Trois petits rats?

Karine Géhin

Trois petits rats?

Dans ma petite chambre de bonne, située sous les toits, les fenêtres n'ont même pas de volets. Tous les matins ce sont les rayons du soleil caressant mon visage, qui éveillent ma conscience, me tirant de doux rêves dans lesquels je suis un artiste de génie, et me rappellent à mon triste quotidien.

J'ai, encore, dormi en chaussettes, à toujours avoir froid aux pieds dans ce studio mal chauffé. J'ai, encore, des courbatures, à dormir sur ce vieux matelas posé à même le sol. Je ne suis qu'un pauvre musicien, comprenez-vous? Je n'ai pas un sou. Chaque jour je regarde les murs de cette chambre, dont le papier peint à motif, aux lés mal raccordés, me rappelle qu'à une autre époque, j'aurais été le ménestrel favori d'un roi.

Hier soir, j'ai joué de la flûte, de toute mon âme ravagée par une tristesse sans nom.

Et au matin, je trouve ça.

Trois petits rats morts.

Une larme roule sur ma joue.

Voilà donc ce que je suis? Un tueur de rats?

Mais à quoi cela va-t-il donc me servir?

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