C'est Mozart qui assassine.
Alinoë
Requiem pour un tueur : C’est Mozart qui assassine…
La musique retentissait dans la grande salle d’opéra, enveloppant le public de ses bras. Tous semblaient subjugués, comme hypnotisés par cette mélodie pour la première fois dévoilée. Chaque note choisie avec soin, transportait avec elle une vague d’émotions qui submergeait peu à peu l’auditoire.
Sur scène, un seul homme face à son piano, en transe et les yeux clos, caressait avec agilité les touches vernies de son plus vieil ami. Ne faisant qu’un avec lui, il lui dévoilait ses craintes et ses ennuis, donnant alors naissance à cette cruelle mélodie.
Lorsque la dernière note retentit, nul n’osa bouger comme si le moindre frémissement pouvait briser ce moment unique, chacun des accords raisonnant encore dans leurs esprits.
Le jeune homme laissa doucement glisser ses mains jusqu’à ses cuisses, ouvrant lentement les yeux sur le piano à queue. Dans le plus parfait des silences, il se leva et, sans lâcher des yeux le sol, salua.
Personne encore n’avait bougé. Deux hommes vinrent pourtant perturber cette solennité. Tout de noir vêtus tels des croque-morts, ils grimpèrent les quelques marches menant à la scène et, après l’avoir soigneusement menotté, l’entrainèrent loin de son fidèle allié. Son regard semblait perdu et apeuré.
Ils quittèrent la salle dans un silence glacial. De l’autre côté des lourdes portes ouvragées l’attendait, faisant les cent pas, celle qui l’avait élevé. Bien que Miss Stanton ne l’ait pas mis au monde, on pouvait lire dans son regard une détresse profonde. Elle aurait voulu le protéger de tout cela, lui éviter ses faux pas.
Dehors, les journalistes extrapolaient déjà devant leur caméra, dépeignant sans vergogne le Mozart assassin. Il ne leur avait pas fallut longtemps pour sortir de leur trou à l’annonce de l’arrestation. Depuis des mois, l’affaire défrayait les chroniques et tous les journalistes de la ville étaient sur le qui-vive, espérant bien décrocher un scoop.
Aujourd’hui, il était là, au bout de leur plume, n’attendant plus que d’être écrit. L’assassin venait de jouer sa dernière mélodie.
***
Julian était seul à présent face à ses questions. Il ne cessait de se demander ce qui avait bien pu l’amener ici. Pourquoi l’avaient-ils arrêté ? Pourquoi voulait-on l’enfermer ?
Ne parvenant pas à se fixer, son regard voyageait entre une table et deux chaises solidement fixées au sol, un néon grésillant pour seule lumière et la porte résolument fermée.
Il n’était que partiellement libre de ses mouvements. Son poignet droit était encore relié par les bracelets d’acier à l’accoudoir de son siège. Ses doigts, malgré lui, continuaient de jouer comme s’ils étaient libres de son contrôle.
Il se sentait épié et n’aimait pas cette sensation. Il étouffait. Depuis son arrivée, il avait soigneusement évité de la regarder, cette grande vitre teintée. Il savait pertinemment que de l’autre côté les agents ne cessaient de l’observer.
La porte s’ouvrit doucement. Une femme apparut dans l’encadrement arborant un sourire qui se voulait rassurant.
Julian l’observa un instant en évitant soigneusement de croiser son regard.
Après avoir précautionneusement fermé la porte, elle vint s’assoir face à lui. Elle déposa sur la table un verre d’eau et devant elle un dossier.
Il ne le prit pas, fixant résolument ses doigts qui s’agitaient toujours.
« Je suis l’agent Conelli », commença-t-elle calmement. « Julian – c’est bien ça ?- sais-tu pourquoi tu es là ? »
Le jeune homme ne répondit pas. Elle l’observait. Il n’aimait vraiment pas ça, pas quand elle le regardait comme ça, avec pitié.
« Bien. », reprit-elle sans le lâcher des yeux tandis qu’elle ouvrait la farde cartonnée. Elle en sortit quatre portraits de femmes presque aussi jeunes que lui, à peine lancées dans la vie.
« Reconnais-tu ces jeunes femmes ? » continua-t-elle, ses prunelles bleues cherchant à croiser celles du jeune homme.
Il ne les releva qu’à peine, le temps d’apercevoir les quatre sourires figés à tout jamais sur un papier glacé. Il ne lui en fallait pas plus pour les reconnaître. Comment aurait-il pu oublier celles qui, le temps d’une nuit, l’avaient aimé ?
« Elles ont été assassinées… » Lança froidement l’agent. « D’après nos informations, tu es le dernier à les avoir vues vivantes. »
Elle ne souriait plus à présent.
Il avait relevé les yeux, rien qu’un peu, pour la regarder de biais.
Elle ne savait que penser. Il n’avait rien d’un meurtrier bien que ses années d’expériences lui aient appris à ne pas se fier aux simples apparences. Si au moins il acceptait de lui parler peut-être pourrait-elle l’aider ou au moins comprendre ce qui avait bien pu se passer.
La porte s’ouvrit à la volée. Un jeune agent entra à son tour, tenant une grande enveloppe brune. Il n’était pas très musclé, constata Julian. Il fit quelques pas dans la pièce et tendit l’enveloppe d’une main peu assurée à l’agent Conelli.
« Ce sont les analyses que vous avez demandées. »
Julian ne put s’empêcher de remarquer les tremblements dans sa voix.
« Merci. » se contenta-t-elle de répondre. « Vous pouvez disposer. »
Elle n’avait pas quitté Julian des yeux un seul instant.
L’agent ne se fit pas prier. Il sortit de la pièce en quatrième vitesse.
Après un rapide coup d’œil aux nouveauxéléments du dossier, tous ses doutes semblaient dissipés. Dans son regard, plus aucune pitié. Juste encore une pointe d’incompréhension. Et pourquoi évitait-il ainsi de la regarder ?
« Si tu n’as rien à me dire, je pense qu’on en a fini. » Dit-elle en refermant la farde cartonnée. « Tu seras transféré dans une prison d’état dans l’attente de ton procès pour meurtre. »
Elle avait lancé ces mots comme ça, calmement, sans sourciller. Elle savait pertinemment que la peine de mort serait appliquée pour venger ces quatre vies volées. Et même si tout son être lui criait de rester, son âme et sa conscience ne pouvaient oublier l’atroce spectacle qui leur avait été infligé lorsqu’elle avait découvert le corps sans vie de ces quatre jeunes filles.
Elle le croyait donc coupable ? Pourquoi ? Comment pouvait-elle penser ça? Le sang de Julian ne fit qu’un tour.
« Je ne les ai pas tuées ! » se mit-il à hurler. « Pourquoi j’aurais fait ça ? Je les aimais, moi ! »
Il aurait voulu la regarder, lui prouver qu’il disait la vérité.
« Pourtant, tout indique que c’est bien toi. » dit-elle sans pour autant se retourner, la main déjà posée sur la poignée. « De tes empreintes sur les murs au sang retrouvé sur tes vêtements, dans ton appartement. »
« Non ! » hurla-t-il encore. « Revenez ! Puisque je vous dis que je ne les ai pas tuées ! Regardez-moi ! »
Un bruit la fit se retourner, un craquement sourd lorsque la chaise avait cédé. Dans sa colère, il venait de l’arracher. Elle le regardait à présent, il devait lui parler.A nouveau, il n’osait pas la regarder. Il se contentait de crier.
« Je n’ai passé qu’une nuit avec elle, chacune d’elle. Rien qu’une nuit. Mais je ne les ai pas tuées ! Je vous le jure ! S’il-vous-plait, ne les laissez pas encore m’enfermer ! Je le saurais si c’était moi ! Comment aurais-je pu oublier ça ?»
Il n’aurait pas pu les tuer ni même leur faire le moindre mal. Il les respectait trop, les aimait trop. Il les avait touchées, parfois même caressées. Certaines l’avaient juste écouté, d’autres l’avaient aussi aimé. Juste une nuit, juste une fois, juste comme ça. Après, elles n’avaient pas rappelé. Après, elles l’avaient oublié. Il ne leur en voulait pas.
Il se souvenait de leurs sourires, de leurs voix, de leurs peaux si douces sous ses doigts. Il se rappelait sans peine de leurs ébats dans l’intimité de leurs draps.
Il s’était ensuite réveillé chez lui sans même se demander pourquoi.
Son père aussi l’avait accusé avant d’être exécuté. Il avait toujours démenti avoir assassiné celle qu’il avait aimé. Il disait que c’était lui qui l’avait tuée, son propre fils. Personne ne l’avait écouté.
Julian avait pleuré.
C’était cette année là qu’Elle lui avait apprit à jouer « Lacrimosa».
***
Seule dans son bureau, la tête entre les mains, l’agent Conelli tentait de retrouver son calme.
Il aurait pu la tuer, ou au moins chercher à s’évader. Pourtant, il n’avait pas bougé. Il s’était contenté de clamer son innocence, essayant en vain de la convaincre. Il s’était énervé, agité, comme un enfant qu’on viendrait de gronder injustement bien que tout l’accusât.
Arriva alors celle qui l’avait élevé qui, en quelques mots, à peine entrée, l’avait calmé. Elle était habituée. Elle les avait prévenus pourtant. Elle disait qu’il était particulier mais qu’au fond, c’était un gentil garçon. Il avait juste du mal à communiquer. Elle n’avait d’ailleurs pas voulu le croire quand ils étaient venus pour l’arrêter. Et puis, ils lui avaient expliqué. Elle s’était résignée.
Malgré toutes les preuves, Conelli ne pouvait s’empêcher de douter. Elle parcourut une nouvelle fois le dossier. Quelque chose devait lui échapper. Un indice qui expliquerait ce qu’il s’était passé, pourquoi il les avait tuées.
D’après le rapport, elles avaient toutes été retrouvées par la police, elle-même appelée par les voisins pour tapage nocturne. Dans chacun des appartements, ils avaient découvert la même scène atroce. Les jeunes femmes avaient été tuées dans leur sommeil avec une violence telle qu’ils avaient peiné à les identifier.
Au mur, avec leur sang, l’assassin avait écrit sa dernière mélodie. Et, comme pour souligner l’horreur, résonnait encore dans chaque appartement « Lacrimosa » de Mozart.
Une fois de plus, elle observa les clichés des murs ensanglantés. Ces notes ainsi tracées n’étaient autres que celles que Julian avait jouées ce soir. Elle ne parvenait cependant toujours pas à comprendre pourquoi. Il devait bien avoir un mobile, une raison qui aurait pu le pousser à les massacrer de cette façon.
C’est alors qu’entra dans le bureau sans même avoir frappé, une demoiselle bien décidée. Derrière elle, tentant de l’arrêter, suivait le jeune agent paniqué.
« Mademoiselle ! Enfin ! Vous n’avez pas le droit de… Excusez-moi, agent Conelli… J’ai bien tenté de l’arrêter mais… »
« Vous avez échoué. » conclut-elle sèchement. « Et bien ? Qu’attendez-vous, agent Stone ? Allez donc me chercher un café ! »
Elle se tourna ensuite vers la demoiselle qui s’était déjà installée face à elle.
« Que puis-je pour vous, mademoiselle … ? » demanda l’agent sans détour.
« Harts, Julia Harts. J’ai entendu dire que vous aviez arrêté un de mes amis, Julian. » Dit-elle rapidement, encore essoufflée.
« Et ? Vous allez me dire qu’il est innocent ? »
« Oui ! Evidemment ! » s’écria la jeune fille.
«J’aimerais vous croire… Pouvez-vous seulement le prouver ? » Répondit-elle, après s’être empressée de refermer le dossier.
Au fond, elle priait pour que la jeune femme dise vrai, qu’elle puisse confirmer ses doutes.
« Mais je le sais ! » continua Julia sans se démonter.
« Vous m’en direz tant… »
« Je connais Julian depuis qu’il est né. Je sais qu’il est un peu bizarre mais c’est quelqu’un de gentil. »
« Et quand l’avez-vous vu pour la dernière fois, vous qui êtes si liés ? »
« Et bien… » Reprit la demoiselle avec hésitation. « Ca remonte à loin déjà MAIS je sais qu’il n’aurait jamais fait ça ! Il ne ferait pas de mal à une mouche, encore moins à une femme. Il arrive à peine à leur parler depuis… »
Elle ne termina pas sa phrase comme si elle s’apprêtait à révéler un secret qui n’était pas le sien.
« Depuis ? » Encouragea Conelli, à présent intéressée.
« Depuis qu’elle a été assassinée…sa mère… Vous n’avez pas ça dans votre gros dossier ? Ils ont dit que c’était son père qui l’avait tuée.»
«Continuez… » Se contenta de répondre Conelli, contrariée de ne pas l’avoir vu mentionné parmi tous ses papiers.
« Et bien, après ça, il a emménagé chez sa voisine, Miss Stanton. Ses parents l’avaient engagée pour les aider. De ce que je sais, elle était psy même si elle ne pratique plus. Il n’avait que dix ans à l’époque…»
« Et après… » Renchérit l’agent en espérant un peu plus.
« Après, je l’ai plus jamais croisé. Mais vous devriez savoir ça aussi non ? Julian ne venait plus à l’école, il ne sortait même plus de chez lui… Enfin, je ne l’ai jamais vu. Et pourtant j’habite juste en face. J’ai appris il y a quelques jours seulement qu’il avait emménagé seul en ville… »
Julia parlait avec empressement, ne laissant à l’agent que peu de temps pour répondre. Elle ne pouvait et ne voulait tout simplement pas y croire.
Elle se souvenait du petit garçon renfermé qu’il était. Il n’aimait pas parler. A longueur de temps, il pianotait comme si dans son esprit en permanence un piano jouait. Ils avaient ainsi passé de longs moments ensemble, en silence. Elle l’aimait bien. Il était différent des autres.
Il ne se moquait pas d’elle, de sa façon de s’habiller, de ses baskets trouées. Il la faisait rire à marmonner tout bas, évitant toujours de la toucher ou même de la regarder.
Avant que Conelli ne puisse poser plus de questions, l’agent Stone refit son apparition, une tasse de café dans une main et quelques papiers dans l’autre. Il déposa les deux sur le bureau et s’éclipsa sans demander son reste.
Dans l’agitation du commissariat se mirent à résonner doucementles premières notes de « Lacrimosa ».
Julia ne bougeait pas, attendant avec impatience la poursuite de l’entretient.
Après avoir bu une gorgée, Conelli jeta un regard rapide aux papiers qu’on venait de lui apporter. Avant chacun de ses meurtres, le même numéro avait appelé Julian, celui de Miss Stanton pouvait-elle lire sur les relevés.
Son sang d’un coup se figea. Son estomac se noua.
Elle se trouvait en ce moment seule avec lui.
Les notes percutèrent enfin ses tympans.
Sans vraiment comprendre pourquoi, Conelli lâcha subitement la tasse encore remplie et les papiers qu’elle tenait entre ses mains avant de s’élancer en courant vers la salle d’interrogatoire suivie de près par la demoiselle. Elle courrait à en perdre haleine sans prendre la peine d’alerter qui que ce soit. Il fallait qu’elle fasse vite, elle le savait, elle le sentait. Elle n’avait pas encore vraiment compris pourquoi mais tout son être lui criait qu’il serait bientôt trop tard. Elle ouvrit la porte à la volée libérant un d’un coup à travers les couloirs les notes de Mozart.
Miss Stanton était assise sur une chaise, les bras ballants, baignant dans son sang, le regard vide tourné vers Julian. De sa main inanimée sur le sol avait glissé son téléphone encore allumé. Il diffusait dans la pièce sa macabre mélodie accompagnant les dernières suffocations du jeune homme suspendu par sa ceinture à l’unique néon.
Sans un regard pour la femme déjà morte, Conelli grimpa sur la table pour le décrocher, hurlant de toutes ses forces qu’on fasse venir au plus vite une ambulance.
Au bout de quelques instants de lutte, elle parvint enfin à le détacher. Il s’effondra sur elle de tout son poids.
Elle avait passé ses bras autour de lui comme pour le bercer. Il reprenait avec peine sa respiration. Il n’avait pas bougé, le regard vide, hypnotisé.
« La musique ! » Cria Conelli en direction de Julia. « Coupe la musique ! »
La jeune fille était à présent prise de nausées face au flot sanglant s’échappant encore dans un affreux bouillonnement de la gorge béante de Miss Stanton. Elle restait figée là, paralysée par la peur et le dégout. Elle voyait pourtant la femme s’agiter et Julian suffoquer. Elle avait conscience de devoir agir mais son corps refusait de l’écouter.
L’agent Stone l’écarta vivement et pénétra dans la pièce pour s’emparer du téléphone couvert de sang.
« Stone, coupez cette foutue musique ! » Hurla une fois de plus Conelli.
Sans vraiment comprendre pourquoi, le jeune homme s’exécuta.
La dernière note retentit mais Julian ne frémit pas, allongé sur la table, la tête posée sur les genoux de l’agent Conelli.
Elle pouvait à présent fixer son regard dans ses prunelles ambrées. Elle le regardait. Ca ne le dérangeait pas, pas comme ça.
Il ferma les yeux. Il était fatigué. Il se sentait bien là, dans ses bras. En sécurité comme auprès de sa mère qu’il avait tant aimée.
Il ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait là. Il avait oublié, encore une fois.
Ses doigts s’étais remis à jouer un air que lui seul pouvait écouter, la mélodie de ses pensées.
***
Debout devant la porte vitrée, tenant dans sa main une tasse de café, Conelli observait d’un regard attendri les deux jeunes gens.
Depuis leur arrivée aux urgences, ils ne s’étaient pas quittés. Et même si Julian n’osait pas la regarder, même s’il se taisait pour mieux l’écouter, Julia ne cessait de s’agiter, s’assurant à chaque instant qu’il aille bien et ne manque de rien.
« Comment va-t-il ? » demanda Stone.
Conelli sursauta en entendant sa voix. Perdue dans ses pensées, elle ne l’avait même pas entendu arriver.
Elle lui sourit comme pour s’excuser d’avoir été ainsi saisie.
Il lui rendit son sourire, timidement. Dans ses poches ses mains s’étaient à nouveau mises à trembler.
« De nous tous, je crois bien que c’est lui qui se porte le mieux… Il semble avoir oublié… » Répondit-elle sans même avoir remarqué le trouble qu’elle provoquait en lui.
« Et… Il n’y a pas de risque que ça lui reprenne ? » Enchaîna Stone sans la quitter des yeux.
Elle lui sourit faisant apparaitre au coin de ses yeux bleus quelques rides discrètes.
«Les médecins m’ont assurée qu’il avait été déprogrammé.»
« Si les médecins vous l’ont assuré. » dit-il avec amusement. « Il va être jugé ? »
«Il y a peu de chance. » répondit-elle simplement.
« Vous savez ce qu’ils vont faire de la partition ? »
Elle haussa les épaules pour toute réponse. Qui voudrait encore écouter cette macabre mélodie? Ils allaient sûrement l’enfermer quelque part, la garder précieusement dans un coin, sinistre témoignage de quatre vies sans lendemain. Un jour peut-être ce Requiem sera joué, lorsque le monde aura oublié de quelles horreurs il est né.
« Et pour sa mère ? » continua-t-il.
« On ne saura jamais qui du père ou du fils l’a assassinée. »
Ils restèrent un moment en silence.
« Comment avez-vous compris pour la musique ? » finit par demander Stone qui n’y tenait plus.
Toute la nuit cette question l’avait torturé. Maintenant qu’ils étaient seuls, il avait enfin osé la lui poser.
« Je ne sais pas vraiment… » Répondit-elle après un moment. «Parfois, il faut savoir agir avant de réfléchir. Se faire confiance en somme… »
Il n’en fallut pas plus pour déclencher chez le jeune homme une réaction presque immédiate.
Il se tourna vers elle pour l’embrasser.
A son grand étonnement, elle se laissa faire semblant même un instant apprécier. Il écourta pourtant, soudainement gêné.
Conelli, plus par principes et déontologie que par dégoût, lui gifla mollement la joue.
***
Bien callé dans son lit, Julian fixait obstinément les néons. Toute la nuit il avait assisté impuissant au défilé des blouses blanches. Tour à tour, ils l’avaient examiné, analysé, trituré.
Ils avaient bien tenté de lui expliquer ce qu’il faisait là, ce qui lui était arrivé mais il ne les écoutait pas. Il n’entendait même plus leurs voix. Dans sa tête s’était remis à jouer le piano de ses pensées.
Elle le faisait rire, Julia, à s’inquiéter comme ça. Mais il ne voulait pas la regarder, il était bien trop gêné. Déjà enfant, il la trouvait si belle qu’il n’osait pas lui parler. Il l’aimait bien Julia. Elle était différente des autres.
Elle ne se moquait pas de lui, de ce qu’il pouvait penser, de sa façon de se comporter. Elle pouvait le regarder, ça ne le dérangeait pas, pas avec ces yeux là.
Il l’aimait bien Julia.
Il n’en avait pas rencontré beaucoup des filles comme ça dans sa vie. Il n’avait passé avec elles qu’une seule nuit, comme ça, en passant.
Elles l’avaient aimé et Mozart les avait tuées.
Au fond de son âme jouait encore tout bas les notes de « Lacrimosa ».
(Correction: F. Lachowski)
Belle intrigue psy-réelle! La musique salvatrice ou destructrice... Merci Alinoë!
· Il y a environ 11 ans ·astrov
Merci beaucoup! Il est vrai que la concurrence est rude! Je n'en ai lu que quelques uns, je l'avoue, bien trop prise dans l'écriture d'autres textes... Je manque de temps "comme cette salope de lapin blanc!" (orelsan, changement) Mais j'irai lire le tien, promis! ton écriture me plais et j'ai hâte de voir ce que donne cette nouvelle!
· Il y a plus de 11 ans ·Alinoë
je viens de lire "c'est Mozart qu'on assassine" L'écriture est fluide, il se lit très bien et l'intrigue, pas mal du tout... j'ai lu les textes de presque tous les concurrents et ma foi, ce ne sont pas les idées qui manquent, la concurrence va être rude. J'ai mis les cornemuses du diable en ligne mais il manque la fin... et je vais le relire car il y a des erreurs... Je ne suis pas contente du résultat. J'ai mis des coeurs! Good luck!
· Il y a plus de 11 ans ·yoda
Je suis déjà limite! (J'ai du sucrer des tas de passages... XS Mais j'ai aussi ce goût de trop peut...
· Il y a plus de 11 ans ·Merci en tous les cas d'avoir prit le temps de lire et de commenter! XD
Alinoë
L'intrigue est bien, vraiment! Le seul petit (tout petit) reproche que je pourrais te faire c'est le fait que les actions sont rapides, on passe rapidement d'un évènement à l'autre (notamment avec l'arrivée de Julia). Mais je sais aussi qu'il a un nombre de caractères à respecter donc peut-être que tu ne peux pas en mettre plus? En tous cas, c'est un très bon texte!
· Il y a plus de 11 ans ·little-wing
j'ai mis ton texte en coup de coeur... J'ai pas pu résister et puis, je ne l'avais pas encore fait :-p
· Il y a presque 12 ans ·Christine
merci Sweety! XD
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
@Scalp: Il faut lire le texte en mode lecture, il manque moins de morceaux! XD heureuse que ça t'ai plus!
· Il y a presque 12 ans ·Et les autres, N'hésitez pas à aller voter pour mon texte sur la page du concours si ce n'est déjà fait! XD non, je fais pas du racolage!
Alinoë
J'ai beaucoup aimé, également, l'idée de base du texte. Mais il faudra que je relise sur un autre écran. Sur mon petit notebook, il manque des passages: quand je passe d'une page à une autre, parfois, il manque 1 ou 2 lignes de textes... Un vilain bug de WLW, hélas...
· Il y a presque 12 ans ·Pascal Bléval
Superbe idée!
· Il y a presque 12 ans ·intrigue très bien mené!!!
Sweety
@hectovug, merci beaucoup! XD (même si je ne sais absolument pas ce qu'est un "turn pages". Heureusement, Google est ton ami! XD)
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
très agréable lecture, bravo. Sans faire de mauvais jeu de mot c'est vivant. Les dialogues sont nerveux et sonnent vrais. La nouvelle est digne des bons "turn pages".
· Il y a presque 12 ans ·hectorvugo
Merci Insane pour tes encouragements et ta voix! XD Mais la concurrence est rude alors croisons les doigts!
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
ai voté ^^ ce texte est parfait, l'intrigue est haletante... good luck ^^
· Il y a presque 12 ans ·insane
Merci merci ! XD Je suis heureuse que ça plaise parce qu'en lisant certains texte, j'ai bien faillit garder le mien pour moi! En tous les cas, j'ai hâte de pouvoir lire ta nouvelle! Bonne chance à toi aussi!
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
j'aime beaucoup, cela se lit facilement et l'histoire est tres bien construite. je suis entrain d'essayer d'ecrire un texte moi-meme et je dois dire que je trouve ca amusant mais difficile. bonne chance a toi et j'ai vote
· Il y a presque 12 ans ·christinej
Héhé! Je prend je prend! (la M*** bien sûre!) XD et merci pour le vote!
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
Voilà, j'ai voté ^^... C'est toujours ton texte que je préfère dans tous ceux que j'ai lu ^^. Bonne M****
· Il y a presque 12 ans ·Christine
"The manchurian candidate", je connais pas mais je sens que je vais regarder! Merci pour la comparaison avec "Usual suspect", c'est en effet une de mes sources d'inspiration! Merci pour ton votes et bonne chance à toi aussi!
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë
J'ai beaucoup aimé. Le suspense est soutenu, sans oublier le respect du thème et la fluidité du texte. Il y avait quelque chose qui me rappelait "the manchurian candidate" et "the usual suspects". J'ai voté, bonne chance!
· Il y a presque 12 ans ·Alain Le Clerc
Merci d'avance à tous ceux qui ont parcouru mes lignes! N'hésitez pas, si cette nouvelle vous a plu, à aller sur la page du concours pour voter! Merci!
· Il y a presque 12 ans ·Alinoë