Une journée ordinaire
cecile-g
Cette journée semble ordinairement glauque et triste, je me traîne grisonnante un dimanche matin.
Regardant par la fenêtre, (assise dans le RER), cette journée gronde cette teinte cendrée et morne. Celle-ci rumine son requiem destructeur. Des stridents bourdonnements de la roue grinçant à l’encontre du rail m’empêchent de somnoler. L’agitation extérieure sanglote étouffée contre les vitres. Cette animation inharmonieuse sanctifie ce germe silencieux et obstiné que je perçois sommairement, épuisée.
Se dévoile à mes prunelles embuées un amas de demeures quelconques. Ces carreaux…une suite de scènes insignifiantes.
Cette solitude me préoccupe, m’envahit. Cette détresse invisible me ronge. Au bord des larmes, surgit un détail incongru, un ornement d’une façade qui exalte en moi une lueur. Oui, dans l’obscurité de mon âme, survit un phare parmi ce vide cosmique obscur. Cette lueur jaillit soudainement de lui, à la vue de choses fascinantes, étranges ou simplement belles et délicates. Ce rayonnement détonne dans ce monde oublié. Ce sillon lumineux remémore l’innocente curiosité enfantine perdue dans mon abyssale essence. Dès lors, une envie foudroyante de vagabonder dans ces décors à la recherche du rien, de la libre expression de ma pensée foisonnante, déboule. Contempler, élaborer, méditer peut mener à une multitude d’idées arborescentes, inépuisables, par conséquent anxiogène.
Tout « naturellement », je suis paralysée sur mon siège, me dissimulant aux regards des voyageurs. J’épie l’avalanche des tableaux qui défilent sous mes yeux. Présentement, je songe… seule escapade possible.
Lorsque la croyance trouble le scepticisme, le scepticisme, la croyance ; les rêves conscients s’emboîtent, s’entrechoquent dans une cohue criarde, souffrante. Mon esprit succombe à l’immobilisme insoutenable.
Un rocambolesque destin décomposé. Au triste jour ténébreux, le silence convoitait, ne vint. Je cognais ma tête contre cette vague immense, indomptable, invincible. Cogner afin d’oublier la douloureuse mélancolie, ce râle épuisant soufflant dans mes méninges, inlassablement.
Oui c'est une découverte Trajet du dimanche à travers un paysage glauque et puis l'imaginaire ....Lumière (s) ! Beau voyage ! Merci Mathieu et bravo Cécile !
· Il y a environ 12 ans ·theoreme
il y a toujours une lueur quelque part qui nous attend...
· Il y a environ 12 ans ·woody
Les premières lignes, ça paraît un peu compliqué, voire difficile à lire... et puis il suffit de se laisser porter et très vite on est subjugué par le charme irrésistible de cette étrange poésie.
· Il y a environ 12 ans ·C'est très fort, j'aime.
Johann Christoph Schneider
Fan de l'ecriture de Cécile, le partage de Mathieu s'est révélé infructueux de mon coté, ayant déjà lu ce texte :) Mais une fois de plus, ça me prouve qu'on a les mêmes goûts sur les talents des autres, et en l'occurrence, le tien, Cécile :)
· Il y a environ 12 ans ·Alice Neixen
Merci Mathieu pour le partage. Il y a un mot que j'aime par dessus tous les autres : "anxiogène". C'est un mot qui me parle particulièrement, et qui s'accorde tellement bien avec les trajets en RER !
· Il y a environ 12 ans ·tromatojuice
oui vraiment un texte fort bravo
· Il y a environ 12 ans ·christinej
Je suis charmé! Bravo et merci pour le partage.
· Il y a environ 12 ans ·Frédéric Cogno
c'est fort !
· Il y a environ 12 ans ·la-vie-en-rose
Vraiment beau texte, qui nous emmène sur les rails d'une écriture très originale ! Merci du partage
· Il y a environ 12 ans ·nilo
un sujet bien mené et bien écrit
· Il y a environ 12 ans ·je te joins un de mes textes :
un dimanche, les trains, la solitude et la tristesse .. puis deux voies différentes
ristretto
Oh que oui!C'est d'une qualité extra-(ordinaire...)
· Il y a environ 12 ans ·yan--2
Décidément et définitivement fan de la plume. Merci. Coup de coeur illico ! Et partage dans la foulée !
· Il y a environ 12 ans ·Mathieu Jaegert