Silence je dors... enfin, presque !

miss-foxy

Lorsque je suis montée à la capitale, il y a de cela douze ans, non seulement je disais au-revoir à mon village, mais en plus, signais-là, le baptême de ma vie en collectivité. Tirée de la douillette et calme maison familiale, je me suis littéralement retrouvée catapultée dans un autre univers, celui d'un clapier de 27 m2 avec vue sur des pots d'échappement et ouïe sur les nuisances sonores de mes voisins ! Autant dire que les premières nuits passées dans mon nouveau palace furent quelque peu stressantes !

Comment trouver le sommeil dans une telle cacophonie ? Comment ne pas voir son intimité voler en éclats lorsque le gars du premier étage ponctue vos éternuements par de joyeux « A vos souhaits ! » ?! Pétrifiée, je vous dis que j'étais ! Dans ces conditions, il était hors de question que j'aille aux toilettes, car après déduction, si j'étais, malgré moi, auditrice des flatulences et autres fantaisies gastriques de ce même locataire, j'en concluais rapidement que la réciprocité était de mise ! Et puis les mois passèrent emportant avec eux cette gêne de jeune collégienne.

Cependant, il y a toujours une chose aujourd'hui encore, qui a le don de m'énerver. Laissez-moi vous dépeindre la scène : nous sommes samedi soir, et une fois de plus, vous avez décroché la timbale, à savoir la médaille de la célibataire esseulée... No comment... Bref, vous êtes lamentablement avachie sur votre clic-clac favori (le seul que vous ayez en fait), le paquet de Chipster éventré et la canette de Kro en équilibre sur un roman reconverti en guéridon portatif pour l'occasion, le museau collé au petit écran... Et vous zappez et zappez encore. Soudain, alors que vous êtes en train de vous auto-persuader d'avoir un quelconque intérêt à regarder la dernière télé réalité à la mode, arrive, via vos murs, LE râle ! Bingo ! Tel un chien d'arrêt, vous vous figez en attendant la confirmation de ce dont vous venez d'être témoin. Le revoilà ! Cette fois-ci plus appuyé ; un « aaaahhhh » tout en rondeur et en ressenti... Ca, c'est LE truc qui m'horripile (NB : penser à m'horripiler les jambes demain) : vous êtes en train de vous ennuyer comme un rat mort, d'oublier le fiasco de votre vie amoureuse, et là, paf, vous vous retrouvez aux premières loges d'une course à l'orgasme.

Sans même vous en rendre compte, vous avez baissé le son de votre téléviseur (qui a dit « coupé » ? Non, tout de même Mesdames, restons civilisées ! Respectons la vie d'autrui... Bon ok, disons « coupé », mais pour quelques instants seulement et uniquement afin de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une éventuelle crise d'asthme nécessitant assistance), suspendue au dialogue monosyllabique échangé à l'étage supérieur. Cet étalage de prise de pied est tout bonnement monstrueux (y compris pour votre chère voisine !). Je dois vous avouer, qu'à ce moment précis, soit au dixième râle et demi, si mon clic-clac ne me retenait pas, je serais certainement en train de grimper les escalier pour frapper à leur porte, et ce dans l'unique but de les interrompre, de briser leur rythme infernal (remarquez, si c'est ça l'enfer, je signe de suite !). Cette voisine est la pire de toutes, non pas qu'elle soit méchante (qu'en sais-je après tout, je ne lui ai jamais parlé !) mais simplement parce que les parties de jambes en l'air qu'elle s'octroie sont en nombre nettement supérieur au mien ! Jalouse, moi ? Oui, et alors ?! Flûte, y en a marre que cela soit toujours les mêmes qui... enfin qui... et ne faîtes pas les innocentes, vous avez parfaitement compris ce que je veux dire ! Non, sérieusement, quitte à choisir, je préfère encore les performances de Oui-Oui à celles de Miss Jouissance du Premier ! Oui-Oui est le surnom que j'ai donné au locataire, qui d'après mon sonar devrait se localiser au second étage. Je n'ai jamais entendu son ou sa partenaire (sa main ?!), uniquement une déferlante de « ouiiiii » (diantre, je n'étais point au courant que cet adverbe pouvait se décliner en autant de variations !) provenant de Monsieur lorsque ce dernier est en forme (comptez une semaine sur trois. Je sais, le rendement est faible mais ô combien apprécié par les célibataires avoisinants son appartement !). Très distrayant ! Dire que j'ignore qui se cache précisément derrière cet athlète. Je rêve qu'un jour, alors qu'il dévalera les escaliers, j'entendrai ses grelots tinter suffisamment tôt pour me permettre d'être devant ma boîte aux lettres à son arrivée dans le hall d'entrée de l'immeuble. Curieuse, moi ? Oui, et alors ?!

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