Partir

Colette Bonnet Seigue

Partir

 

Un incessant ballet à l’aéroport. Je rêve…

"Vol à destination du Bout du monde"…  Annonce la voix suave.

Le Bout du monde ! Y a-t-il un bout à ce monde d’ostrogots qui vous  piétine les méninges ?  Peut-être que ce Bout là a le large angélique ou l’air régénérateur pour palpitant en chamade !

" Les voyageurs pour le Bout du monde sont priés de se rassembler au terminal zéro".

Zéro ! Néant ! Nothing ! Nada ! Niet ! Partir à zéro pour le Bout  du Bout du trou du cœur ! Attendez ! Ne fermez pas les portes ! Je pars ! Go out !  Go to the word ! By by friends ! La route s’ouvre sur le tarmac ! Tapis rouge pour une droguée de la vie du Bout du monde.

Pas de besace, plus de lest !

Oiseau de fer envole-toi  pour le Bout du monde, via l’Île des Neurones fatiguées !

Première escale, les portes s’ouvrent aux cervelles asphyxiées. Ce n’est pas ma terre promise !

Le temps d’une petite régénération, l’oiseau vrombit impatient. Je m’aperçois que je suis seule passagère à bord. L’escale aura été tentaculaire.

"Nous invitons notre passagère à mettre sa ceinture pour l’atterrissage. Bienvenue au Bout du monde. Température de l’air : douceur. Température au sol : mansuétude".

Ca y est ! Ça y est ! J’en ai rêvé et j’y suis ! Ce n’était pas si difficile ! 

Un panneau dans l’aéroport m’indique : " Bagages "

Mais je n’en ai pas ! A-t-on besoin  de bagages quand on a délesté sa vie de tout poids mort ?

Je trouverai bien ici matière à valise !

A bras et à bouche ouverts, j’embrasse le Toit du monde ma nouvelle planète où j’y mets mes amarres… 

Signaler ce texte