La trainée.

lilii

Autour d'elle, tout est noir. Profondément noir. Elle étouffe d'obscur et s'intoxique de pénombre. Doucement, son corps semble pâlir de contrastes absolus dans la densité d'un cauchemar, qui fait suffoquer le sommeil des somnambules.

Lorsqu'elle cligne des yeux, le soir, elle distingue parfois, au loin, des nuages lourds qui rampent sur l'horizon devant les mille couleurs du ciel qui se mélangent. C'est magnifique. Comme les autres, elle le sait, elle devra rejoindre la lumière.

L'atmosphère est froide là où elle est est. Le silence en devient assourdissant. Elle est comme dans un tourbillon figé, dans le cœur centrifuge de l'épais mystère où chacun de nous envoie ses vœux les plus secrets.

Il fait froid et elle va mourir.

Quelques lueurs rougissent au loin. Elle lève les yeux, le ciel s'empourpre en filigrane. D'en haut, elle observe l'effervescence toxique du Monde. Le vide n'est qu'un passage.

Elle veut en finir.

Elle avait le visage pâle et les cheveux longs qui serpentent dans la nuit. Elle était le regard du temps. Elle était la tienne ou la mienne, le réceptacle précieux de nos espoirs.

Elle n'a plus peur de tomber. Toutes celles qui étaient là auparavant sont tombées elles aussi.

Au bord du gouffre sans fond, en équilibre, la bouche de l'angoisse l'appelle. Le baiser de l'atmosphère.

Il fait nuit, le ciel est clair.

Et elle tombe.

Sur Terre, un enfant, émerveillé lance à son père :

« Papa ! Papa ! Regarde l'étoile filante !

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