Vivre
christinej
Vous ne vous souvenez pas comment cela a débuté.
Quand vous avez commencé a être terrorisé par ce geste.
C’est venu doucement, insidieusement, sournoisement, vous dévorer comme un vautour sur une charogne.
Est-ce vous qui avez, sans le vouloir, glissé sur cette pente?
Ou vous a-t-on poussé volontairement?
C’est comme une maladie qui ronge votre bon sens ou le sens de la réalité.
Sans faire attention, vous perdez pied et vous commencez a sombrer inexorablement vers le néant.
Votre corps, votre esprit, se fragmentent, tels un puzzle. Au début, vous ne vous apercevez meme pas qu’il vous manque des pièces.
Vous êtes dans la routine de votre vie, tout vos faits, vos gestes, vos désirs, vos rêves sont inscrits sur le grand tableau noir de votre existence.
Vous commencez a effacer vos rêves, a quoi bon s’accrocher a quelque chose qui ne se réalisera jamais. On vous le souffle si souvent a l’oreille, que vous finissez par le croire.
Ensuite vous réduisez vos désirs, comme une peau de chagrin, car d’autres passent avant vous. Vous devez toujours être compréhensif, malléable, tolérant ou c’est juste remis a plus tard, sauf qu’il n’y a jamais de plus tard, juste d’autres fausses excuses.
Votre tableau se transforme en ardoise, si petite qu’il y a a peine la place pour dessiner votre cœur.
De temps en temps vous ouvrez les yeux, vous réagissez, vous osez parler. Mais la réalité est dure, cinglante, vous n’avez plus de droit, plus de voix, plus de poids. Ca fait trop mal, trop de larmes, trop de bleus.
Alors vous oubliez comment on conjugue désirer, vouloir, être a la premier personne du singulier.
Et sans faire attention vous êtes coupé sur monde extérieur.
Votre maison est de venue votre prison dorée.
Ensuite vous vous coupez de votre monde intérieur, trop de cris retenus, trop de colère qui gronde, trop vie étouffée.
Alors votre corps devient votre prison de chair.
Vous souriez par ce que l’on vous dit de sourire.
Vous marchez au rythme d’un automate.
Vous respirez, a peine, mais vous le faites, même si cela vous brule dedans.
On compte sur vous, on attend tellement de vous, mais vous ne recevez jamais rien en retour.
Vous pleurez dans le noir.
Vous criez en silence.
Vous finissez par oublier que la personne dans le miroir c’est vous.
Vous ne voulez plus penser, ca fait bien trop mal.
A la fin vous avez peur de vivre tout simplement.
Un texte qui peut faire peur... Mais, la peur n'éloigne pas le danger, alors on commence à remonter, à résoudre ou effacer chacune des noires étapes que vous décrivez, et on arrive au début: "vous ne souvenez pas comment cela a débuté, mais... Vous avez envie de vivre, tout simplement!
· Il y a environ 11 ans ·Cela s'appelle un retournement de situation... Voilou!
astrov
Des écrits toujours aussi percutants, bravo !
· Il y a environ 11 ans ·psycose
C'est juste sublime, je crois que tout à été dit, c'est tellement profond et fort. Merci beaucoup Christine.
· Il y a plus de 11 ans ·rafistoleuse
Une descente aux enfers décrite par le menu. La chute vers la douleur qui fait le plus mal, celle qui nait et prend forme au plus profond de soi à cause de rêves perdus et d'un moi oublié. Et alors, il faut faire sortir ce cri intérieur, absolument.
· Il y a plus de 11 ans ·C'est très bien écrit Christine. Douces pensées pour toi.
wen
je comprends cela mais parfois les frustrations ne viennent pas des autres, mais d'un passé trop heureux et dépassé. Même si tu abandonnes les rêves, va te promener du côté de la liberté: tu es libre d'être "toi, libre" c'est mon oxygène à moi. et pourtant de l'oxygène j'en manque. Mais celui dont je parle ne s'achète pas. Pas besoin de la sécurité sociale pour cela, juste rester ferme et déterminée dans son narcissisme bienveillant.
· Il y a plus de 11 ans ·elisabetha
Oh que c'est beau.
· Il y a plus de 11 ans ·Helene Bartholin
Le superbe constat d'un échec. Yoda a raison en disant qu'il faut se saisir de la moindre étincelle pour s'éclairer. L'ancien conseil Carpe diem est toujours aussi valable. Merci de ce partage, Octobell, et hommage pour ce cri de détresse, ChristineJ. CDC
· Il y a plus de 11 ans ·Archange Flippé
merci a tous pour vos commentaires, parfois nos vies s'etiolent comme ca, et a la fin il ne reste plus grand chose helas si on arête de rever
· Il y a plus de 11 ans ·christinej
Il me parle beaucoup ton texte Christine. Une finie étude psychologique sur cette descente qui arrive si souvent, malgré soi. Bravo.
· Il y a plus de 11 ans ·bleuterre
Nous pouvons nous libérer à tout moment de cela heureusement, et s'apitoyer sur soi-même, on en a le droit aussi, qui nous en empêche, qui a dit que cela était interdit?
· Il y a plus de 11 ans ·arthur-roubignolle
beau et vrai... mais il y a tellement de personnes qui ne s'aperçoivent même pas de cette descente inexorable! Si une éteincelle jaillit, je pense qu'on reprend goût à la vie, insensiblement, qu'on relève la tête, une, deux, trois fois... c'est dur mais il faut y arriver. ce qui tue et qu'il ne faut pas faire, c'est remuer les chagrins dans sa tête à se faire mal au coeur, il ne faut pas y aller, essayer de regarder ou de penser à autre chose, ne pas se triturer le cerveau, car c'est là qu'on capitule et les autres se rapaîssent de notre malheur... il faut arriver à vivre, il y a tellement de belles choses dans la vie et éviter de s'apitoyer sur soi même, c'est celà le pire!
· Il y a plus de 11 ans ·yoda
Atrocement beau ...
· Il y a plus de 11 ans ·woody
Mon dieu, quel texte !
· Il y a plus de 11 ans ·Non seulement ton texte est merveilleux, mais en plus, il est tellement fort, vrai ! J'en ai les larmes aux yeux : tu viens de toucher la peur la plus profonde de l'être humain. Bravo !
CDC
matt-anasazi
"Vous pleurez dans le noir.
· Il y a plus de 11 ans ·Vous criez en silence."
C'est juste... Ca ! Mon dieu, la pire de mes hantises, je crois ! C'est tellement bien décrit, tellement bien dit que je l'ai lu deux fois ! Ce texte devrait être placardé au dessus de chaque lit, pour se rappeler de ne pas se perdre de vue, pour continuer à rêver, désirer et vivre pour soi.
Juste... Bravo !
octobell