L'orage et la marguerite

leo

  

Le jeune orage colportait sa foudre à la surface de la terre afin de s’assurer de l’asservissement total de ses habitants.

A chacune de ses colères, les hommes se réfugiaient aux abris les plus proches, les animaux dans les anfractuosités rocheuses les plus rassurantes…la peur dans les interstices les plus orphelines. Les « enracinés » quant à eux, ployaient sous le poids de son auguste courroux. Ses pleurs rageurs fouettaient le peuple vert, esclave de ses humeurs tapageuses. A qui osait défier sa toute puissance, il délivrait ses griffes de feux, lacérant les troncs les plus vaillants. Il se répéta même, qu’un cèdre fût pourfendu de part en part pour avoir manqué à cette déférence.

Nul ne connaissait les raisons de ce mal céleste et aucun ne souhaitait se frotter à sa toute puissante réponse. Les quelques inconscients qui eurent l’indiscrétion de se poser la question, furent éconduits par des tornades et typhons d’une rare violence.

Une suprématie sans pareille qui allait pourtant être ébranlé, dans ses colères les plus vives.

Si la foudre frappait au hasard, il était établi qu’elle ne s’abattait jamais deux fois au même endroit. Nul ne sut jamais pourquoi. Mais il était là, une règle immuable. A quoi bon d’ailleurs, puisque tout le monde se courbait en présence de l’orage, se confondait en prière lorsque la foudre frappait.

  Qu’elle ne fût donc pas sa surprise de constater, qu’une douce et frêle marguerite était restée totalement impassible à son dernier coup de semonce. De mémoire d’orage, c’était bien là une première. Et fort déconcertante !  Il demeura interdit un instant, face à si outrageante beauté qui ne semblait pas l’avoir remarqué. Elle se tenait là, à ses pieds. Elle lui faisait pourtant face de toute sa tige et n’avait pas sourcillée d’un seule de ses pétales. Chacune de ses feuilles était le prolongement d’elle-même, de son existence. Chaque feuille était fille unique, dans l’admiration réciproque qu’elles se portaient. Un tout d’amour à l’épreuve des foudres. L’orage n’était pas élément à comprendre la portée des sentiments.

La pensant sourde, l’orage redoubla d’effort et tonna comme jamais, de sa plus contondante réplique. La seconde foudre s’abattit. Rien. Aucune réaction. La marguerite riait aux éclats, accompagnée de ses pétales. Ce qu’elles échangeaient, semblait de loin, bien plus important et précieux que pareil énergumène qui faisait tout pour attirer son attention.

L’orage n’en crût pas ses sombres nuages. Il devait y avoir nécessairement une explication. Si elle n’était pas sourde alors, peut-être avait-elle une mauvaise vision. La prochaine foudre se devait d’être un éclair des plus remarquables. Il se chargea comme il ne l’eût jamais été auparavant  et redoubla de force, pour projeter la foudre pour la troisième fois au même point. L’ensemble de la planète fut aveuglée un temps, puis saisi d’effroi au grondement de cette griffe, qui éventrait la terre. Tous étaient apeurés. Tous, sauf la marguerite et ses fidèles pétales qui redoublaient de bonhomies et de légèretés.

L’orage comprit, à la vue du trou déjà assez profond, qu’il s’était employé de la plus visible et intelligible foudre pour se faire respecter… en vain. Quel pouvait bien être le secret de cette marguerite qui ne se dessaisissait jamais de sa joie et de sa bonne humeur ? Comment ses pétales ne pouvaient-elles pas, un seul instant, détourner leur amour de leur mère ? Il lui fallait percer ce secret qui le rendrait de nouveau respectable par tous, y compris et surtout… les marguerites. Il scruta donc de près le trou, à moins d’un mètre de la fleur et crut apercevoir un détail important. Il confia au vent le soin de retirer la terre meuble, du trou déjà bien entamé. Il fronça de nouveau ses sourcils cotonneux.

 A quelques centimètres seulement sous la marguerite, il aperçut un fil ténu. La marguerite puisait ainsi sa force plus profond dans la terre, pensa-t-il. Curieux de savoir à quoi était reliée la marguerite, il accentua ses efforts, foudre après foudre, mètres après mètres. Le trou devint gouffre et ce fil continuait plus profond encore. Des jours durant, l’orage s’attela à la tâche. Une semaine s’écoula en des salves qui fumaient d’impatience de découvrir le secret. L’orage s’était à son tour engagé dans le boyau qu’il avait confectionné. Il était désormais à plusieurs centaines de mètres sous terre. Plus il creusait profond et plus sa rage décuplait. Mais où donc pouvait bien mener ce fil ? De mètres en  milliers de kilomètres l’orage œuvra sans faiblir, malgré la chaleur qui se faisait plus suffocante. Il était tellement profond que plus personne à la surface de la terre ne percevait le bruit de son inlassable foudre.

Au bout de plusieurs semaines, l’orage toucha au but : le secret de la marguerite se trouvait donc être une boule de feu en fusion, bien plus grande que lui. Ainsi donc, la frêle fleur pouvait compter sur pareil allié ! Fou d’orgueil, l’orage délivra à son ennemi une foudre à la hauteur de sa colère. La terre se mit alors à se secouer : qui donc osait la déranger en son cœur, à heure aussi tardive ? La lave en fusion remarqua l’orage, si minuscule à ses yeux, qu’il ria aussi fort qu’avait pu rire la marguerite. D’un rire si fort que l’orage se retrouva enseveli dans son propre trou, sans plus aucune chance de pouvoir remonter un jour à la surface.

 Sa colère et sa défiance l’avait mené à sa perte. Il comprit avant de mourir que ce fil ténu dont disposait la marguerite se prénommait racine. Que la racine s’enfonçait aussi profonde que la plante avait aimée, toute sa vie, sans jamais renoncer à ce sentiment. Que la transmission de tout ce qu’elle était à ses pétales, faisait d’elle une fleur immortelle, appréciée et admirée de tous. De telle façon que personne ne se serait permis de la cueillir. L’orage avait enfin compris que les colères ne menaient à rien. Que le respect ne s’obtenait pas par la violence ou la contrainte mais par la douceur et la sagesse. Que le bonheur n’était qu’à portée de rire, pour qui voulait bien s’en donner un minimum la peine…

  • Euh, je serais pas si enthousiaste. C'est charmant mais le coup de la racine qui va jusqu'au centre de la terre, même pour un conte, ça marche pas. C'est de mettre une partie scientifique (géologie et biologie) dans l'imaginaire qui m'embête car cette partie est fausse (ouais, ça m'aurait plu si l'auteur était retombé sur ses pattes).
    Ah et puis les majuscules doivent être accentuées.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Les contes de l ombre 3e test orig

    nico4g

  • J'adore ! Violent coup de foudre =)

    · Il y a environ 13 ans ·
    167945 127968097271980 100001763723842 169318 1797134 n orig

    la-tete-en-neige

  • toujours un réel plaisir de te lire Léo.. tu fais partie de mes auteurs préférés!!.. vivement ton prochain texte. biz

    · Il y a environ 13 ans ·
    15592326 141051769716160 1919602287 n

    thelma

  • Pas de soucis Lousalomé. Il y'a tout ton coeur dans ce commentaire et toute ton authencité. Donc, Olé, voila, tout est dit et de ce que j'ai cru lire Mêo est partie, parce qu'en plus t'as fait chier. Donc maintenant que tout cesse et que l'on ne nous laisse écrire EN PAIX. C'EST PAS TROP DEMANDE ? Bien à toi Lousalomé, et même Olé et Mano, bien à vous et PLACE A L'ECRITURE A LA LECTURE ! Sans interprétations à deux balles...

    · Il y a environ 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Reste plus qu'à effeuiller la marguerite, maintenant... :-)

    · Il y a environ 13 ans ·
    Photos libres.com orig

    3d0

  • J'adore ! Faudrait créer un gang de conteur, qui narrent plus vite que leur ombre ! Merci à toi Léo.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Dargon d absinthe orig

    Lézard Des Dunes

  • Laisse tomber, Léo. Ne viens pas poser de sombres pensées sur ta jolie marguerite qui a résisté à tant d'orages !...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Nature orig

    mls

  • Sauf que ça sent encore l'embrouille et que ça part encore de chez moi :(
    Je ne sais que dire...

    · Il y a environ 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Un joli premier conte, où tout est à portée de rire. Merci pour ce bon moment.
    PS : je ne pense pas que ça ait été calculé de la part de Lousalomé.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Nature orig

    mls

  • Putain, j'avais même pas calculé... Lousalome, ce texte n'a rien a voir avec Olé, ni même avec Mano ! Je l'ai écrit durant mes vacances. Une amie de grande sagesse m'a demandé si je pouvais écrire sur l'Orage, elle représente la marguerite.L'orage, c'est moi dans mes colères passées, révolté contre la terre entière. Je viens tout juste de me sortir d'embrouilles inutiles avec Mano, merci de m'épargner. ça ne sert vraiment à rien.

    · Il y a environ 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Bouge pas, lousalome, j'arrive!

    · Il y a environ 13 ans ·
    Default user

    Olé

  • J'aime beaucoup Léo.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Extraterrestre noir et blanc orig

    bibine-poivron

  • "L'orage n'en crût pas ses sombres nuages" Oui, j'aime tes phrases.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Avatar orig

    Jiwelle

  • Joli conte, profond sans être moralisateur. Écris-en d'autres!

    · Il y a environ 13 ans ·
    New orleans louisiana may 1953 chevrolet orig

    victoria28

  • Très beau conte Léo, bien écrit et évocateur. Merci pour ce beau message : "Que le bonheur n’était qu’à portée de rire, pour qui voulait bien s’en donner un minimum la peine…"

    · Il y a environ 13 ans ·
    Images 2 orig

    nouontiine

  • Conte plein de poésie, très joli et pas si simple. L'impression d'une visite mythologique au Panthéon des éléments. (g)Rondement mené. Bravo Léo.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Soir e jazz 58

    luc--2

  • J'aime beaucoup, merci !

    · Il y a environ 13 ans ·
    Camelia top orig

    Edwige Devillebichot

  • En prendre de la graine.

    · Il y a environ 13 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

  • "Voilà l'homme"...Un formidable passeur d'histoires...L'humanité est en marche sur cette plateforme et elle use de toutes ses métaphores...Très très joli conte Léo

    · Il y a environ 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • Merci mon Léo. Personnellement, je suis émue et touchée par ce conte si poétique et d'une vérité présente donc éternelle et universelle... Et il est délicieusement, finement écrit. Je te dis encore, merci. Et continue, même quand tu as envie de tonner, ne t'en prive pas ! Tu as le bon lien central en toi...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Img 0789 orig

    Gisèle Prevoteau

  • Prise de terre.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Photo chat marcel

    Marcel Alalof

  • belle leçon d"humanité Léo !

    · Il y a environ 13 ans ·
    Sans titre

    agathe

  • Bonsoir Léo, c'est ravissant !
    Fille du Feu la marguerite ! ! ! Oh !
    Au vert alors le W.E. ! ! !
    Bons baisers à toi
    *DoMica*

    · Il y a environ 13 ans ·
    Astrogifsoleilvitrailstmartin01 orig

    Dominique Domica

  • super... belle leçon de vie...

    · Il y a environ 13 ans ·
    75597 1634485936549 1068711961 1786507 3822406 n orig

    elfee

  • délicieux ton conte Léo ....réflexion, initiation ...un vrai conte à racines bien profondes

    · Il y a environ 13 ans ·
    Iphone 19novembre2011 013 orig

    Manou Damaye

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