Non, non, et non

Il a dit participe au concours « Paulette », c’est pour toi.

Non, c’est pas pour moi, j’en ai marre de l’humour à deux balles sur les femmes. J’en ai marre qu’on nous donne des noms ridicules, hors d’âge, à connotation moches-mémères-vulgaires-très ordinaires, j’en ai marre qu’on ne voit trop facilement dans les femmes que des éponges imprégnées d’œstrogènes ou privées d’œstrogènes soumises aux aléas de l’effet de leur hormones. J’en ai marre que les femmes elles mêmes se prêtent à ces jeux infantilisants. J’en ai marre que certains nous prennent pour des Westy ou pour des Bichons Maltais auxquels on pardonne les limites de leurs intelligences et devant lesquels on s’agenouille dès qu’ils ont compris les mots « Tais toi ». J’en ai marre des journaux à la Cosmo et j’en ai marre de ces pensées tellement proches des injures voilées qu’on se les prend quand même pleine tête.

J’en ai marre qu’on nous traite d’hystériques, plus de cent ans après Charcot qui savait très bien, déjà, que si trouble il y a, il n’est pas que féminin. Et Baudelaire il a dit :

« L'hystérie ! Pourquoi ce mystère physiologique ne ferait-il pas le fond et le tuf d'une œuvre littéraire, ce mystère que l'Académie de médecine n'a pas encore résolu, et qui, s'exprimant dans les femmes par la sensation d'une boule ascendante et asphyxiante (je ne parle que du symptôme principal), se traduit chez les hommes nerveux par toutes les impuissances et aussi par l'aptitude à tous les excès ? »

J’en ai marre que la majorité de la population ne sache pas ce que ça veut dire, pas plus que d’où ça vient : de l’antiquité qui prétendait que l’utérus se balade dans le corps des femmes jusqu’à provoquer des troubles de la respiration, elle est pas bonne ? J'en ai marre à propos d'utérus qu'on ose parler d'avortement de confort.

J’en ai marre qu’on élève les petits garçons dans cette ambiance, j’en ai marre qu’à nouveau les femmes se fassent mal voir parce qu’elles portent des mini-jupes alors que n’importe quel blaireau peut se mettre torse nu et déjeuner avec tous ses poils à l’air.

J’en ai marre que même quand il n’y a pas un seul homme qui semble misogyne dans une assemblée, il y ait toujours quelqu’un pour relancer ce registre.

J’en ai marre qu’on ne sache pas reconnaitre la singularité de chaque femme et de chaque homme, j’en ai marre qu’on catégorise les gens, j’en ai marre qu’on découpe la société en rondelles pour avoir ensuite la possibilité de mettre les gens en état de se bouffer les rondelles.

J’en ai marre des bonne-femmes qui critiquent les hommes et j’en ai marre des hommes qui dévalorisent les femmes.

Il n’y a qu’une Paulette qui me fait rêver c’est celle de la bicyclette. De celle-là je n’ai jamais assez.

Y a-t-il quelqu’un dans la salle qui pense que sur terre quelque chose de mieux que l’amour existe pour nous rendre heureux ? Alors, oui, j’en ai marre des sornettes. Et je participerai pas au Goncours. Na.