Une volée de bois vert

Anne S. Giddey

17 décembre 2011... Les dates, parfois, ont une odeur – celle de la saison sèche, dans laquelle on distingue l'arôme corsé d'un vin portugais –, elles peuvent être paysage et musique. Le 17 décembre 2011, c'est une date-Atlantique, un apéro funèbre, un contre-fa#... Quoi que ce soit, cela tient du défi.

Au Cap-Vert, il y a toujours une guitare à emporter dans sa tombe. Heureux qui comme l'artiste...

Décembre, et je prends une claque, une volée de bois vert, pas mûr. C'est le bois qui laisse le plus de traces, bleues. Dans les rues poussières, il n'est pas question de jouer aux cartes, pas aujourd'hui, et c'est rare. Le 17 aurait dû être un jour de pluie en pleine saison aride, mais le ciel n'est pas toujours au diapason de mes deuils.

Heureux qui comme l'artiste, mais...

Les pieds nus, les pieds devant ; elle est partie, la diva. Il ne me reste plus qu’à marcher dans la ville comme un fétu de paille – ou un bronze de Giacometti, filiforme –, il y a tant de vent... J'en deviens légère, trop. Bousculée, rudoyée, passée à tabac par de brusques bourrasques qui emmènent vers le grand large l'écho d'une chanson... Sodade.

Au Cap-Vert, chanter n'est pas une seconde nature, c'est la première.

La mort a mauvais goût. Elle a trouvé Cesária mûre à point et l’a cueillie bêtement entre deux notes de morna.

Silence radio, Mindelo.

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