A comme Chaos

thelma

Les gros sont entrés dans les métros. Les vieux et les femmes enceintes sont restés debout et leur regard fixe se résigne sur le reflet du trou noir dans les fenêtres.
L'indifférence des pourceaux exulte comme un art de vivre contre toutes les supplications à peine murmurées des affamés avides dans les rames à vide. Les enfants ont laissé tombé leurs oreilles pour des gommettes enfoncées loin dans leurs tympans. Rien ne s'écoute, rien ne se voit plus aujourd'hui..
Seuls quelques excentriques, aux parures atypiques, prennent l'apparence de faux rebelles, mais accomplissent pourtant les mêmes simagrées.

Le bilan est sans appel. Les têtes sont moches, grotesques, fatiguées, et leurs yeux éteints dépeignent l'obscurité qui les habite. Personne ne se regarde de peur de s'y voir.

Malgré tout, certains s'évadent, encore, au fil des pages entre deux stations de métro dans des histoires qu'ils ne vivront jamais. A peine le nez relevé, ca pue la mort, la fin des illusions et la résignation. Le masque se fige à nouveau au contact de la réalité.

A la sortie, je suis persuadée que les pas cadencés étouffent les bêlements. Ces claustrophobes de la nature se pressent vers les souricières comme un élevage de batterie. Vous reconnaîtrez les plus idiots à ceux qui bousculent leurs compères pour s'engouffrer les premiers dans leur m2 d'airco reçu en viager. Dans les couloirs du panurgisme, les notes de l'accordéoniste se heurtent à l'insonorisation de ces cerveaux qui déambulent…et se mêlent à mes pensées. Car ici, contre toute attente, tout le monde survit au matin suivant, à chaque même aurore...

Apocalyptique??? Non, A comme CHAOS.. Le chaos insidieux du métro-boulot-dodo s'insinuant dès la naissance dans les artères par manque de veine...

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