Quand Corneille fait le ménage

sophie-l

Ô rage ! ô désespoir !, ô poussière ennemie,

N’ai-je donc tant trimé que pour cette pandémie ?

Et ne me suis-je point meurtrie muscles et  dos
Que pour voir en un jour mon dur labeur à l’eau ?
Mon bras qu'avec force mania tuyaux et chiffons,
Mon bras, qui sans relâche briqua sols et plafonds,
Tant de fois courbaturé, malmené à souhaits
Trahit ainsi ma confiance en partant en biais?
Ô cruel souvenir que cette tendinite!
Œuvre de tant de jours en un jour détruite !
Nouvelle femme de ménage il me faut engager
Pour me soustraire vite fait aux travaux ménagers !
Faut-il l’honorer de chèques emploi-service,
Et bannir travail au noir, vil appel au vice ?
Comte, malheureusement n’est point mon époux ;
Ce haut rang m’eut évité d’être près de mes sous ;
Et d’autres choix il ne me reste, mille fois hélas
Que de casser ma tirelire pour chasser la crasse.
Et toi, de mon ménage glorieux instrument,
Mais inutile malgré tous tes pansements,
Aspirateur fringant en ce jour-ci mourant
M'as servi de parade, et non pas de défense.
Va, quitte désormais mon foyer poussiéreux,
Trépasse à la benne dans de tristes adieux.

Estimé Corneille, pardonne-moi cette infamie

Mais un concours sur la blogosphère mon amie

M’allécha en tenant en sa toile un cadeau.

Comme il m’a semblé beau ce pimpant aspiro !

J’en appelle à toi, à la Fontaine et tant d’autres

Pour que dans la poussière les duellistes se vautrent

Me laissant victorieuse, de ma personne imbue

Même si justice de patte blanche sera rendue.

Que ces quelques vers aux rimes pauvres (un peu)

Délectent les lecteurs autant que faire se peut !

Et que d’exquise jouissance ils s’en jettent par terre

Ou mieux encore s’expriment haut dans les commentaires !

Ainsi donc s’achève ce laborieux exercice

Accompli dans un inénarrable supplice.

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