Les 52 signes de Bezdelnik (suite)
jeff-balek
Journal de Bezdelnik
Vous êtes vous déjà demandé si tous les objets que vous avez achetés, si tous les objets que vous avez accumulés au cours de votre existence ne vous définissaient pas mieux que quoique ce soit d'autre? Mieux que n'importe quelle parole? Mieux que n'importe quel discours?
Prenez cette poupée traditionnelle que vous avez rapportée de votre dernier séjour dans ce club en Tunisie. Cette poupée n'est-elle pas une incantation à vivre une autre vie que ce quotidien de merde que vous n'avez pas choisi et qui vous scotche derrière votre bureau, à aligner des chiffres dont vous n'avez rien à foutre? Corolaire : tous les jours, cette poupée vous rappelle que vous n'avez pas les tripes de tout plaquer et que la seule aventure que vous avez été capable de vous payer, c'est un séjour club en promo, all inclusive.
Votre gosse a douze ans. Et pourtant vous conservez en fond d'écran cette photo de lui sur laquelle il n'a que six mois, parce que ses douze ans vous rappellent que vous avez salement vieilli et que dans l'écran de votre PC éteint, le visage que vous distinguez est bien le vôtre, raviné par les rides. Corolaire : vous achetez votre pot de crème antirides à prix d'or sans trop y croire parce que vous crevez de trouille que votre mari ou votre femme ne se barre un certain jour de ces prochaines années.
Tout ces petits objets sont autant de lignes qui se sédimentent dans votre CV perso, jusqu'à ce que vous finissiez les deux pieds dans le béton de votre quotidien. J'en sais quelque chose. J'ai été le roi des collectionneurs et j'ai acheté mon petit pot de crème, mon séjour all inclusive, mon souvenir de Tunisie.
Je crois bien qu'un Arcimboldo moderne pourrait nous représenter non pas avec des légumes, mais avec tous ces objets que l'on accumule. Peut-être qu'il représenterait feu mon ex avec un vibro en lieu et place du nez.
La chose amusante dans cette affaire c'est qu'il serait bien en peine de me tirer le portrait aujourd'hui. C'est peut-être ça la liberté. Cette impossibilité à vous représenter.
J'aime beaucoup! Et cette allusion à Arcimboldo mmm j'adore. Je me projette bien dans des images de portraits faits d'objets..... Le vibro en guise de nez mdr pas mal du tout !
· Il y a presque 14 ans ·Klo
memme commentaire que sur le debut , ca me fait encore plus penser a "fight club" cela dit.
· Il y a presque 14 ans ·morpock
Rien à dire, toujours aussi marrant et bien écrit que la première partie. J'attends la suite avec impatience !
· Il y a presque 14 ans ·Jessica Lumbroso
Les ridules de l'angoisse du devenir se peignent ici dans ces lignes, des couleurs du mal vivre un texte émouvant à ajouter effectivement à l'humour (noir )des écrits de ce roman
· Il y a presque 14 ans ·mlpla
@ Axele : je te mets en lien le synopsis ainsi que le début des 52 signes :) Merci de ton commentaire.
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
J'attends le synopsis pour savoir où cela nous mène...
· Il y a presque 14 ans ·coup de coeur !
alexe
Arcimboldo peignant l'humain au travers de objets qui lui sont chers. Une imagination fertile et saisissante. La suite est toute aussi bonne et ton écriture ne faiblit pas ! Hâte de lire la suite Jeff !
· Il y a presque 14 ans ·leo
Moi, j'garde rien! :) Super texte Jeff!
· Il y a presque 14 ans ·lapoisse
@pouetpouet, il semble évident que oui...
· Il y a presque 14 ans ·Si un nouvel Arcimboldo officiait aujourd'hui il serait bien emm.... avec les compatibilités systèmes de nos technologies environnantes. Ou alors, juste une mosaïque de câbles...
luc--2
@pouetpouet : ah ce n'est pas mon ex.... c'est feu l'ex de Bezdelnik!!!!
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
Sous quelque forme que ce soit, petites joies ou grand malheurs, nous sommes tous des collectionneurs qui nous ignorons.Beau portrait de ton "ex", fourrait elle son nez partout?
· Il y a presque 14 ans ·pouetpouet06
@nouontine : mais je l'ai déjà la suite... :) Mais je a garde encore un peu pour moi.
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
Un remède peut-être, la théorie minimaliste qui propose de ne garder que l'essentiel, pour se détacher du consumérisme et des névroses qu'il engendre... Sinon, je suis curieuse d'apprendre comment va évoluer Bezdelnik ! À quand la suite ?
· Il y a presque 14 ans ·nouontiine
@Dominique : pas mieux... :)
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
J'aime beaucoup.
· Il y a presque 14 ans ·Marie Leroy
@Gisèle : les circonstances ont fait que j'ai du en passer par là. J'ai du me séparer de tous mes livres. Enfin n'en conserver qu'une toute petite dizaine. Un vrai déchirement. Avec les recul, je me suis rendu compte que ces livres auxquels je m'étais tellement attaché, et bien, je les portais tous en moi. Je n'avais certes pas la mémoire de chaque mot, mais j'ai conservé très précisément, chacune des émotions qu'ils m'avaient offert.
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
Merci Jeff pour cette belle déclaration des hommes libres ! Quand il ne nous reste plus rien... j'ai bien une idée, mais ne me sens pas le droit d'argumenter. Pour le moment, je me demande quand je serai capable de me débarrasser de tous mes bouquins... c'est pas n'importe quoi comme sacrifice, tu me l'accorderas !
· Il y a presque 14 ans ·Gisèle Prevoteau
Tout simplement bravo jeff, c'est marrant que tu parles de ça, j'ai récemment jeté tous les objets que j'ai pensé "négatifs" je sais, suis un peu "dingue" sur les bords, j'ai pensé re-positiver la maison...Et ça a marché !! En tout cas chapeau pour ton texte ;-)
· Il y a presque 14 ans ·joann
tres belle reflexion et belle facon de l'ecrire!!*****
· Il y a presque 14 ans ·malika
@Perlipopette : j'ai donné aussi. Et jamais je ne me suis senti aussi libre que quand je m'étais dépouillé de tout. Question subsidiaire : "quand il ne te reste plus rien, que te reste-t-il?" En fait, ce que je trouve assez passionnant, c'est le point de vue de chacun à ce propos. Toute cette diversité de vécus et d'opinions qui nous enrichit mutuellement. Il n'y a pas de vérité...
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
Quelle conclusion coup de poing ! Et j'aime beaucoup cette réflexion si juste sur les petits objets qu'on possède et qui finissent par être le reflet de ce que l'on est... Merci !
· Il y a presque 14 ans ·mls
c'est ce qui est positif sur ce site, chacun pose ses mots, des mots qui le représentent, et non pas l'accumulation d'objets, comme tu le dis. Sur l'âge, le fait de vieillir, il me semble qu'on peut en être heureux, et avancer sans peur et sans tristesse...
· Il y a presque 14 ans ·wombat
Face de caddie.
· Il y a presque 14 ans ·yl5
Déraciné, sans jamais rien garder, pas même les diplômes, les bouquins, les boulots, les amis, rien, toujours en partance, toujours au commencement, ben tu sais, c'est pas plus simple, les rides arrivent quand même, et les crèmes fichent les boutons, c'est toute la différence, on se pose autant de questions, et on se prend à rêver tout vert d'un bureau et d'un tas de paperasse. La liberté, c'est un état d'être, quoi que nous soyons, quoi que nous ayons, elle est possible, et intérieure, à chaque instant. Il n'y a qu'un gardien dans la prison en chacun, et c'est chacun. Je dis ça pour ceux que ça déprime, et j'adore le texte, moi qui déménage une 12ème fois en deux ans, avec mes cinq cartons :o)
· Il y a presque 14 ans ·perlipopette
...J'aurais trop de choses à dire...Trop interpellée...Alors je me tais ******
· Il y a presque 14 ans ·meo
La première partie en PJ.
· Il y a presque 14 ans ·jeff-balek
quelle jolie fuite ..." cette impossibilité à vous représenter ". J'aime ton interrogation sur ces petits objets qui parlent de nous
· Il y a presque 14 ans ·Manou Damaye