Pour mes amis de plume
fionavanessa
Si j'étais Elisabetha la douce,
je parlerais de larmes se déposant dans l'herbe telles des flocons de neige, sans bruit, l'une après l'autre, pour y fondre,
ou encore de la suavité chaude de l'instant ourlé de rouge,
ou de la merveille d'un banc d'automne éclairé de rayons verts.
Si j'étais Ade, je me faufilerais dans la cuisine de grand-mère, la nuit, pour y deviser avec les anciens, de bon cœur, autour d'une soupe à l'oignon qui me rappellerait d'où je viens, et ferait une parenthèse à ma tourmente,
Si j'étais Carouille, je tirerais une chaise de plus sur la terrasse pour la causerie du soir, j'inviterais Ade et nous sauterions du coq à l'âne, de peinture en chocolat, du rire aux larmes, et je me blottirai dans l'ombre chaude du Tanezrouft de Daniel l'aventureux,
Si j'étais Marielesmots, je serais arrivée très tôt dans le salon de lecture pour avoir le temps de saluer chacun, d'un sourire sage et tendre et d'un tapotement sur l'épaule, je veillerais à me trouver là au bon moment, au bon endroit, car mes antennes seraient grandes, et réceptives,
Si j'étais Thib, j'aurais pris une grande respiration avant de me plonger dans l'apnée grand-angle de tout le panorama, sans en perdre une miette, puis je laisserais faire la vie tout entière, je laisserais faire la magie, jusqu'à en ramener les perles venues du tréfonds, et leur éclat terrasserait mon lecteur d'un uppercut velouté et abyssal, et quand il reviendrait à lui, il entendrait si clairement le tintement de la pluie sur le carreau, entrecoupé par les battements sourds de son propre cœur.
Si j'étais Monsieur Petisaintleu, je relirais d'abord tout Huysmans, pour oublier la misère du monde dans le chatoiement de ses mots d'orfèvre, et en artisan besogneux, je me transporterais dans la peau de la sterne arctique, sous l'écorce du séquoia, de tout un chacun, et je l'aurais compris. Et mine de rien, m'en diriez-vous tant, j'userais de mon don d'ubiquité pour être ici, là-bas et partout à la fois, sauriez-vous avec autant de doigté faire sortir du flou les masques de la comédie humaine, qui sont quelques-uns à s'être trouvés croqués par les mots acérés de Monsieur Vifargent !
Si j'étais Arthur, alias Maître Roubi, j'étudierais consciencieusement et à la loupe les conseils pour devenir un grand écrivain, entre deux traversées, ainsi que la toute dernière page d'actualité du professeur que je serais, véritablement investi dans ma mission de vulgarisation de la science pour les Nuls et de là, car je serais scientifiquement positif là-dessus, jaillirait immanquablement un sourire,
et se pointerait alors compère Jean-Fabien 75 alias l'écrivain avec son whisky, son écharpe blanche et son chat, un brin sans-gêne,
Si j'étais le grand Edgar Allan Popol, je m'assoupirais dans mon jardin, et je rêverais d'un grand chien qui aurait déterré des trésors d'enfance de mon potager, et au réveil, juste avant que cela ne vire au cauchemar, j'aurais trouvé les clefs de l'énigme, et c'est la rousse Maëva aux yeux verts qui me les tendrait,
Si j'étais Eymeric, auteur en herbe mais en verve, je prendrais mon dévidoir à mots là où je l'aurais laissé, pour dérouler le souple tissu de mots sans dessus ni dessous, rythmant mes travers trop humains où chacun se retrouverait dans la trame,
Si j'étais Frédéric Clément, ma plume courrait chatouiller gracieusement le cou de quelque chérubin endormi, et ensemble nous admirerions la douce chanson des mots ricocher élégamment sur le lac,
Si j'étais Frédéric, je vous mènerais en Espagne dans les années trente, vous conter des vies humbles mais dramatiques et poignantes,
Si j'étais Ellis, je serai écho, d'un rocher, de l'eau, de l'arbre, de la plus minuscule vie, du souvenir, et je tracerais à l'encre délicate de l'enfance, de vraies racines qui nous nourrissent, de vrais secrets si tendres, des oreilles toutes simples et amies,
Si j'étais Christophe Paris, je serais dessinateur urbain, badigeonnant de craie les trottoirs parisiens avec génie, trouvant les mots qui en disent long, tout en rondeur, en gouaille et en musique,
Si j'étais austylonoir, mes voyages sur le macadam d'ici et d'ailleurs m'auraient appris un pas léger, donnant des ailes à mes mots, et du vague à l'âme à mes godillots,
Si j'étais Woody, je serais avant tout au service de Madame, car elle aurait le dernier mot,
Si j'étais Erge, j'aurais une mémoire photographique pour transcrire des instants de vie, un sourire en coin, complice, mais pas dupe et comme un bon mot ne vient jamais seul, j'en produirais des farandoles, n'est pas ours qui veut mon cher,
Si j'étais YL5, je serais prolixe en quelques mots, à tiroirs, à double sens, voire sans issue, paradoxal jusqu'au bout des ongles, délicieux et délictueux,
Si j'étais Yeza, je serais la fraîche Alice à travers le miroir, je serais l'étrange portrait de la jeune fille à la perle, qui me ferait tressauter en me décochant un regard à réveiller un mort,
Si j'étais Julia, je serais un tango latino enchanteur et nostalgique,
Si j'étais Georges Beckett, je taguerais les murs des toilettes de mes mots croc-en-jambe, je publierai un blog entier d'historiettes à lire d'une traite, à en écarquiller les yeux, à cause du reflet multifacettes et lapidaire de mes nouvelles,
Si j'étais Bryan V, je noierais ma peine dans le brio d'une fusillade effrénée à travers l'hôtel Loyal, une sombre affaire de famille,
Si j'étais Thomas Toledo, je verrais chacun de mes paragraphes (hauts en pamplemousse vitaminé) fidèlement phagocyté jusqu'à l'absurde par les huclains, loyalement concurrencés en cela par les ouvriers de la DDE,
Si j'étais Viviane, Nessim ou Frédérique Panassac, je ne manquerais guère de malice à passer la frontière et m'aventurer vers d'autres cieux, en véritable curieux,
Si j'étais Effect, je serais Monsieur Betty, bouquiniste à ses heures, un brin bougon, qui n'aurait d'yeux que pour sa belle,
En bref si j'étais vous tous, oui-da, que je ne suis pas,
Ma plume courrait pour votre bonheur
Et l'on ne pourrait m'attraper.
Mais je ne suis que moi, petite fantaisie du soir,
Et il me faut semer, patienter,
Dans la main, mon arrosoir,
Dans l'autre mon terreau de patience.
Si je suis moins prolixe,
prenez-en de la graine, mes doux amis,
je ne vous boude pas, je sème,
et j'attends.
Que se débroussaille ma fiction,
Que se réécrive mon feuilleton,
Que se renforce mon avorton,
Que se travaillent la nuance, le verbe et l'oxymoron.
Alors, ne partons pas fâchés, souhaitez-moi bien du courage, de la transpiration, pour y parvenir.
En attendant, je viendrai vous lire,
Elargir mon horizon
aux anciennes et nouvelles amitiés de plume,
et regardez,
comme à vous tous vous formez ce moelleux édredon qui est de mes journées le moment le plus ouaté
et j'espère, un de ces quatre matins, vous publier mes billets.
Oui je prends le train après la guerre mais paraît que ça reste le train, malgré tout. Juste pour te dire merci et puis aussi, que quelque part, on peut espérer qu'à te croiser moins tu vis plus densément. Et c'est une juste compensation. Bon courage, bon heur (oui en deux mots ça se fait plus mais c'est comme les trains finalement) et bon chemin.
· Il y a environ 8 ans ·thib
Merci l'ami, oui bon heur ce serait "fare well", exactement, merci pour ces souhaits que j'emporte avec moi, pour ne pas les laisser vains j'espère.
· Il y a environ 8 ans ·fionavanessa
merci Fiona. Je suis très touchée que tu commences avec moi. Je regrette de ne pas t'avoir lu avant, mais tu sais pourquoi. D'ailleurs aujourd'hui c'est presque la première fois que je m'assois devant mon ordinateur. Ce que tu écris est toujours aussi joli, et plein de talent. Quoi que tu écrives, la longueur de tes textes est toujours la même, ton souffle comme comme un ruisseau et termine comme un torrent. Tu bois la vie des autres et tu leur offres ton sens de l'observation extraordinaire. Nous sommes tous des chainons d'un même amour des mots, de la vie, et des gens qui l'habitent.
· Il y a plus de 8 ans ·elisabetha
Je commence par toi comme je commence souvent mes lectures sur ce site par toi, et thib, et quelques autres chers à mon cœur. Oui, j'ai beau vouloir faire concis, ne pas en rajouter, je sais que cela te parle, il semble que sous ma plume serpente un filet de chemin qui s'allonge, qui s'allonge... Sur un autre site je n'ai pas pu être publiée parce que mes poèmes étaient soi-disant trop longs. Je m'en contrebalance. Ici au moins, ce n'est pas ce qui compte !;-)
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
Impressionné par ton écriture une nouvelle fois. Par l'aisance que tu sembles avoir pour que tes phrases soient au maximum de leur potentiel en travers de ces petits hommages. Et je suis très touché d'en faire parti. Merci!
· Il y a plus de 8 ans ·Bryan V
Je me suis régalée à l'écrire, sincèrement, merci de votre passage car bien sûr il n'a de sens qu'en étant reçu par ses destinataires.
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
Une farandole de mots comme des drapeaux de prières suspendus dans les airs pour que le vent propage leurs messages. C’est ainsi que je t’envoie mes ondes les plus positives pour la réussite de ce qui tu vas entreprendre. Et pour le reste aussi. Make your dreams come true ! On espère tous te croiser à nouveau. Good bye Fiona :)
· Il y a plus de 8 ans ·erge
Ton commentaire m'a fait songer à une musique que j'affectionne, alors je l'ai ajoutée, en bonne Celte, c'est un simple farewell, un bonne route pour le voyage, et pas un vrai Goodbye ! merci Erge !
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
Merci Fiona, quelle élégance ! So british.
· Il y a plus de 8 ans ·Profite et fais nous lire ce que tu vas récolter dès que ça te prend.
Moi, je profite d'être sur ce texte plein de bonnes ondes pour souhaiter un bel été aux plumes de notre cour de récré ;-)))
julia-rolin
Heureuse que austylonoir t'ai placée au milieu de nous, j'allais le faire. merci pour ta présence toujours bienveillante. Il y a beaucoup de chaises sur ma terrasse, et toujours une pour toi. Régale toi à écrire et reviens nous chargée de mots. Bises Fiona
· Il y a plus de 8 ans ·carouille
Belle marque d'empathie ! Amicalement.
· Il y a plus de 8 ans ·yl5
fallait pas te fatiguer Fiona. Juste écrire que je suis le meilleur. ;-)
· Il y a plus de 8 ans ·petisaintleu
Simply the best ! ;-)
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
il se met à la chanson maintenant PSL ?
· Il y a plus de 8 ans ·erge
bah c trop jouli moi j'aime beaucoup et je trouve tes portraits de nous autres tt à fait judicieux pour ceux que je lis, bravo fiona, je voulais le faire quasi pareil ya qq temps j'avais pas osé, bon bah faut que je trouve un autre axe mais of course tu seras inside :)
· Il y a plus de 8 ans ·Christophe Paris
mais fais, ce sera forcément différent !
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
Merci beaucoup et j'attends tes billets avec impatience !
· Il y a plus de 8 ans ·ade
N'y a pu qu'à !
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
;-) zouh courage et belle réussite à toi
· Il y a plus de 8 ans ·ade
Merci douce Fiona, ta sensibilité rejoint la mienne... éternellement à fleur de peau ... touchée ...non seulement par cette si belle et tendre analyse, mais aussi par ton incontestable talent, tes analyses toujours pertinentes ... et ta tolérance
· Il y a plus de 8 ans ·marielesmots
merci pour toutes ces bonnes idées et ta générosité dans les nuances
· Il y a plus de 8 ans ·elisabetha
touchée.. merci mamzelle, pour ta toujours si juste sensibilité.
· Il y a plus de 8 ans ·ellis
Conclure une si belle affaire, j'en suis flatté !
· Il y a plus de 8 ans ·A bientôt de te lire, Betty.
effect
Mais c'est magnifique tout ça ! Bravo fiovanessa. Je retiens particulièrement le billet sur elisabetha, c'est bien elle, une larme...tel un flocon qui se dépose en douceur sur l'herbe...
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Merci louve, c'est une larme très brillante.
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa
Quant à Fiona, du moins telle que je l'ai comprise, c'est une écriture qui prend ses racines dans quelques blessures anciennes, du genre de celles qui vous forment à la vie qui et vous donnent l'empathie d'atteindre les autres. De celles aussi qui font l'enfant mature. Une écriture qui peut offrir de l'émotion, sans jamais l'exagérer et une ouverture sur les autres qui ne sait pas discriminer.
· Il y a plus de 8 ans ·austylonoir
Merci, voilà ma plume qui danse avec les autres !
· Il y a plus de 8 ans ·fionavanessa