Dans les chaussettes

La question a été posée et la réponse a sanctionné l’absurdité de la question. En effet, à interrogation orientée, réponse prévisible. Le résultat du sondage a fait le tour des journaux. Les français n’ont pas le moral. En tout cas ils sont deux tiers à le prétendre. Alors bien sûr, Laurence Parisot, patronne des patrons, a sa part de responsabilités. Attention, je ne verse pas dans la caricature ni les généralités. Moi le fonctionnaire territorial, je n’ai rien contre la Présidente du MEDEF. Mais c’est elle, en tant qu’actionnaire de l’Institut de Sondage IFOP, qui a dû orienter la question. Posée comme cela, il est évident qu’on ne peut pas dire « Oui aucun problème, tout va bien » :

« La barre des trois millions de chômeurs a été dépassée, la situation économique du pays s’aggrave de jour en jour, la dégradation des relations sociales s’amplifie, la grogne monte, les usines ferment, le pouvoir d’achat est en berne, les points des fonctionnaires gelés par Sarkozy restent congelés sous Hollande, la France fonce dans le mur, les moyens sont réservés à certaines élites, la récession guette, et ce n’est pas fini. Dans ces conditions, dîtes nous si vous êtes plutôt :

« Super heureux »

« Plutôt pas très heureux » ou

« Vous n’avez pas le moral ».

Cependant, je vais vous faire une révélation, j’ai été sondé.

J’ai souhaité développer et ne pas me contenter du choix restreint. J’ai alors répliqué qu’une chose était susceptible de faire rire les français, temporairement certes mais c’est ça de pris car on a tous besoin de rire. Une sorte de blague. La meilleure blague politique de ces derniers mois à mon goût. Elle n’est pas passée inaperçue mais elle aurait pu faire réagir plus largement la majorité si elle n’était pas occupée à patiner dans la crise mondiale et à suer face aux complications. Vous savez tous qu’un prestigieux cercle s’est créé, « le très prisé club des amis de pas-si-feu-que-ça Nicolas Sarkozy ». Un club sélect où se côtoient les cons puants à conspuer, ces éconduits de la présidentielle et des législatives. L’éprise Morano guettant le retour de son bien aimé, les faux amis, les membres obligés de passer par là en vue des prochaines « déchéances » électorales, etc. Tout ce petit monde n’a pas le temps de chômer. Il faut reconstruire un parti pour remettre la France en ordre de marche. De ce fait, l’emploi du temps est serré. Apéritif à 11 heures, déjeuner dans la foulée, belote à 14 heures et scrabble à 16 heures, juste avant le goûter. Si avec un tel programme, la France ne se sort pas de ce mauvais pas, j’abandonne ma plume quelques jours.

Laissons-les quand-même aligner quelques mots de sept lettres avant de les juger. Le redressement ne peut se faire en trois parties. D’ailleurs, ce n’est pas comme s’il y avait urgence.

Il y a de quoi rire. Mais évidemment, le rire se crispe rapidement quand on revient à la réalité.

Si on pouvait envoyer le siège du club sur Mars. Paraît qu’il y a un robot chantant qui s’ennuie un peu.

Je vois bien « Escrozy » être le premier homme à jouer au scrabble sur Mars !

« Une voyelle pour l’homme, un mot compte triple pour l’UMP ».

Bah voyons.