2013 en musique by Wen

L'année 2013 avait vraiment très mal commencé pour Julien. Le genre d'année dont les premières semaines laissent traîner cette odeur d'année pourrie à venir. Tellement mal qu'il pensait vraiment avoir été fichu à la porte du paradis. C'est d'ailleurs l'impression qu'il eut pendant tout le premier trimestre à entendre partout où il passait le titre Locked out of heaven de Bruno Mars. Quand tout le monde bougeait sur cette chanson en faisant des wow wow hystériques tout en levant les bras, lui ne pouvait s'empêcher d'écouter les paroles. Et il entendait l'histoire d'un type ayant entrevu le bonheur mais incapable de le garder.

A la fin du printemps, son sentiment d'exclusion s'aggrava. Découvrant les C2C, leur fureur de vivre, leur sens du show et leur musique géniale au hasard d'une soirée d'un festival quelconque, il eut paradoxalement l'impression de s'enfermer encore plus dans sa propre prison. Prisonnier d'une pièce aveugle face à ses propres démons. Il lui fallait les affronter. Sans porte de sortie. Des jeunes de vingt ans de moins que lui dansaient autour de lui en agitant leurs bras en rythme et le beat frappait, cognait, rebondissait et continuait à frapper encore contre les murs de la cave où s'il s'était enfermé.

Au détour de l'été, empruntant la route des vacances dans sa voiture fatiguée, lors d'une après-midi chaude et embouteillée sur une départementale déprimante, la radio lui mit une claque. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu une telle voix de fée. Bat for lashes.

Un feu de bois, des scies qui chantent, un clavecin… Wouah ! Sacré trip. Une musique qu'il découvrait et qui le prenait aux tripes pour mettre un peu de gaieté nouvelle dans cet été qui commençait à ressembler à quelque chose de pas mal finalement. Sauf que comme le dit la chanson : « You're the chosen one, there's no turning back. »

Malgré ce trip d'enfer, tout à une fin. Il fallut redescendre. Il se prit en pleine face son addiction. Quoi qu'il fasse, il devait le comprendre et l'assumer. C'est bien beau de croire que la vie peut être agréable, drink Sangria in the park, feed animals in a zoo. Mais : « you just keep me hanging on » comme disait Lou. Plus les démons sont ancrés profondément, plus ils ont la peau dure.

L'automne arriva. La nuit enveloppa ses jours plus vite. Julien eut ainsi plus de temps pour penser. Il tomba amoureux de ses souvenirs, de sa vie d'avant. La triste mélopée nord-africaine d'Idir l'accompagna vers ce qu'il croyait oublié. Il revit ses amours anciennes, son histoire inachevée. Son intimité la plus profonde le ramena à la nécessité de poursuivre son œuvre par la grâce d'une musique intemporelle.

Jusqu'au jour où les icones de son adolescence partirent elles aussi.

Le solstice d'hiver approchait.

Un monde se terminait, alors il était peut-être temps de vivre !

Peut-être était-il venu enfin le temps du prélude d'une suite…

N'est-ce pas ?

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