Le boomerang

Cé Bé

Je fais ce que je veux des femmes...

Je fais ce que je veux des femmes.

Ça fait déjà dix ans que ça dure. Bien sûr, ça n'a pas toujours été le cas. J'étais plutôt timide avant. Et puis, j'ai vite compris que mon pouvoir de persuasion était au-dessus de la moyenne. J'ai vite compris qu'elles adoraient ça aussi. Les hommes ont pleins de fantasmes bizarres mais celui des femmes est de réaliser celui des hommes. Pour beaucoup d'entre elles en tout cas. Vous vous demandez peut-être pourquoi je fais ça ? Simplement parce que je n'ai pas encore trouvé l'amour alors je passe le temps. Si les gens pouvaient réaliser leurs fantasmes, ça donnerait lieu à des scènes assez surprenantes, j'en suis sûr. Le réel  souci, c'est que les psys seraient obligés de se reconvertir (on se sent terriblement bien dans sa peau après avoir réalisé un fantasme). M'enfin, un mal pour un bien.


Ce soir là, la fille, une de plus, m'appela pour me demander si elle pouvait venir me voir. Je lui ai dis : « OK, mais je veux que tu mettes des bas, tu rentres dans l'appartement sans dire un mot, ni bonjour ni quoi que ce soit, tu montes dans ma chambre, tu te mets en bas et…

- J'comprends pas, en bas ou en haut ?

- Non, mais… En bas quoi, en collant, tu le fais exprès, c'est pas possible autrement.

- Ah oui… Pardon.

- Bon, je recommence. Tu entres sans dire un mot, tu montes dans la chambre, tu te déshabilles et tu te masturbes. Pour le reste, je te dirais quoi faire... »

 

J'étais au téléphone quand elle entra. Elle me regarda sans rien dire et monta sans attendre à la mezzanine. Ce n'était pas prévu mais il fallait absolument que je prenne cet appel. Une ex-copine qui avait besoin de parler, une nana super mais un peu jalouse. Non, en fait très. La situation devînt un petit peu plus compliquée quelques minutes plus tard, au moment où je commençai à entendre de petits gémissements. La fille d'en haut (en bas) avait respectée au pied de la lettre toutes mes instructions. Le seul problème, c'est que j'étais encore au téléphone : « C'est quoi ces bruits ? T'es avec quelqu'un ? Pour une fois que j'ai besoin de toi, tu… Tu sais quoi ? T'as toujours été un connard et tu resteras un connard ! ». Voilà, le coup de fil était terminé.

C'était la troisième fois qu'on se voyait et apparemment, elle ne se gênait plus avec moi. Je crois que mon petit jeu l'avait vraiment excitée. Ça se voyait qu'elle ne faisait pas semblant. Elle était en train de se faire jouir comme si je n'existais pas. Je l'observai et elle le savait. Elle savait que ce soir, elle n'allait être qu'un objet sexuel, l'outil de mes envies perverses et avilissantes. J'allai chercher un foulard pour lui bander les yeux. Quand certains de nos sens sont coupés les autres sont plus sensibles dit-on : « continue de te toucher ».

J'étais assis là, à la regarder se masturber et… Comment dire ? Aucune envie. C'est comme si je venais de réaliser que… J'étais blasé. J'avais plus envie de sauter d'un train en marche que de coucher avec elle. La soirée pris fin et je ne la revis jamais.

 

Quelques mois passèrent sans que rien ne se passe. Il fallait que je comprenne. Que m'arrivait-il ? Je ne regardais plus tellement les femmes. Mon mojo s'était fait la malle en emportant avec lui toutes mes bonnes idées perverses. Le salaud.

 

En fait, la réponse je la connaissais. Tout ça était trop facile. Je m'ennuyais gravement. J'avais cette sensation étrange d'avoir déjà tout essayé. Ce qui était faux bien sûr. Il me fallait autre chose et cette autre chose fît son apparition lors d'une quelconque soirée dans un club, tout aussi quelconque, sous le nom de Carla…

 

Elle pétillait comme ce bonbon acide, elle riait aux éclats, elle était comme ses parents l'avaient fait, ni plus, ni moins. Tout allait si vite avec elle ! Et sa beauté mes amis ! Sa beauté !

Ça faisait déjà deux heures qu'on parlait sans interruptions, sans faux-semblants, sans complexes. Je la voulais, tout le temps, partout et je voulais le lui dire mais j'avais peur de briser cette rencontre avec un mot de trop. Je n'eus pas à le faire car c'est elle qui fît le premier pas : « tu viens ? On va ailleurs ? ». Elle prit ma main et m'entraîna dans un tourbillon.

On allait chez moi ! Il était près de trois heures du matin et les rues étaient désertes. D'un coup d'un seul, Carla s'arrêta de marcher et me regarda fixement. Son regard avait quelque chose de démoniaque. En l'espace d'un instant, elle me colla contre le mur, mit sa petite main sur ma gorge et défit en même temps ma braguette. Elle savait exactement ce qu'elle faisait, le moindre de ces gestes était d'une précision affolante. Elle descendit et je sentis bientôt la chaleur humide de sa bouche entourant mon sexe sans comprendre ce qu'il m'arrivait. Il était près de trois heures du matin et Carla me suçait au beau milieu de la ville. C'était si intense qu'il ne me fallu pas plus d'une minute pour éjaculer dans sa bouche. Ma performance n'avait pas l'air de la déranger plus que ça comme si elle savait ce qui allait se passer. Elle continua de marcher en riant sans même m'aider à me remettre.

Le tourbillon nous amena dans mon entrée, puis sur le tapis du salon, dans les escaliers. Arrivés à la mezzanine, il nous avait enlevé tous nos vêtements et nous commencions à faire l'amour sur le sol de la chambre sans jamais avoir pu atteindre le lit. C'est comme si elle savait exactement comment se placer, quelles caresses donner, quels baisers. Elle était sur moi, son corps chaud et invraisemblablement cambré. Elle senti, je ne sais par quelle magie, que je voulais la prendre à quatre pattes. Elle se tourna sans attendre, mit ses deux mains contre le mur et prit la mienne pour la mettre sur ses seins parfaits. Rien n'était de trop chez elle et je me rendis compte à quel point elle était classe. Ses petits cris étaient classes, sa gestuelle, son rire, enfin… Tout quoi. Et moi, je pensais à ça en pleine étreinte. Etreinte qui allait bientôt… Elle s'enleva au moment précis où je venais et prit ma verge dans sa bouche. Un timing impeccable. Je tremblais de plaisir bousculé par des spasmes d'une violence inouïe. Je m'écroulai.

Le reste de la nuit ne fût pas moins mouvementé. Au réveil, j'étais amoureux. Cette fille était la femme de ma vie, je voulais lui faire des enfants et être avec elle toutes les secondes, toutes les minutes et toutes les heures que compte une vie. Elle se rhabillait. Il fallait absolument que je lui dise que je voulais la revoir : « Tu voudrais qu'on se revoit ? »

- Tu peux déjà enlever ça de ta tête mon beau, j'ai passé un délicieux moment avec toi mais je repars demain en Australie… Pour me marier.

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