Bien sous tout rapport

Presse-Papiers n°1 / brève au long cours 

En ce jour de St Valentin, il me paraît important de dresser un rapport sur le regain de romantisme qu'entraîne ce jour pas comme les autres.

Rapport qui se veut bref mais pas trop non plus sinon on n'y prend pas plaisir...

Chaque seconde dans le monde, il se déroule plus de 6.100 rapports sexuels.

C'est bien. Sauf que faire un rapport sur le bien, c'est se donner du mâle pour être à la hauteur des attentes du sujet qui se trouve en face de vous. Ou bien dessous, ou bien dessus en fonction de la position que vous occupez par rapport à lui. Tout est question de géométrie variable. Mais n'étant pas doué pour les exercices de géométrie euclidienne, je me garderai bien de faire le rapporteur de ce que j'entends par-ci par-là. Et pourtant dieu sait si mes voisins font du bruit le samedi soir. Surtout en deuxième partie de soirée.

Depuis le 1er janvier, il y a eu 20 189 453 652 rapports sexuels.

C'est pas mal. Je crains cependant un pic en ce 14 février,  jour des zamoureux. Avec un grand X. De là à considérer ce ''Valentine's Day '' comme jour XXL, il n'y a qu'un pas. Et c'est toujours le premier pas qui compte.

Quel rapport, me direz-vous, entre la hauteur évoquée dans le premier constat et le pic du second ? 

L'âge ?

Non. L'âge du premier rapport n'a pas changé en 20 ans : 17 ans.

Par contre, l'âge du premier baiser est passé à 14 ans en 1994 au lieu de 15 ans et demi dans les années 70. Bien loin de mon époque où les jeunes ne pensaient qu'à Mickey (attention à la langue qui fourche surtout si vous l'avez bien pendante).

Aujourd'hui notre jeunesse a beaucoup moins d'occasions de paniquer :) Ça fait peur tout ça. Que Dieu nous préserve. Ce qu'il réussit fort bien d'ailleurs car pas moins de 333 préservatifs sont fabriqués dans le monde à chaque seconde soit environ 10,5 milliards par an au total.

La taille ?

Non. Les Français n'auraient soi-disant pas à rougir de la taille de leur organe : 16,10 cm en moyenne. A peine moins que le record de la République du Congo de 17,93 cm.

Mouais !  Là je demande à voir …enfin c'est plutôt vous, Mesdames, qui demandez à voir. Et puis moi, j'ai pas Canal +.

La fréquence ?

Non. En France, à raison de 8,7 rapports sexuels en moyenne par mois par Français, il se déroule 215 rapports sexuels chaque seconde, soit 6,9 milliards d'actes sexuels annuels chaque année. 

Pffff… rien que ça, ça m'épuise. Un déroulement qui prend de l'ampleur si l'on en juge les courbes exponentielles auxquelles nous sommes chaque jour exposés, nous, les hommes. Yeaah !

La durée ?

Non. C'est pas parce que la durée moyenne d'un rapport sexuel est de 15 minutes qu'il faut accélérer les mouvements et bâcler le travail. Et puis 15 mn, c'est toujours mieux que les secousses à répétitions que le bonobo de base distribue à l'ensemble de ses congénères. En matière d'élucubrations précoces, l'anthropomorphe du Congo est particulièrement en avance. Précoce quoi !

Alors quel rapport ?

Aucun.

Si ce n'est que mon instinct basique ne peut rester de glace devant tant de facteurs contribuant au réchauffement de la planète.

Savez-vous que, depuis que vous me lisez, il y a eu 874 234 rapports de plus. Notre planète se réchauffe donc vraiment. Et moi aussi par la même occasion selon le sempiternel principe des vases communicants. Ce principe qui fait que la pression hydrostatique en un point G est proportionnelle à la profondeur P, quelle que soit la forme des réceptacles (en dehors d'un éventuel effet de capillarité qui proviendrait de l'étroitesse extrême de l'un d'entre eux). Veuillez m'excuser pour ce cours d'éducation sexuelle mais le sujet sur lequel je me penche pour vérifier mes faits et gestes méritait cette considération anatomique. De là à traiter mon sujet de bombe atomique, il y a encore ce fameux pas que je n'oserais franchir sous peine de risquer l'explosion. Faut pas.

Pour faire retomber la température et éviter toute surchauffe indépendante de ma volonté mais surtout dépendante du sujet qui s'agite en face de moi en tenue légère que je qualifierais de minimaliste mais non moins affriolante (la production mondiale de soutien-gorges représente l'équivalent de 46 unités par seconde), je mets en branle mon hypothalamus. Mais que l'hypothalamus, d'accord ? Cette glande du cerveau qui actionne toutes les autres parties de mon corps mais que la pudeur m'empêche de vous montrer les effets pervers. Pervers dans le sens non désiré et fâcheux selon certaines situations dans lesquelles je peux me retrouver. Et non pervers comme le portrait-robot de ces types à l'imperméable réversible et à l'exhibitionnisme exacerbé. CQFD.

Ce qui m'oblige (rappel : pour faire baisser la température) à dépenser quelques menues calories pour me serrer ainsi la ceinture. Etant donné que je ne place pas toujours la barre en dessous de la ceinture, je me suis fait prescrire un régime choc hyperprotéiné que j'adapte en fonction de la durée du dit rapport. Ou de sa dureté.

Voici donc ce que me prescrit ma diététicienne : matin, midi et soir.

Une cadence que je m'efforce de tenir pour éviter la décadence. Et voici ce que me pompe ma diététicienne : 36 calories brûlées lors d'une activité sexuelle légère de 30 mn, 48 calories pour une activité sexuelle modérée, 57 calories pour une activité débridée. 

Sachant que je ne fais pas partie des poïkilothermes (animaux à sang froid), il me faut impérativement réguler cette montée d'adrénaline si je veux éviter un infarctus et ne pas finir dans un état végétatif qu'aucun végétarien  ne serait en mesure de supporter.

Des chercheurs ont récemment émis l'hypothèse que l'on pouvait prolonger notre existence en diminuant notre température corporelle.

Je vous passe le détail des études pouvant amener à une telle conclusion mais si on gagne en espérance de vie, on gagne en espérance d'augmenter nos rapports. Rien de tel que d'entretenir ses relations pour rester en bonne santé. C'est ma diététicienne qui me l'a dit.

Sachant que le nombre de rapport sexuels moyen des habitants adultes de la planète est estimé à 110 par an soit  au total 192.5 milliards d'actes, on peut toujours - en diminuant notre température corporelle - rêver d'une cerise sur le gâteau et augmenter notre quota.

Je vous avais prévenu en préambule, il n'y a pas de mal à se faire du bien.

- ''Pfff… va te faire voir chez les Grecs'', va-t-on me rétorquer.

Et bien sachez que ce sont les Grecs qui ont le plus de rapports sexuels chaque année : 164 (121 pour les Français). Et dire qu'ils sont en plein dans la crise et qu'on leur a serré les cordons de la bourse au maximum. Encore un effet pervers du système à rendre nerveux tout vicieux qui tourne en cercle.

En conclusion à ces préliminaires fractionnés et comme tout bon rapport qui se respecte, une note de romantisme s'impose en ce jour spécial ‘‘love for ever ''avec une statistique en guise de bouquet final : 22 millions de bouquets de rose sont achetés chaque année en France. Nettement moins cependant que les 2.7 milliards d'euros dépensés en achats de lingerie par les françaises. Statistique qui leur fera une belle jambe mais là où le ''bas'' blesse, c'est que le cadeau le plus offert en ce 14 février est un dîner au restaurant. Fleurs, parfums, bijoux et lingerie ne viennent qu'après les 300 grammes de steack saignant. A croire que les hommes ont plus d'appétit devant une belle escalope que devant leur femme.

Qui a dit que la chair était triste au fait ? Vous reprendrez bien une pilule bleue, non ? (Il se vend chaque seconde dans le monde pour 48 euros de Viagra).

Consommez ! Profitez ! Et dansez ! Maintenant.

Ce n'est pas encore le jour des saints de glace. 

Je ne fais que rapporter.

© photo : by myself