Les yeux fermés et l'esprit ouvert

Quand mes yeux se ferment, mon esprit s'ouvre. J'ai l'impression que mes globes oculaires fonctionnent en deux temps comme la personnalité d'un schizophrène. Quand mes paupières s'ouvrent ils partent en chasse d'informations extérieures. Ce sont des milliards de sondes qui sont lancées dans tous les sens à la recherche de formes et de couleurs. Les globes oculaires parcourent le globe terrestre, une petite chose en interprète une immense.

Ma rétine traque scrupuleusement ce monde extérieur et dangereux, il faut qu'elle tire rapidement des conclusions pour survivre. C'est un milieu hostile, tout est si complexe qu'il est nécessaire de prendre des raccourcis et de faire confiance à son instinct.

Mes yeux rebondissent sur les surfaces, les murs, les arbres, les voitures, les humains. J'ai beau lancer mon regard plus fort, froncer les sourcils, plisser les yeux, rien n'y fait mon regard n'arrive pas à percer les surfaces. Je ne vois pas les battements du cœur de cette femme, l'horizon derrière ce mur, les explosions des moteurs à combustion, les racines de cet arbre sous la croûte terrestre.

Notre perception de la réalité est limitée, c'est avec l'imagination qu'on perce les horizons.