METAMORPHOSES

Pascal Germanaud

METAMORPHOSES

 

Je fus chevalier de romans

Me battant pour les nobles causes

Hier encor’ prince charmant

Dans vos histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui en piètre amant

Je me consacre à d’autres choses

Sous les jupons du firmament

Je subis la métamorphose.

 

Je fus bien plus beau qu’Apollon

Me battant pour les nobles causes

Hier on bénissait mon nom

Dans les histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui en vagabond

Je me consacre à ma cirrhose

Sous les fûts de Saint-Emilion

Je subis la métamorphose.

 

Je fus le calvair’ des manants

Me battant pour les nobles causes

On me surnommait D’Artagnan

Dans vos histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui en vieux dément

Je me consacre à ma névrose

Sous le poids des médicaments

Je subis la métamorphose.

 

Je fus un roi modeste et bon

Me battant pour les nobles causes

Je fus Arthur puis Coeur de Lion

Dans les histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui pis qu’un cochon

Je m’avachis où on me pose

Sous la tutell’ d’un moribond

Je subis la métamorphose.

 

Je fus un honnête hors-la-loi

Me battant pour les nobles causes

On m’appelait Robin des Bois

Dans vos histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui dans la mafia

Je me consacre à l’overdose

Sous le cuir de mes cheveux gras

Je subis la métamorphose.

 

Je fus sans peur et sans reproche

Me battant pour les nobles causes

Hier on m’appelait Gavroche

Dans vos histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui dans la débauche

Je vends mon âm’, je me repose

Sous mes yeux mûrissent des poches

Je subis la métamorphose.

 

Je fus respecté et aimé

Me battant pour les nobles causes

On m’appelait Ivanohë

Dans les histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui en exilé

Je me consacre à ma psychose

Dans un asile d’aliénés

Je subis la métamorphose.

 

Je fus cité dans les chansons

Me battant pour les nobles causes

Hier j’étais Napoléon

Dans vos histoires à l’eau de rose.

Mais aujourd’hui pour punition

J’ai retrouvé ma porte close

Sous les verrous de ma prison

Je subis la métamorphose.

 

                                        Le 13/02/91.

                                                           Pascal GERMANAUD

Signaler ce texte