais quittes-moi si un jour tu as peur du chemin du retour.

Mery

Décembre 2003

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