Souffle marin (poème dédié à Pascal Germanaud)

Ton rafiot a perdu sa voile
Un vilain grain ce matin 
Ton cœur tatoué sur la toile
A emporté tous ses refrains

Dans sa coque tous tes poèmes
Mis en bouteille pour la mer
Une acanthe sur un diadème
Et des mots tendres à l’envers.

Va le bateau, la route et belle
Le gouvernail ce fin mutin
Trace une voie d’eau éternelle
Garde bien ton précieux butin.

Un mot d’amour sur une étoile
Une plume trempée de bleu
Ton cœur gravé dans la moelle
De l’onde folle des grands cieux.

Ton rafiot a perdu mémoire
Des heures pâles du chagrin
Mais a gardé dans son grimoire
Tous tes réveille-matins.

Va le bateau, la route et belle
Le gouvernail ce fin mutin
Trace une voie d’eau éternelle
Garde bien ton précieux butin.

Une aube ocre à églantine
Au printemps à jamais greffée
Ton sourire au chant des matines
Tous ces trésors d’avant été.

Va le bateau, la route et belle
Le gouvernail ce fin mutin
Trace une voie d’eau éternelle
Garde bien ton précieux butin.

Mais ton bateau s’est fait la belle
Le gouvernail cet entêté
A perdu pied intemporel
Au large blanc des naufragés

Et ce printemps vague de glace
A arrêté ton cher voilier
L’océan a gardé sa trace
A l’horizon d’éternité.

Va ton bateau la route est belle…