Elle

lilii

Elle fascinait.

Un silence grondait sourdement autour d'elle.

Elle fascinait.

                                    Le mystère mutique.

                                    L'élégance mutine.

Au milieu des autres, elle aurait peut-être pu passer inaperçue mais dans la foule de ceux qui grattent la terre pour y graver leur identité, elle ne creusait pas.

Elle posait juste ses petits pieds chaussés de ballerines sur la surface du Monde. Elle était bien là, les empreintes lunaires.

Elle jouait des tours à la poussière et fantasmait l'atmosphère. Dans sa tête, ça tournait pas rond, elle était à l'envers du ciel, toujours, encore. Elle avait les pensées tissées entre deux étoiles. Elle comprend la mécanique et elle construit des rouages de perles. Les autres voulaient lui ressembler. Elle laissait une trace dans le vent et arrivait à cacheter les nuages. Lumineuses, un peu illuminée, les autres l'enviaient parce qu'elle semblait éphémère et intemporelle comme le pastel charmant d'une couleur originellement prononcée. Et puis, un jour, elle a sorti sa plume. Elle a marché pieds nus. D'abord dans la boue. La boue grasse, qui épouse l'équilibre. Marcher pieds nus pour la première fois, c'est douloureux pour les plantes en coton. Les autres se sont écartés. Elle marchait sur quelques mains fidèles mais certains l'ont laissé tomber. Comme dans un rêve, elle est tombée, doucement. Les premières égratignures. Les premiers bleus. C'est beau le bleu finalement et les cicatrices ne sont que des phrases un peu tourmentées qui se sont échouées sur la peau. Aujourd'hui, elle marche toujours pieds nus, elle a encore mal parfois, elle ne s'y habitue pas mais elle aime tout ce qui traverse ses jambes et fait papillonner son cœur.

Petit poucet aux mots éparpillés, la route est longue mais elle existe. C'est tout ce qui compte.

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