Prendre du recul pour réduire les distances
Mathieu Jaegert
« Prendre du recul pour réduire la distance ».
Cette injonction ne faisait pas partie de mes plans. Elle dépassait mon entendement d’ailleurs. Me revoilà face à toi et les dix années écoulées prennent tout leur sens. Celui qui se voulait insaisissable à l’époque. Mes certitudes éclatées en fragments légers s’étaient éparpillées au large au gré de quelques rafales vigoureuses.
Avant mon départ, notre relation, à couper au couteau, dense et vaporeuse à la fois, semblait occuper solidement l’horizon. La sentence avait été claire pourtant, tirée au cordeau. Il me fallait explorer d’autres contrées et te quitter. On venait de me couper le sifflet et l’herbe sous le pied. Si j’avais vu venir quoi que ce soit, j’aurais pu allonger la foulée et éviter le tacle. L’exigence a fondu sur moi. L’esquive aurait constitué une solution mais j’avais eu la peur au ventre et le ventre sur les talons. J’étais resté figé dans l’herbe fraîchement taillée. Me forcer à partir décapitait mon confort capitonné, entretenu depuis vingt ans et chevillé au corps et au cœur.
Le fond de l’air s’était brusquement refroidi et les larmes de l’Océan s’étaient mêlées aux miennes. Les vaguelettes avaient gonflé en vagues à l’âme à l’amertume brutale. Mon monde s’était écroulé. Il n’y avait jamais eu de mer ou d’océan ici mais j’avais fait comme si. Il fallait bien, pour grandir, j’avais besoin de rivages solides où ancrer mes rêves et mes projets.
Aujourd’hui, me revoilà face à toi.
La côte imaginaire est toujours là, l’horizon est dégagé et les rêves ont grandi.
Au moment de notre séparation, ce retour aux sources n’allait pas de soi. Les bénéfices de l’éloignement ne coulaient pas de source.
On venait de m’arracher à la terre de mon enfance et je ne devinais pas alors que les courants seraient porteurs.
Face à toi aujourd’hui, j’en suis convaincu…
La distance n'est pas qu'une question arithmétique. En cueillant ces rêves mûrs à point, la portée future de ma relation à toi sera aussi étendue qu'un océan, quel qu'il soit...et où que je sois.
J'aime le titre, ce rapport à l'eau, comme à la vie qui en découle. Et puis le tout est percutant, avec ce titre qui résonne autant comme une promesse qu'une vérité.
· Il y a presque 12 ans ·hel
Oui c'est tellement vrai mais...j'eusse aimé(si si) comme une suite sur la réflexion car çà m'a ouvert "l'appétit" ! Sur ce sujet !
· Il y a presque 12 ans ·theoreme
Une bouffée de bonheur! Merciiiiii, ça fait du bien!
· Il y a presque 12 ans ·nephelie
Back to the roots. Cool guy ! Love is in the air.
· Il y a presque 12 ans ·Chris Toffans
J'aime beaucoup ta façon de jouer avec les mots !
· Il y a presque 12 ans ·clouds6
Ah, l'arithmétique... ne cessera de me surprendre par l'étendue qu'elle peut avoir, et tout le sens qu'on peut y mettre !
· Il y a presque 12 ans ·Une fin réussie !
carmen-p
beau texte
· Il y a presque 12 ans ·reverrance
Un anachronisme qui porte de beaux fruits à ce que je suppose sur cette fin un peu écornée?
· Il y a presque 12 ans ·yoda
L'âge qui avance permet le recul ;) Ceci dit, j'aime bien cette cueillette d'écriture mûre avec ton style tjrs bien Mat...
· Il y a presque 12 ans ·Apolline
cool
· Il y a presque 12 ans ·psycose
je suis touchée
· Il y a presque 12 ans ·Poppy Kuzack
Merci de ramener le recul après usage.
· Il y a presque 12 ans ·yl5
J'aime bien la finale, selon moi (c'est subjectif) ça donne une cohésion à l'ensemble. Et ça ouvre une porte pour une suite possible...
· Il y a presque 12 ans ·Alain Le Clerc
L'essentiel est de savoir voguer, surfer, s'adapter ... savoir que tout change, tout le temps, et nous aussi, tout le temps, ne pas s'accrocher sous peine de s'effilocher, garder des repères au loin, des certitudes et des doutes, y revenir et repartir, se croiser, se trouver, s'éloigner. Merci Mathieu pour le partage de ce voyage ! Il n'est pas fini, c'est pourquoi aussi le texte n'a pas de fin !
· Il y a presque 12 ans ·fuko-san
Merci Alain, c'est le genre de commentaire que j'attendais pour tenter de rectifier quelque chose.
· Il y a presque 12 ans ·Mathieu Jaegert
J'adore le titre et les évocations à divers niveaux. Beaucoup de phrase qui porte à la réflexion.
· Il y a presque 12 ans ·Ça se lit comme de la musique. Beaucoup d'anticipation pour une fin qui m'a laissé sur ma faim.
Ton texte mérite une finale à la hauteur des attentes (et du plaisir) créés dans la premiere partie.
Alain Le Clerc
petite fausse manoeuvre mathpoum. c est repare.
· Il y a presque 12 ans ·bonne journee.
helene doundoune
Helene Bartholin
c est tres bezu mathpoum.
· Il y a presque 12 ans ·il ne me reste que cdc
Helene Bartholin
Il y a plusieurs millions d'années, il y en avait ! J'ai même retrouvé des fossiles ;)))
· Il y a presque 12 ans ·Mathieu Jaegert
bon mais ne termines pas par''je suis convaincy'' cela peut se lire''con vaincu'' riressssssssssssss,je ne connais pas de mer alsacienne!!!
· Il y a presque 12 ans ·franek