Femme à poil
bleuterre
Bon, je vous préviens, lecteurs que je n'ai volontairement pas estampillé ce texte « public majeur ». voyeurs en tout genre, vous pouvez aussi passer votre chemin. Il n'y a pas grand chose de croustillant à se mettre sous la dent....
Le sujet n'est pas d'une grande importance, mais il me hérisse tout de même le poil !
Je vois déjà les mines déconfites. Oui, j'ai envie de le crier haut et fort, aujourd'hui alors que le printemps bat son plein, que le soleil invite aux tenues légères et que l'appel des plages invite, sur les magazines destinés à mon sexe à suivre un régime afin de gommer les rondeurs jugées disgracieuses au port de l'uniforme estival : le maillot de bain.
J'avoue que j'ai envie aussi de profiter de la baignade et que les plans d'eau locaux commencent à me faire des œillades. J'ai envie aussi de sortir les petits débardeurs et les robes légères du fond du placard.
Mais voilà, comme toujours, il y a cette épreuve, dont je repousse l'échéance à chaque fois, avec une procrastination bien ancrée.
Vous m'avez compris, je suppose : l'épilation !
J'aurais aimé vivre à une autre époque où le poil avait le droit de cité, où il n'était point traqué comme un objet malfaisant.
Je pourrai assumer cette revendication de mon animus pilositus, et garder jambes et aisselles, sans parler d'autres lieux plus intimes, enveloppés de leur doux tapis soyeux.
Je pourrai tenter cela, et chaque année je me briefe. Mais pas moyen.
J'ai le malheur de gagner mon pain dans un milieu aux accointances avec la mode. Vous n'imaginez même pas la situation délicate de la convocation dans le bureau de mon patron pour avoir exhibé aisselles et jambes garnies....
Sans parler du regard des autres femmes et des autres filles autour de moi. Je crois que c'est le pire. Les mines dégoûtées au regard de cette pilosité anarchique me rendent mal à l'aise, et je l'avoue, je n'ai pas les couilles de l'assumer.
Je me souviens d'une scène traumatisante, l'hiver dernier, où, au cours d'une soirée bien arrosée entre copines, dans un stade d'ébriété légèrement avancée, j'enlevais différentes couches de pulls pour me retrouver en petites bretelles. Et là, leur regard s'est fixé sous mes bras. La leçon de morale ne se fit pas attendre. « mais faut prendre soin de toi, t'as pas le temps de t'occuper de toi ? »
aïe, ça commençait mal. Il fallait argumenter. Et là je n'avais pas envie.
« euh, non, et puis on est en hiver »
« bah oui, mais tu te sentiras mieux, et puis c'est plus propre sans »
ah, non alors, je vous assure que le poil n'a rien de sale. Brillant, lustré sous le savon, il est doux et soyeux.
Il favorise de surcroît la sudation et donc l'élimination des toxines grâce aux glandes sudoripares accolées à son bulbe, sans parler de la glande sébacée qui le lubrifie et apporte une légère acidité bactéricide. Qu'on se le dise, le poil est propre !
En outre, il assure, en plus du pigment mélanique une meilleure protection aux rayonnements UV. Alors vive le poil.
Mais que dire, là, devant elles, dans mon état d'ébriété avancée. Je n'ai pas eu le temps de dire ouf, elles avaient déjà pour moi les armes, et je me retrouvais moutonne avant la tonte : une bombe de crème à raser et un rasoir.
Vous n'imaginez pas le traumatisme, et pourtant, je leur parle encore, loin d'être rancunière.
Il y a aussi les séances de sport en salle, où je préfère largement le débardeur aux petites manches, et là, si je veux garder quelques voisins et voisines autour de moi, je me plie aux convenances. Encore que, le regard masculin ne me dérange pas. Je me sens « frère de poil ». Mais je les vois, ces jeunes filles qui rient sous cape à mon approche quand j'ai négligé la sacro sainte épilation. Sans parler de la séance au vestiaire.....
Pour le regard masculin, c'est plus simple, j'annonce les choses cash. Et personne ne m'imposera de ressembler à une fillette pré pubère pour le confort et le plaisir de monsieur.
Sans parler des hommes qui s'offrent, entièrement épilés, y compris sur les avant-bras pour revendiquer leur part féminine.
Je n'ai pas le budget de me payer l'esthéticienne, le rasoir quotidien ne me tente pas, et la contrainte des bandes de cire, surtout sous les aisselles n'est pas ce que je préfère. C'est ainsi qu'un jour, on m'offrit l'épilatueur.... qui arrache sans vergogne l'objet du délit.
Donc ce matin, j'avais prévu de me résoudre à cette basse besogne qui m'épargne bien des tracas, mais j'ai préféré passer du temps à écrire ce petit coup de gueule devant cette criante injustice envers les femmes obligées de traquer le poil indésirable pour caresser les codes sociaux dans le sens.... du poil.
J'adhère absolument à cette revendication ! Vive le poil libre ! C'est vrai, c'est doux et inoffensif ! Drôle et bien dit !
· Il y a plus de 12 ans ·theoreme
ben si tu inventes des mots maintenant, Livel... enfin, je vois ce que tu veux dire.... à rebrousse poil.
· Il y a plus de 12 ans ·bleuterre
...ah! le poil qui "rebicle", qui rebrousse chemin, le blond, le roux, le brun, très bon!
· Il y a plus de 12 ans ·ar-deblain-dit-livel
merci de vos lectures, et j'ai apprécié cet échange autour du poil. Ce n'est pas trop ressorti dans le texte, mais ça ressort dans les commentaires, comme tu le dis, Franek, le poil comme marque de virilité.
· Il y a plus de 12 ans ·ça devient une évidence, de ce point de vue là, qu'une femme qui laisse paraître du poil... grrr
Je crois qu'il y a un livre sur l'histoire du poil sorti il y a peu... enfin, bref, le poil est un combat secondaire, et d'autres choses plus importantes se trament ailleurs....
bleuterre
Looool
· Il y a plus de 12 ans ·King T. Dramatiq
Je rejoins le com de Dominique...
· Il y a plus de 12 ans ·lavadrouille
Bleuterre n'a au moins pas de poil dans la main génant la tenue de sa plume!!!je n'ai rien pour ou contre les poils je suis barbu aussi par fainéhantise du rasoir,et aussi pour accentuer ma vilirité (ça me donne confiance) allez tous AVEC poils !!!!
· Il y a plus de 12 ans ·franek
Le poil en hiver tient chaud c'est connu
· Il y a plus de 12 ans ·Le poil en été ne tient pas plus chaud ça aussi c'est connu
Ne désespérons pas le poil reviendra à la mode ou peut être aurons nous un jour la joie d'arborer fièrement notre pilosité sans choquer!
ake
Hilarant, génial, au poil !!!
· Il y a plus de 12 ans ·T'as bien fait d'écrire ce texte aux dépends de l'épilation, Bleuterre !-)
J'avoue que, pour la même raison, je ne me rase que tous les 15 jours et que je ne suis pas allé chez le coiffeur depuis l'âge de 16 ans !!!
Pascal Germanaud
Le poil, moi, je ne suis pas fan. Note bien, j'ai la chance d'être chevelue (très), mais peu poilue .. (heureusement que c'est pas le contraire !!!) :))
· Il y a plus de 12 ans ·Par contre, ce qui me les hérisse (les poils...), c'est cette foutue pression sociale qui voudrait que nous soyons toutes formatées zé identiques. Et ça, zut de crotte, ça va pas !!
junon
merci pour vos commentaires au poil...
· Il y a plus de 12 ans ·bleuterre
Tu vois, je me dis que l'hiver a une vraie raison d'être: Eviter l'épilation!
· Il y a plus de 12 ans ·sophie-l
je te donne raison pour ce coup de gueule, comment brouter le gazon maudit s'il n'y a plus de poils, tu montres les crocs, courageusement, poil... aux dents !
· Il y a plus de 12 ans ·Dominique Arnaud
J aurais aimé être blonde ça ne se voit très peu sur les blondes!!! Malheureusement brunette comme je suis ça se voit alors rdv fréquent chez l esthéticienne et rasoir obligatoire :(
· Il y a plus de 12 ans ·Mais bon...
Sweety
Eh oui, pendant que les dégarnis s'offrent des implants qui coûtent les yeux de la tête, les horripilées se font bombarder l'épiderme au laser pour combattre le mal (ou le mâle qui est en elles) jusqu'à la racine. Non contents d'imposer la conduite à tenir en matière de vêtement ou de sous-vêtements, les diktats de la mode étendent leur main-mise jusque sous nos sous-vêtements. En tant que membre de la gent masculine je ne me permettrai pas de mettre mon nez dans tes affaires, mais je tenais quand-même à te dire que je me suis bien poilé en lisant ton article.
· Il y a plus de 12 ans ·Chris Toffans
Poil ou pas, l'essentiel n'est-il pas de te sentir bien ?
· Il y a plus de 12 ans ·Tu exposes parfaitement bien la pression sociale qui s'abat sur les poils, et encore, je suis un homme donc je suis parfaitement conscient de n'en voir qu'une infime partie.
Autant le prendre avec humour (autant que possible) et tu le fais très bien.
wen
cdc, j'adore .... j'ai même voulu repasser tout à l'heure, et j'ai regardé dans ma main, j'ai vu ce poil au milieu de ma paume, j'ai reposé mon fer et préfère aller écrire et lire ton histoire au poil.
· Il y a plus de 12 ans ·lounalovegood
Et ceux là qu'ont des poils dans la tête alors ? oui, dedans. C'est pas marrant et y a rien à faire.
· Il y a plus de 12 ans ·eaven
alors... que dire?
· Il y a plus de 12 ans ·si je te dis que je suis esthéticienne, tu te marres?
et pourtant!
alors ton texte me ravit! me comble de joie! je ne partage l'idée (le poil, moi j'aime pas!), d'autant que si tout le monde gardait ses poils, moi, je n'aurais plus de boulot! mais j'adore ta manière de raconter, pleine d'humour et sans complexes!
bravissimo!
Karine Géhin
Hum, je l'aime cette histoire ! Autant que je n'aime pas le cosmétique convenu, lisse et passe partout.
· Il y a plus de 12 ans ·Et je suis de ceux qui trouvent - contrairement à d'autres - que le poil contribue à l'excitation sexuelle. Bien que je ne soit nullement un fétichiste du poil, je le cultive moi-même assez souvent sur les joues et au bout du menton, et je ne vais pas évoquer ici la moustache que nos aïeux célébrèrent si souvent, et nos aïeules aussi d'ailleurs.
hermanoide
Je crois que c'est très culturel comme débat... tu as un point de vue très courant en Allemagne
· Il y a plus de 12 ans ·sinon c'est pas pour aller dans le sens du poil mais c'est bien écrit même si je ne partage pas ta position :)
reverrance