Je suis de ces hommes qui ont levé les yeux
koya-al-gaad
Je suis de ces hommes qui lèvent les yeux.
Dans les rues trop pleines de vues perdues
Les habitants fourmillent dans un tracé sinueux,
Se percutant ou s'évitant de peu, pas à nu!
Sur les pavés assainis les pas s'enchaînent et ne cessent
Car la digitale cri tout retard,
Jamais ne s'attarde leur regard
Sur la société bien meurtrie qui s'affaisse...
Je suis de ces hommes qui lèvent les yeux.
Entre les murs trop lisses
Des maisons bien tristes
S'aiment encore les amoureux,
S'attardent les enfants à leur technologie,
Sans voir que le soleil, son ciel et ses nuages,
Présents dans la nuit des âges,
Se cachent maintenant à toute vie.
Un bourdonnement sempiternel, devenu imperceptible
Mais certain, brûle mes tympans:
Strident
Il nous cible.
Je suis de ces hommes qui lèvent les yeux.
Quand tous vivent sans voir,
Quand tous marchent sans dire,
Je sais le ciel et son désespoir
Qu'on lui ai pris l'avenir.
Les drones, pires essaims volants,
Pullulent dans le bleu défiguré,
A décapiter les cerfs-volants
Quand enfance ne demande qu'immunité.
Perdue la terre de cette colonisation folle,
Perdu l'océan de ces poisons,
Perdu le ciel étouffé dans cette colle
De trop qui coule sur le monde...
Je suis de ces hommes qui lèvent les yeux
Et bien-heureux sont ceux qui n'entendent, ne voient et ne savent,
Car ce spectacle hideux
Ne mérite que salve.
Bien entendu en poète j'aurais dit:
"Tout a raison d'exister et refuser est rebut"
Mais quand ce que je voyais infini
Gâche aujourd'hui tant à vue,
Je crie de devoir regarder mes pieds,
De rager quand l'homme crée sa beauté.
L'œil malveillant nous enserre,
Lui qui a pris la lumière
Nous laisse des miettes de liberté,
Big Brother va t'étouffer...
Je suis de ces hommes qui ouvrent les yeux.
Dans la chaleur épaisse que provoque cette serre
Nos cerveaux macèrent
Et se crispent d'un ego surdimensionné,
Mais non l'homme n'a pas tout fait!
Son bel esprit a fait belles rimes, belles lignes,
De belles cimes mais de belles ruines.
Comment a-t-il élevé
En faisant champs désolés?
Et la nuit fait l'écho de ces batteries
Toujours pleines,
Le silence sculpte cette présence dans l'oubli
Qui pourtant fait ma peine...
Je suis de ces hommes dont saignent les yeux
Quand la nature sature de cet égoïsme,
L'on a sali les cieux
Et on demande humanisme...
Mais Gaïa était là et nous regarde encore,
Elle est de ces pierres qui t'écoutent
Et savent ton sort,
Elle est de ce vent qui te touche
Et foule tes peurs,
Elle est de cette eau qui t'enlace
Et emporte la douleur.
Garde sa trace.
Je suis de ces hommes dont brûlent les yeux
De trop d'invasions,
Quand l'humain a eu dans ses vœux
Même l'horizon.
Que de couleurs laissées
Au profit des moteurs et de l'acier,
Que d'intimité violée
Quand on sait...
Et pourtant il avance et détruit dans sa belle transe,
Oh l'humain va, va tant qu'il danse!
Et il va bientôt oublier qu'il n'est plus,
Plus qu'un souvenir perdu...
Je suis de ces hommes dont pleurent les yeux
Quand ils sentent que la bataille n'est que rébus
Et que l'issue les fait honteux,
Ceux qui ont mal de cette lame nue
Intrue dans l'immensité même,
Enfoncée dans les cartes anciennes
Qui ont fait naviguer et connaître,
Qui ont vu naître l'aube de notre pérennité
En tant qu'êtres
Et qu'on ne sait remercier.
Notre douce mère,
Pourquoi qu'on l'enterre?!
Je suis de ces hommes dont tournent les yeux
Quand la folie les guette
De voir comme leurs souvenirs se jettent
Dans un néant douteux,
Tout a changé...
Cet étrange univers
Décalqué
Fait penser aux histoires de nos pères,
Tout cela n'est que création
Et ne veille qu' à l'accomplissement
De notre belle imagination,
Une grand conte où la vie se ment.
Je suis de ces hommes dont meurent les yeux.
Il se sont éteints dans un dernier bout de ciel
Où s'élève mon âme,
Ils sont dans cet écrin de si bel
Ouvrage que façonne la flamme.
Je m'en remets aux éléments pour écrire ma destinée,
Aveugle du temps mais non sourd au passager,
Je suis cet être errant qui écoute vos chants
Quand votre bêtise a enfermé nos parents,
Tous ces parents qui peuplent notre néant,
Car tout existe et que vous n'avez rien respecté.
Je suis de ces hommes qui les ont levé
Juste étourdissant ce poème. Magnifique de vérité. Triste réalité. Merci.
· Il y a plus de 9 ans ·ap0zys
Magnifique !!!!
· Il y a environ 10 ans ·veroniquethery
Merci Véronique! Je n'avais pas vu votre commentaire!
· Il y a plus de 9 ans ·Je ne me retrouve pas bien dans les notifications de WLW, je m'y perds toujours x)
Au plaisir d'avoir nouveaux avis venant de vous, je vous souhaite une bonne soirée :)
koya-al-gaad
Une petite merveille.
· Il y a environ 10 ans ·effect
Merci pour votre lecture, ce texte est un de ceux qui me tiennent le plus à coeur, et je suis heureuse de voir qu'il marque :)
· Il y a plus de 9 ans ·N'oubliez pas de regarder le ciel
Andréa
koya-al-gaad
7 mois déjà ? Mon com n'a pas changé... et oui j'ai relu et je les lèves... au ciel !
· Il y a plus de 9 ans ·effect
Très beau texte.
· Il y a environ 10 ans ·Isabel Da Rocha
Merci, votre avis me touche :)
· Il y a environ 10 ans ·Mes salutations sincères
koya-al-gaad
"Je suis de ces hommes dont pleurent les yeux", devant le triste paysage de cette société... Funeste tableau, Cène cannibale où l'on dévore l'autre comme pour mieux s'autodétruire....
· Il y a environ 10 ans ·C'est admirablement ben écrit... Au plaisir de te lire de nouveau, amie humaniste ! ;)
versenlaine
Je suis tout à fait d'accord avec toi, comme si pour mieux survivre, pour les humains, il fallait d'abord mourir! Souhaiter ne plus rien ressentir, pour ensuite mieux écraser les autres. Pourquoi les écraser? Bonne question >< Les vices de l'humanité tiennent souvent à une question de frustration
· Il y a environ 10 ans ·Merci pour ce commentaire éclairé :)
koya-al-gaad
Mais de rien, merci à toi pour ces vers "luisants" ;)
· Il y a environ 10 ans ·Je t'invite à lire "l'homme est-il humain?" et "Mémorial de la côte 204, place au printemps de l'irrespect" , tu y découvriras d'autres visage du cette "merveilleuse société" ;)
versenlaine
C est très agréable a lire j aime les aliterations et la noirceur de ce texte entremêlé de délicatesse de vérités d anticipation merci :-))
· Il y a environ 10 ans ·lafeeclochette743887
Merci à vous, d'y voir des vérités et de me montrer que le monde n'est pas si aveugle. En étant assez nombreux, pourrait-t-on bien réussir à se sauver?
· Il y a environ 10 ans ·Bonne continuation à vous, et merci pour votre lecture attentive. Mes salutations sincères
koya-al-gaad
J'aime ce texte !
· Il y a environ 10 ans ·Hen'sen No Tenshi
J'aime ce texte !
· Il y a environ 10 ans ·Hen'sen No Tenshi
Haha, j'en suis heureuse alors! ^^ Merci pour toutes tes lectures, ça me fait plaisir que tu sois passée voir ce qui se passait par ici ;P
· Il y a environ 10 ans ·koya-al-gaad
Tristement vrai et si bien écrit, j'adhère !
· Il y a plus de 10 ans ·Lea
Merci, votre commentaire me donne chaud au coeur! ^^ Il n'y en a pas si peu qui sont prêts à changer les choses ;)
· Il y a plus de 10 ans ·koya-al-gaad
Je te rejoins sur tes idées...
· Il y a plus de 10 ans ·embey
Merci pour votre commentaire. Il faut bien que certains trouvent ce monde anormal...
· Il y a plus de 10 ans ·koya-al-gaad
Très belle plume. je suis impressionnée. Et pourtant la poésie me fatigue vite. J'ai certains mots forts et brutes... J'ai l'évolution du regard... CDC
· Il y a plus de 10 ans ·cerise-david
Je suis rassurée de savoir qu'un texte si long n'ennuie pas. Merci pour votre commentaire
· Il y a plus de 10 ans ·koya-al-gaad
Un très beau poème :)
· Il y a plus de 10 ans ·mlleash
Merci beaucoup :)
· Il y a plus de 10 ans ·koya-al-gaad
beau poème, beau style, justes pensées
· Il y a plus de 10 ans ·blanche-dubois
Merci à vous, je suis touchée
· Il y a plus de 10 ans ·koya-al-gaad