La chaleur et l'anis font-ils bon breuvage
Mathieu Jaegert
Sous la plume de Mathieu Jaegert, j'ai eu l'occasion de vous livrer quelques "cuvées anisées", me moquant gentiment du jargon imagé provençal...Voici une suite...dans un autre genre. Ca reste une fiction.
Ce n'est pas le moment de parachever le travail. Ca ne vaut pas le clou d'enfoncer les boulons, ni de mettre les accents sur les "e" de ma cuvée anisée pour apporter touches et points finaux. Les pendules provençales sont presque à l'heure, j'accorderai définitivement les aiguilles un peu plus tard. Pour l'instant, ça roumègue dans les bureaux.
Je suis vissé à mon fauteuil et riveté à mon écran. L'air est saturé, les fonctionnaires ulcérés. Les regards de l'intérieur sont aussi sombres que dehors le ciel est limpide et clair. Le soleil cogne, l'ombre est rare. Dedans, il n'y a pas l'ombre d'un doute. L'incertitude qui planait a atterri en catastrophe. L'orage gronde, l'éclair fuse. Le toner de l'imprimante se délaisse de ses couleurs et grogne du vide laissé. Les agents sont en rogne. Les répliques mordent autant que les rayons du soleil dardent. Ca ne va pas tarder à barder. Les humeurs de couloir se propagent, cinglantes et galopantes. Elles enflent, dilatées par la chaleur estivale. Bien qu'envoyées à la cantonnade pour signifier à la ronde, je reste par mégarde sur mes bases arrière, scotché à ma chaise, méfiant. Les bruits d'armoire me parviennent, ça rue dans les placards. Ca regimbe à tire-larigot, à toute blinde et à coups d'argot aux saveurs locales. Il y a de la rébellion dans l'air conditionné. La rumeur est maussade, les cieux bleus, les regards noirs. Les murs colportent les ragots en cohortes et collent leurs oreilles fouineuses aux portes fermées et grinçantes, prêtes à sortir de leurs gonds grincheux. Le degré celsius de contagion est extrême. L'attention est demandée à tous les étages et la tension vive sur toutes les étagères.
Fiévreux et faussement inertes, quelques ustensiles s'y mettent. Les accessoires se rebiffent et mettent des crayons dans les roues de la torpeur estivale habituellement ventilée. Gare au retour de bâton de colle. Ambiance lourde, colère froide. La chaleur latente étouffe pour le moment la fronde qui couve sous les panamas de rigueur.
J'opte pour le repli. J'arrête de bouléguer, de m'agiter. Et je me contente de murmures adaptés. Les murs ont en effet beau avoir des oreilles, elles n'entendent pas les mêmes choses d'un bureau à l'autre. Les cloisons suintent la fourberie et respirent la lâcheté. La révolte sourd d'on ne sait où et me sort par les pores de ma peau moite.
Derrière les portes aussi muettes qu'une trombe peut assourdir, ça piaille, ça papote, ça complote.
Dehors, le tremble tremblote et le saule sue à chaudes larmes. Rien de plus normal.
Ce n'est pas le moment de brandir une cuvée anisée.
Ca devait finir par arriver. Ca pendait à nos plafonds et à nos nez. C'est arrivé d'un coup, sans ânonner, au nez et à la barbichette naissante de la modeste canicule annoncée.
Il y avait de l'eau dans l'air surchauffé depuis plusieurs bouts de temps.
On était dans la mouise désormais, on touchait le fonds, on avait la rigoulige. Et j'exagère à peine. La climatisation avait rendu l'âme, les armes, elle venait de pousser son dernier râle, à bout de souffle. J'imagine qu'on n'apercevra pas le bout du tunnel avant longtemps, à moins peut-être de faire demi-tour.
Non, ce n'est pas le moment. Pourtant j'en ai encore sous le coude, le pied et la plume des trouvailles anisées que je grapille telles des brèves de couloirs.
J'étais déjà trempe, imbibé de transpiration. Il faut dire que ça nous est tombé dessus aussi vite qu'on tombe une veste pour se battre.
De toutes façons ici, dans le Sud-Anis, ils tombent tout, tout le temps, sans hésitation et à toutes les sauces. Autrement dit, les autochtones abusent de l'usage transitif du verbe "tomber". Quand je suis arrivé, les bras m'en tombaient, je tombais des nues devant les us et coutumes parlées et les largesses orales qu'ils s'autorisent sans barguigner . Eux tombent allègrement un crayon, un document, un porte-clé, non pas qu'ils soient près à en découdre. Non, peut-être seulement par paresse ou pour aller plus vite.
Un peu comme "se promener". Eux ne promènent pas que leur chien ou leurs soucis. Ils promènent tout court. En garrigue, à la plage, en montagne...Ils n'ont que faire de l'usage académique. Ils font le tri, ils escampent l'intransitif, le pronominal, le gérondif ou le passif. Peut-être aussi pour compenser l'accentuation des syllabes, leur multiplication à peine fortuite ou leur ajout inopiné.
Mais je disgresse, il n'est pas l'heure de brandir une cuvée anisée. Plus tard.
Le système de climatisation avait décidé de se rebiffer dans les règles de l'arrière pays méditerranéen, en bon réboussier nîmois. Et ça rouméguait "sec". Si on peut dire.
Peut-être un coup des pro-canicule, les frileux locaux dont la température idéale, comprenez celle à partir de laquelle le gilet ne leur est plus indispensable, doit avoisiner les 30 degrés.
Toujours est-il que je me suis calfeutré derrière mes persiennes, guettant les réactions. Elles n'ont pas tardé.
Elles ont débarqué d'un coup dans mon bureau, trimballées par mes collègues suant et maugréant.
"Oh, oh, je ne suis pas responsable clim' moi !"
A ce moment-là, je comprends qu'il y a autre chose.
"Et des cuvées anisées, c'est pas toi le responsable ? Tu nous coufles avec tes cuvées, alors tu arrêtes fissa, d'accord ? C'est layant !"
Moi qui pensais que ça leur avait plu.
Ce n'est pas le moment de brandir celle-là. Ni la suivante.
Mais ça le sera bientôt. Et je les soupçonne de mijoter une réponse savoureuse.
excuse moi,mais de derrière tes persiennes,bein,de l espagnolette,tu n en tires que la Pognet,et durant l impasse de tes sujets a rédaction,je sais que ton violon d ingre c est la politique,et que la c est service a la carte,petit four et gros cake,
· Il y a environ 12 ans ·les spaces cakes des canaux d Amsterdam,sont des bouts de suffle,et direct des tapis lévitent,et woulahhh,j te jure des viviers d énarques( enfin 1 seul)en anorak,super dégaine,des vrais Romanos,avé la truelle au fil a plomb,d un angle heu,Killer support clic,vidéo,éé,un titre,heu,mince,zut,bon,j ai oublié,ca me reviendra,et puis qui c est,éé,peut ètre que tu te seras décidé a répondre,et normalement méa culpa,c st dans ton lexique du jour Dominicale,et d autant que sur un Site D Ecriture réseau social,éé,comme dit Adamo,adéquat ici,non,la plume de l ami Pierrot,sur ce,Bonne journée a toi,petit Monsieur.
Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher
ée,j ai pas tout saisi,mais surement un effet de manche,non,sur,,A bout de souffle,,j ai cou,pé le lien en deux,je t ai laissé Godard,et j ai tiré GO dard,aussi,et je patauge,éé,éclaire ma lanterne,ca serait cool buéno,et,t as changé d avatar,hein,porc qué?j me suis dis tant pis au risque de passer pour un taret,il faut que je lui demande,
· Il y a environ 12 ans ·c est l oiseau qui fait son pont,( et c est pas de dawa,un peu dans ta tète,éé,sérieux,sérieux,sérieux,sérieux,sérieux,sérieux,quand tu veux tu réponds,mais sans te brusquer,ée,j tai déja dis,je crois,moi,ma devise c est bouge tranquille et mine de rien mine de crayon,mais surtout sans prétention,non mais,et toi,tes armoiries,en dehors de ton bureau de balza,et tes collègues,( les pauvres, zut,mince,j espère que je déborde pas dans la marge du rhésus,planing caraval,air sociaux social réseau,Site D Ecriture,et,prends ta plume,( s il te plait,oublie deux minutes ta fierté,et,
Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher
super,et ca clac,woulahh,ca clac grave vrai ton,,Les cloisons suintent la fourberie et respirent la lacheté,,( juste entre nous,si tu crois que pendant mon absence je mat,ais tes oup,s publi,oup,s,on,et un bureau tiroir plein de compas dans ton tit oeil pansé bandeau,et venir oui,tout les jours,mais pour y lire des textes,d Auteurs ou toujours un plus de positif plaisir,sans m étendre beaucoup plus(un texte va suivre,avec la retranscription,des paroles d un morceau,tu liras,un gars un peu zarbi,un habitué du snake dans le cabas et let,s GO,au marché,c est marrant plus je me repends en com,s,jalons rhésus réseau sociaux,Site D Ecriture plus tu te dilus,et c est surement que j ai raison,non,et je ne mords pas,
· Il y a environ 12 ans ·Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher
Ici aussi on dit "trempe" ! Langage décortiqué façon crevette ! Dextérité , les mots sautillent d'aise ! Et moi je m'amuse beaucoup à les déguster !
· Il y a environ 12 ans ·theoreme
J'adore le regard de ceux qui ne sont pas originaires de chez nous et qui s'étonne de notre parler.
· Il y a plus de 12 ans ·Et oui, moi aussi je suis trempe ne ce moment avec la cagne qu'il fait, et parfois je roumegue quand je ne suis pas de bonne.
Bravo Mathieu, de te moquer gentiment de notre accent. Parce que parfois, ce n'est pas toujours le cas.
divagations-solitaires
Fichtre !
· Il y a plus de 12 ans ·tromatojuice
Des mots qui chantent même dans les bureaux...rafraîchissant !-)
· Il y a plus de 12 ans ·Pascal Germanaud
A consommer sans modération.
· Il y a plus de 12 ans ·lyselotte
à la santé de Poupom et de Mathieu : c'est le même auteur, si j'ai bien compris ?
· Il y a plus de 12 ans ·Dominique Arnaud
Joli !
· Il y a plus de 12 ans ·mamzelle-vivi
Je l'ai lu avec l'accent du sud! ça décagoince! (je ne suis pas sur de l'existence de ce terme^^)
· Il y a plus de 12 ans ·sergedecroissant
Belle plume, mais on savait déjà !
· Il y a plus de 12 ans ·myos
Merci pour cet apéritif littéraire et exotique
· Il y a plus de 12 ans ·Chris Toffans
J'adore, et depuis mon fief provençal c'est pas peu dire ma foi !
· Il y a plus de 12 ans ·Godness Alex
Non, "disgresser" c'est une forme rare de "digresser" mais tolérée paraît-il ;)
· Il y a plus de 12 ans ·Mathieu Jaegert
Au fait, Patrick Ricard est mort et Borloo et Pasqua sont sous le choc. D'ailleurs je les fait réagir dans mes "Blagues actualités". Elles seront publiées le 23, pour l'instant je les garde au frais, ça repose...!!
· Il y a plus de 12 ans ·phil-29
Très bon !
· Il y a plus de 12 ans ·Sweety
Très bon comme toujours Mathieu !
· Il y a plus de 12 ans ·nilo
Lu. Bien écrit.
· Il y a plus de 12 ans ·carmen-p