LE SYNDROME DE LA PAGE BLANCHE

Le doute m'assaille,

Chaque jour, je mets mes tripes dans tout ce que j'écris,

Mais depuis quelques jours, les mots sortent en quinconce,

Le stylo se meut à l'envers,

Pour me jeter en pâture le manque de mon inspiration,

L'encre se dissout sous mes mains,

Se fraye un chemin loin de mes sentiers débattus,

Il me possède sans qu'un seul mot ne sorte de ma bouche

Remplie de ce trop-plein bleuté comme une cartouche avortée…

La plume s'assèche à chaque pensée,

Le papier se tord sous mes yeux

Et me supplie de n'écrire aucune ineptie,

Le chat se lèchouille sur mes genoux,

Et j'entends sa langue râpeuse me crier d'arrêter…

« remets à demain ! Tu nous emmerdes à t'acharner ! »

Putain… mais où sont passés tous les mots,

Je fouille sous le bureau,

Le soleil de la fenêtre se fout de ma gueule

Et les échos rient de l'abîme que j'ai dans le ventre…

Et les lecteurs ? que vont-ils penser de ce désert aride 

Même étalé sur l'écran, aucun cactus n'y poussera..

Mes larmes arrosent les pages mais pas l'ombre d'un spore ne s'y échouera,

Pas l'once d'une germination à l'horizon..

Voilà, même là je cale,

Quand je vous hurle mon incapacité à effeuiller

Les lettres se mélangent dans mon inapte encéphale,

Pourtant, j'ai envie de vous parler de ce qui se trame,

De toutes ces existences qui cohabitent,

De mon déni face au monde de demain,

Et de tout ce qui fait qu'on ne peut vivre, décemment, sans écrire !