Dédé l'dédoublé
Christophe Paris
Dédé c'est un sportif, un pistard du troquet, un as de la descente sponsorisé par une seule marque, Kronenbourg. Le problème pour Dédé, c'est que le dopage, ça s'paye. À deux euros le verre c'est pas le plus terrible, c'est surtout au niveau physique que l'addition se règle, sans faire crédit niveau neurones. Les demis l'ont plié en quatre, bien que sans eux il ne serait même plus debout y compris en titubant. Un winner à béquille. Un mec à trois pattes.
Quand on le regarde y fait penser à un vieux malabar mâché, étiré par un gosse névrotique.
Un mètre quatre-vingt, gaulé comme une allumette cramée, il donne l'impression de s'être fait monter les membres d'un autre tellement sa démarche est arythmique. Sa tête de ballon de rugby qui s'est dégonflé en voyant les joueurs est surmontée d'une coiffe années quatre-vingt de branleur à mobylette trafiquée. Court partout, sauf derrière la nuque où les cheveux s'allongent jusqu'entre les omoplates.
Un style d'un autre temps, d'un autre siècle, dans un corps qui se voit autrement. Un jour Stallone, un jour Bruce Willis ou toute autre poupée de cinéma d'action, démarches comprises. Il a cet étrange comportement pourtant commun à nous tous, mais qui chez lui atteint son paroxysme, il se voit beau dans son miroir.
L'amour rend aveugle, la picole aussi. Mais cette fois-ci ce sont les deux.
Aujourd'hui, il est en Ghandi en plein pèlerinage. À poil en train de courir sur la place Daumesnil au beau milieu de la voie et des caisses, braillant sans cesse « libérez-vous du joug, libérez vous du joug » tout en tenant son héritage paternel en main, vu que courir sans slibard ça fait mal.
Un désespoir à nu en pâture pour gens vêtus de convenances et rires assassins.
Un cri du cœur. Un cri du corps. Comme une envie de sacrifice qui le pousse à courir vers les terrasses des cafés. Il s'approche en bête blessée presque dépecée. Frileux du panard, il évolue tel un échassier, avec délicatesse et appréhension, évitant les bouts de verre, souvenirs du samedi soir d'autres fêtards. Une fois arrivé, le public de la terrasse l'accueille par « Aaaaah non dégueu.... Oh putain j'y crois.... Aaaah perk perk... ». L'homme nu continue sa diatribe de toutes ses tripes, s'approchant des tables.
Parfois menaçant, parfois mystique, il pétrifie d'effroi son assistance.
Lui est pétrifié de froid en ce matin ensoleillé de novembre. Personne ne bouge, tout le monde flippe sur ce malheur si clair, ce désespoir qui se vomit dans leurs regards soudain trop pleins d'une réalité sans télé. Un Dorian Gray de chair et de souffrance comme un miroir hideux sur leurs âmes de prédateurs à bonheur. L'ante christ de la religion du confort et du vivre heureux quel que soit le prix, celui que d'autres règlent par leur sang et leur sueur. Un démon qui dévore l'apparence et le mensonge, faisant basculer l'assistance dans une peur qui prend vie. Crispations, mains qui se serrent, chaises qui reculent, et toujours ce rien sur leurs visages terrassés. Ce regard vide pour surtout ne pas prendre contact.
Finalement, le contact prend forme via une couverture chaude que lui enroulent de force deux flics très fâchés. Dédé se débat et cherche le débat, la discute, avec Platon et hermès, ainsi les nommait-il. Il aurait dû choisir Hercule et Atlas vu la corpulence des deux agents de la force publique, force qui s'exprimait d'ailleurs pleinement, fatiguée par les jérémiades de Dédé qui commençait à voir double, mais pas comme d'hab.
Boire des coups c'est pas comme en prendre.
Dédé les encaisse mal pour une fois. La vue troublée, il pense apercevoir Shiva quand les deux corps de flics se croisent pour mieux l'appréhender. Huit bras d'un coup, c'est trop d'amour pour Dédé dont le corps se courbe en arrière, le bras en l'air comme une danseuse à la Degas.
Dégâts.
La danse de la vie se termine sur la mort d'un cygne devenu noir chaque soir, à se noyer dans un lac d'amour perdu à jamais. Gisant sur le sol, comme une volaille plumée, il ne restera de lui qu'un fait divers, une histoire autour d'un verre, quelques cendres au cimetière et une femme, qui ne s'en souciera guère.
Bonjour, je suis membre d'un groupe d'artistes qui travaille sur une oeuvre d'art multimédia : dianecurtis.net. J'adore votre texte et je suis peu à peu en train de découvrir les autres qui me passionnent tout autant. J'aimerais vous proposer une rencontre ou une collaboration artistique si cela vous intéresse, ce serait pour moi un grand honneur. Vous pouvez m'adresser un mail à postmaster@dianecurtis.net si vous souhaitez me répondre personnellement. D'avance merci !
· Il y a plus de 8 ans ·Lanval Monrouzeau
oki ça roule why not, je te contactes par mail ce soir,merci pour les compliments c gentil, impossible de lire ton mess sur fb, bon et pis pour l'honneur ça fait plaisir mais point trop n'en faut :) lol et on se tutoie svp plus facile en conjugaison !
· Il y a plus de 8 ans ·Christophe Paris
Il est magnifique ce texte. Que de jeux sur les mots... Et une écriture quasi parfaite, via ce portrait de Dédé ! Love
· Il y a presque 9 ans ·mark-olantern
Mon Dieu comme tu écris bien!!!! j'y étais... Un film je vais revenir vers toi si tu me réponds....Kissous ils sont bien les shorts de ma copine Sylvie... Je devrais en refaire mais pour le moment je n'en ai pas le courage... j'aime bien aussi le com de stef!!!!
· Il y a presque 9 ans ·vividecateri
oh que tu es gentille ma vivi, c'est cool de lire tes coms, et oui sulvie j'la lis beaucoup suis mdr c bien ses axes de textes, et stef il est exclt :) bon allez courage les textes ça va ça vient faut laisser mûrir gentiment mais c vrai que j'attends ton prochain avec impatience car toi aussi tu es redoutable en écriture. bon allez bises par contre les notifs passent pas je savais pas que t'avais laissé un com... pfff cette plateforme j'te jure !!
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
kissousssssssssssssssssssss
· Il y a presque 9 ans ·vividecateri
ah bah ça remarche les notifs :) chic !
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
Mais où vas-tu chercher tout ça ??? Bien mené, un régal de lecture !
· Il y a environ 9 ans ·Sylvie Loy
Chai pas et bravo sur short tu cartonnes bravo !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Toi, dans cette histoire, t'es le patron !
· Il y a environ 9 ans ·Bravo, j'ai adoré, le ton enlevé, les mots sonores, le portrait au scalpel, le sujet grinçant. Bravo, encore !
fionavanessa
Merci fiona de toujours oasser par chez moi si gentiment, merci
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Tu arrives à faire ressortir du "beau " dans du glauque. J'aime bien ce style de désespoir, ces hauts et ces bas, ce Dédé et ces dégâts.
· Il y a environ 9 ans ·erge
Quel joli com merci !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Une histoire banale, sensiblement écrite, de main de maître !
· Il y a environ 9 ans ·Bête à pleurer sur le pauvre Dédé.
Merci Lyse. Bravo Christophe
nilo
C gentil ce super com merci du passage !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Humour noir, caustique, et émouvant à la fois.... Merci Lyse, et merci Christophe...
· Il y a environ 9 ans ·Maud Garnier
maaarci pour ton com, parfait car c exactement dans cet esprit que je l'ai écrit c chouette d'être compris merki merki merki !
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
;-))
· Il y a presque 9 ans ·Maud Garnier
A la fois drôle , triste et émouvant, avec de jolis jeux de mots, fort bien analysé en tous cas...
· Il y a environ 9 ans ·marielesmots
c gentil suis content que ça t'es plu !
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
Bravo ! Et quel joli jonglage avec les mots…
· Il y a environ 9 ans ·PS. Qq majuscules à rajouter à Dédé et un 's' à faire valser à Dédé encaisse(s)
nyckie-alause
corrections faites ! merki !
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
c'est de l'art, comme les expo que tu visites. Moi je suis pas sensible à l'histoire, mais je reconnais le talent. Toujours au top le tien. Tu dessines les traits sombres de l'humour triste. Pauvre Dédé!
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
j'aime tes coms :)
· Il y a presque 9 ans ·Christophe Paris
Bon choix, bravo Lyse, et bravo à l'auteur
· Il y a environ 9 ans ·Dominique Arnaud
merci dominique pour ton passage et merki à lyse !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Oh! ça fait bieng plaisir de lire Paris depuis Toulouse ;-)
· Il y a environ 9 ans ·julia-rolin
merci julia de tes passages et de tes coms toujours attentionnés c chouette ! merki
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
j'adore.
· Il y a environ 9 ans ·Marion B
oh salut marion merci pour tous tes cadeaux sur ce texte c hyper gentil
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Punaise quel pied !! Du Frédéric Dard et de la culture. Du rire, des larmes...j'ai a-do-ré ce texte superbe. Bravo.
· Il y a environ 9 ans ·lyselotte
oh t gentille merci lyselotte, un com pareil venant de toi me touche beaucoup, j'en ai la chair de poule ma caille :) vrai en plus, ce texte moi aussi je l'aime bien merci .
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
J'aime beaucoup ce style gouailleur. Il te va à merveille. Et puis le tranchant de la lame ...Une vie résumée, un portait caustique, une vie qui chancelle et s'effondre. Tout y est et je partage.
· Il y a environ 9 ans ·lyselotte
oh lalalalalalalalalalalala chui trop gâté merki bokou !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris
Un très bon moment de lecture avec ce texte, j'en adore l'écriture !
· Il y a environ 9 ans ·parismrs
hello ! merci pour ce beau commentaire, me fait du bieng ! je ne lis pas beaucoup en ce moment suis entre l'écriture et la 3D en apprentissage mais je passe en mode lecteur ce W.E, les kids seront partis !
· Il y a environ 9 ans ·Christophe Paris