HEART APPART'

Longtemps je t'ai cherché, rêvé. J'ai marché encore et toujours, espérant te trouver à chaque détour. J'ai gravi pour toi des mètres et des mètres, regardé à l'ombre des arbres ou sous les pierres, qu'elles soient de taille ou non. J'ai questionné tous ceux que je croisais, sans succès. Tu n'existais pas. Je courais après un leurre, un désir d'ailleurs, celui de me poser dans tes bras. D'adresses en déceptions, j'ai erré dans ces rues bruyantes ou non. J'ai usé mes semelles de passages en impasses à la recherche de tes traces, je ne pensais plus qu'à toi. 

l'île.

Cette île, loin de tout, loin de la fureur, si proche du bonheur. Un paradis comme un paravent, archipel de calme et de douceur. Marin perdu en mer je naviguais à vue n'y croyant plus. Et puis un soir à déambuller dans le noir, tu m'es apparue toute de blanc vêtue, bordée d'un liseret vert, exhibant fièrement mensurations et caractère. Une simple pancarte accrochée à une fenêtre, comme une lettre d'amour, comme une bouteille à la mer. Alors je t'ai enlevé jolie petite annonce, comme un gitan kidnappe son amour pour la marier. Toute la nuit durant je t'ai veillé avec l'espoir comme drap du soir.

COUP DE FOUFRE

Le lendemain matin je me présentais devant celui qui te détenait encore, mais tu étais pour moi je le savais. Je m'étais fait beau, j'avais tout préparé pour éviter les impairs. Tout me plaisait en toi, lumière et chaleur pénétraient tes volumes parfaits, comme sculptés pour moi. Tu t'exposais sans retenue, plein sud, les baies vitrées grandes ouvertes comme des fenêtres sur mon âme. J'étais au septième ciel, et pour te rejoindre je n'avais qu'un bouton à appuyer.
Tes cinq pièces idéales, que je découvrais comme un gosse devant ses jouets de noël, me basculaient dans un ailleurs. Celui d'une vie meilleure avec moins de bordel à l'intérieur. Tes placards intégrés, ta cuisine aménagée, ta terrasse ombragée, tout en toi me séduisait dans ce quartier coloré. Je brûlais de désir, avec cette envie de me rafraîchir sous les courbes de ta douche à l'italienne.

LA DEMANDE EN MARIAGE

Je tremblais, je bégayais, submergé par une ardeur que je peinais à dissimuler. Je te voulais pour toujours, avec ta chambre d'amour, ton salon ovale si rassurant, tes chambres séparées pour les enfants, et ce bureau tel un rocher, pour que viennent s'y poser ma plume et ses mots cachés.
J'ai dû me languir de toi encore un jour, avant d'entendre que tu allais m'appartenir, date à jamais gravée dans mon souvenir.
 Heureux je suis près des cieux dans ce douzième aux toits cendrés de soleil, chaque matin en sirotant mon café, gardien de mon réveil.