XXL

Les années passant, le corps de Sylphide avait pris quelques rondeurs, au fil des ans, la fermeté avait déserté le satin de son ventre, ses hanches élargies par les enfantements s'enrobaient de poignées d'amour et ses seins étaient plus lourds dans son décolleté.

Ainsi, Sylphide s'examinait sans artifice devant son miroir, autrefois son complice.

Le temps ne s'inscrit pas de même aux visages des anciennes reines, qui sont donc dans la peine, car s'il est des hommes aux visages burinés qui gardent une beauté virile, les rides qui dentellent les coins des yeux des anciennes jouvencelles, ne se lisent point à la même lumière.

Si les creux à la peau des hommes nous racontent une histoire, les femmes se doivent de ne rien laisser paraître de leur déboires… injustice notoire !

Voilà à quoi pensait Sylphide devant son miroir, et ce corps étranger qu'elle ne reconnaissait pas... quand et comment s'était-il transformé, avait-il muté ?

Sans complaisance, sans concession devant sa psyché, Sylphide détaillait ce nouveau corps aux courbes plus douces.

Ces courbes arrondies sous la main de son amant qui lui répétait qu'elle était belle et que ses petits bourrelets qui la gênait si fort, à faire l'amour dans le noir ; lui prenait plaisir à découvrir ce corps plus tendre, ses velours, ses vallées et ses monts… sous ses mains, un paysage dont jamais il ne se lassait.

Sylphide était sans aucun doute, et sans s'en douter, une femme qui s'était bonifiée, comme un bon vin, en prenant de l'âge. Sa sensualité, ses doutes, ses désespoirs, qui semblaient la rendre plus fragile en lui donnant un air désenchanté, éthéré, inspiraient à son homme des envies de protection immédiates, un amour, une tendresse XXL.

Après une mine boudeuse à son reflet, un sourire se dessinait sur les belles lèvres de Sylphide « alors, à partir d'aujourd'hui, ronde ou pas ! je vais m'aimer ! »