Vénus

Sa tête légèrement inclinée,
Un sourire sibyllin sur ses lèvres ébauché.
Sa main, repose nonchalante,
Sur un petit sein dressé.
Souvenir d'une nuit d'amante,
Réalisée ou peut-être rêvée ?
A quoi pense-t-elle, ainsi immobile ?
Les hommes la contemplent, extasiés,
Mais elle les ignore, aussi ardents soient-ils.

De longs cheveux enveloppent son corps,
Pour cacher son intimité du décor.
Sa main rapproche ce long manteau soyeux
Des autres qui la dévorent des yeux.

La douce courbe de ses hanches,
Attire la main qui se penche.
Mais personne ne peut l'atteindre
Ni ne l'entendre geindre.

Les voyeurs, étonnés par sa mélancolie
Qui sait juste la rendre plus jolie,
Arrêtent leurs gestes lourds,
Et les rend beaucoup plus tendres.

Elle reste dans l'ivoire de sa tour
Tournée en elle sans rien entendre.
Quels rêves errants parcourent son cœur ?
Sa nudité exposée lui fait parfois peur,

Impossible de cacher son corps aux regards.
Le manteau inaccessible qu'on lui tend,
Rend plus difficiles les écarts
Des yeux glissants et brûlants.

Parfois, pourtant l'un semble différent
Pourrait-il être l'ami manquant
A la tristesse de sa vie ?

Malgré son inavouable envie,
L'ami rêvé finit par disparaître,
Sans pouvoir son cœur repaître.

Le soir, enfin, elle reste seule,
Soulagée et déçue à la fois.
Demain, tout recommencera s'ils le veulent,
Leurs regards discourtois, grandissent son désarroi.

Impossible de quitter l'avant-scène
De là, lui vient parfois de la haine
Pour ce peintre qui rêva sa naissance !
Avec quelle aisance et assurance,
Apparu Vénus, nue sur un coquillage
Pour elle impossible de quitter ce rivage.

Longtemps, pourtant, son air de sirène bohème,
Poursuivra les dormeurs dans leurs rêves éphémères
Son visage d'ange qu'éclaire une lumière
Gardera à jamais ses secrets, enfouis en elle,
Condamnée à la jeunesse éternelle