Cara mia ... Féerie post-romantique

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Scénario, écrit dans le cadre d'un concours. Le concours n'ayant pas été gagné ce texte est devenu un carcan, au sens ou l'entend Pierre Michon : " Pour moi tout scénario préétabli est un carcan, et même quelque chose qui empêche d'écrire : si c'est déjà fait, eh bien, c'est fait. Ce n'est plus la peine de le faire. Le sens doit vous tirer en avant, sans que vous sachiez exactement ou il va...". ( Pierre Michon,"Le roi vient quand il veut" Propos sur la littérature, Albin Michel ).

Cet essai n'aura donc pas de suite sous la forme prévue initialement 

 

Cara mia … Féerie post-romantique

Avertissement : Toute coïncidence de ce récit irréel avec le théâtre mental du lecteur, son cinéma personnel ou roman intime, ne saurait être fortuite.

 

Synopsis :

I.

Hanté par le désir amoureux, Charlot nourrit son imaginaire de contes de fées et de films pornographiques. Il se prend pour le prince devant les charmes duquel toute princesse devrait fondre. Mais, hors une mythique idylle avec sa maman, il tremble devant les femmes et l’amour. Il attribue sa terreur à un sort qui lui a été jeté, à sa naissance, par la fée Carabosse.

Sa crainte grandit avec lui.

Aussi, au fil de ses lectures et séances de cinéma, s’épuise-t-il à  se conforter de mâles certitudes. Avant d’entreprendre la conquête d’une Dulcinée à sa mesure, il se construit un système de défense inspiré par « La Barbe Bleue » de Charles Perrault. Il forge, au fer rouge de son intellect, la capacité de se débarrasser instantanément d’une femme. A la moindre alerte, il la jettera dans son cabinet noir. Ainsi armé, il part à la rencontre de sept créatures féminines, aussi différentes que séduisantes.

Dans cette première partie s’exprime le seul point de vue d’un homme que l’angoisse, sur fond de naïveté ou de vanité, amène à réduire ses « conquêtes » potentielles à l’image fantasmatique qu’il s’en fait.

A Clotilde, belle et sensuelle, Charlot ne sait proposer que les codes du ciné porno. Il ne peut supporter l’intelligence critique d’Estelle. Les petits plats d’Armande révèlent son anorexie affective. Le dynamisme social de Colette le bouscule. De la vive spontanéité de Prisca il ne retient que ce qu’elle lui coûte. Il cherche chez  Séverine  l’indulgence sans bornes que lui témoignait sa maman. Il ressent l’attachement passionné de Josiane comme une entrave à sa liberté.

Chacune de ses aventures se solde par un échec cuisant et le recours à sa stratégie d’élimination. Il se retrouve bientôt seul et désespéré.

II.

C’est alors qu’il rencontre Cara, véritable fée semble-t-il. S’il parvient à l’écouter, il trouvera son bonheur. Ses sept victimes, grâce aux pouvoirs, apparemment magiques, de sa nouvelle compagne, ressuscitent.

Dans cette deuxième partie on découvre, en contrepoint du récit de Charlot, l’homme tel qu’il a été vu et la relation telle qu’elle a été vécue par ses sept « conquêtes ». Narration obligatoirement « mauvais genre » puisqu’elle s’oppose aux clichés réducteurs dans lesquels les Charlots « bon genre » enferment le sexe opposé pour conjurer leurs peurs.

Au cours de sept « résurrections », malicieusement orchestrées par Cara, les yeux de notre Barbe Bleue se dessillent. Il n’était ensorcelé que par ses propres visions. De choc en choc, il découvre qu’une compagne tendre, partenaire intellectuelle et artistique exigeante, active socialement, primesautière sans préjugés, réaliste et amoureuse est ce qu’il désire vraiment.

III.

Au final, on découvre que les sept femmes n’étaient qu’une seule et même personne : Cara. Elle n’avait pris ces diverses apparences que pour éprouver Charlot. Il lui plaisait beaucoup mais elle savait une chose : elle ne pourrait l’aimer que s’il parvenait, rasant sa barbe bleue sans pour autant se croire castré, à changer le regard qu’il portait sur la gent féminine.

Carabosse, débarrassée de la bosse pleine des fables dont l’affublait notre Charlot, peut enfin être simplement Cara pour Charly (elle préfère l’appeler ainsi), devenu homme capable d’aimer. Et peut-être, conclut-il : « Cara mia, l’amour de ma vie ».

   

 

Début du texte 

Prémices

Je rechigne à grandir. Je pense que du côté des gonzesses, à part Maman qui m’adore, ça va être la galère. Je sais qu’une sorcière œuvre à me nuire. Sa bosse est pourrie de maléfices. Elle  s’introduit subrepticement dans la tête de toutes celles qui me font bander. Pour qu’elles me rejettent. Et me rendent impuissant. Je le sens. La menace vient d’un enfer mystérieux mais bien réel. Vous ne croyez pas aux fées ? Encore moins à celles qui seraient maléfiques ? Vous ne connaissez pas Carabosse. Heureusement que Maman m’a averti.

Ne t’en en fait pas, Maman, je me défendrai ! Charles Perrault m’aidera. Heureusement, j’aime les contes de fées et les films hard. Ceux des autres, bien sûr, mais surtout les miens. Je me les raconte et me les projette sans cesse. Je suis Bite d’Or, le prince du plumard. Les princesses les plus merveilleuses se pâment comme de vraies putes sous ma braguette magique. L’horrible sorcière est jalouse. Je sens son ombre tordue, à l’affût derrière moi. 

Aussi, après m’être teint le poil en bleu, « c’est très joli » m’a dit Maman, j’ai construit, dans ma tête, un cabinet noir. Dans ma tête seulement, mais implacablement. C’est ça l’astuce ! Sept places comme dans le conte. Une serrure de haute sûreté. Et ma petite clé, rien qu’à moi. Barbe bleue hérissée, trique frémissante, je suis maintenant armé pour les rencontres amoureuses. Qu’elles viennent !

                                                                                                                                                

Clotilde

Que Clotilde est belle ! Si animale ! Je la rencontre par hasard. Je lui raconte quelques salades et je l’emmène chez moi. Je passe à l’acte tout de suite. Elle vachement surprise, scotchée.

Mais quoi …avec tous les films que j’ai vus, je crois que je sais y faire pour emballer les nanas. Trop énervée elle me dit : « Attention ! Ne déchire pas mes fringues ! »  Je lui réponds : « On s’en fout, mon ange ! » Et j’y vais. Un prince doit être sûr de lui. Nom de Dieu ! Un geste musclé : je fais sauter les boutons du chemisier. Je palpe : ça c’est du tendre ! Wouhahou, ces seins ! Et c’est  moulé dans la broderie. Je casse le sous-tif et je lèche. Quand je l’ai rencontrée j’ai pensé qu’elle était mannequin chez Aubade. Eh bien c’est vrai, je ne me suis pas trompé ! Jupe arrachée, vite fait, dès que j’ai vu la courbe de ses fesses, le lacet du string quasi invisible, j’ai reconnu l’affiche. Je savais qu’un jour je me la ferais ! Que je lui boufferais le cul, à l’affiche. Les mollets et les cuisses aussi. C’est ferme ça, appétissant ! Ces hanches qui se balancent. Ça va swinguer ! Et ces yeux qui tuent. C’est du charme profond de biche ou de vache. Hou ! Ça miaule, ça bêle !  Humide soumission de chatte sauvage.  Provocations de chèvre rebelle. A dompter. Elle bat des cils, comme Betty Boop. Elle grogne. C’est clair ça : elle en veut. J’accroche une poignée de ses cheveux, je tire. Elle ouvre la bouche pour crier. Je mets mon truc dedans. Je hurle : tu aimes ça, hein, tu aimes ça ! Dis-le ! Je m’enlève, elle bave, elle crache. Ses minauderies réticentes m’excitent. Sa peau me catapulte J’attaque en vrai mec.

Ah si maman voyait ça ! Pétrir  ou griffer sa fesse galbée, triturer ou croquer n’importe où dans sa viande, peu importe. La cogner ? Oui ! Ah la cochonne ! Elle le voudrait. Elle ne le sait pas mais elle le voudrait, c’est sûr. Elle met en rage la paume de ma main. Et le bout de mes doigts. Même tout mon corps. Çà c’est du sexe ! Mieux que tout ce que j’ai vu au ciné. J’écarte l’élastique du string. Puis ses jambes. Je lui pince le clito en passant. Je la bourre.   Son con reste sec. J’y enfile et renfile ma queue. Elle me refuse son plaisir, la salope. Ça, ça va changer ! Je la retourne et je l’encule. Je veux ses spasmes. Je m’acharne à la lui faire sentir : Verge d’Or, c’est moi ! Sacrément rigide ma rage. Il y a au moins trois minutes que ça dure. Je vais jouir. Je l’enlace furieusement, je la fais tourbillonner. Elle gueule fort, si fort : «  J’ai mal ! ». Je jubile, j’explose : extase cosmique !

Et c’est là que la fée frappe, elle est maligne. Elle efface un mot, puis un s. Le mot et la consonne s’évadent de la tête de Clotilde. Comique ! Soustraction sournoise juste pendant que je giclais. Carabosse a fait de mon ange une mauvaise bête. Ça y est ! Elle pleurniche. Elle se tortille comme une chienne battue sous mon foutre qui dégouline. Secouée de gémissements. Les soubresauts de son corps, tout d’un coup vulgaire, me dégoûtent. Un voile stupide l’enveloppe. Je ricane. Ses yeux bovins sont habités de je ne sais quelle supplication. « C’est à mourir de rire… », hoquette-t-elle en chialant. Elle ne croit pas si bien dire ! Clac ! La porte du cabinet noir s’est refermée sur ma première rencontre.

Extrait indicatif :

Suit le récit des relations avec Estelle, Armande, Colette, Prisca, Séverine et Josiane telles qu’elles sont vécues par le narrateur et, ci après la conclusion de la première partie :

Je suis seul, moi aussi dans le noir. Mon propre cabinet noir ! Ne le dites à personne, je pleure. Mât en berne. Sept cadavres me tiennent compagnie. J’entends, en écho à l’infini, un rire sardonique : « A ton tour ! Prince de la bite en toc ! Fausse Barbe Bleue !». J’appelle : « Maman ! » Personne ne me répond. Je suis perdu dans un cauchemar : un vieil ectoplasme femelle, glacé, se colle à moi. Je sens sa bosse visqueuse. Carabosse me crache sirupeusement dans l’oreille : « Touche ! Tâte ! Ca porte bonheur !» J’éructe, dégoûté : « Cara ! Fuck !…Saloperie ! ». Elle insiste. Impossible de la jeter, elle : elle m’a piqué la clé !

                                                                                                                                                  

            

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