Toute nue

Frédéric Cogno

Toute nue,

La pluie tombée, l'étoile éclose,

Un souffle chaud sur mon miroir,

Parfum zébré de rayons roses,

Tu viens danser au clair du soir.

Toute nue,

Peignée de brumes odorantes,

Le lys te suivant à un fil,

D'un frisson frétillant tu chantes,

Serin aux clochettes d'avril.

Toute nue,

Vaguelettes de petits pieds,

Tu t'enfuis mousse légère,

Tu te caches chouette effraie

Jouant les ombres et les mystères.

Toute nue,

Tes seins volètent dans la nuit

Mimant derrière mes persiennes,

Deux oisillons du Paradis

Ou deux pigeons venus de Sienne!

Toute nue,

Te revoilà, cheveux, chantages...,

Les mains diseuses de désir,

Le bas-ventre ouvert au voyage

Aux alizés qui vont venir...

Toute nue,

Les fesses cambrées, sauvageonnes,

Ô belle pochée des sous-bois!

Quand l'entrecuisse carillonne

J'entends le ruisseau sur tes doigts!

Toute nue,

A mi-songe ou à mi-reflet,

Approche-moi ce corps de braise,

Tu fuis. Reviens! Maligne née!

Sous la feuille, j'avais ma fraise!

Toute nue,

Facétieuse flammèche,

Chaton qui miaule à la souris

Epiant je ne sais quelle brèche

Puis s'amusant à la toupie.

Toute nue,

Tour à tour servile et farouche,

Ombre chinoise et coupe à fruits,

Sans savoir si là je te touche

Entre deux notes de Lully...

Toute nue

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