A vous, mes hommes.

A vous, mes hommes...

Vous que la vie a placé sur mon chemin, vous qui avez croisé ma route.

Vous que j'ai étreints, embrassés, enlacés.

Vous qui m'avez donné le plus doux qui se puisse rêver, et la flamme qui court dans mes veines, et l'incendie au creuset de mon ventre.

Amants de chair et de paille, brulés au bûcher de mes envies dévorantes.

Amants d'un soir ou d'une nuit, repartis, revenus, vous qui n'êtes jamais restés.

Vous vous êtes noués entre mes reins, bercés de douceur à mes ondulations amoureuses, enivrés de l'odeur de ma peau.

Hommes de papier, toujours glacés.

Hommes de plume, raturés, effacés d'un trait rageur couleur de sang.

Images d'hommes fantasmés, mais incomplets à jamais.

 Portant en creux toujours la peur de se donner.

Entre vos draps, j'ai vécu l'éternité.

Entre vos bras, je me suis perdue, égarée dans un rêve de partage impossible.

Certains se sont effacés, ne laissant qu'une ombre douce amère et un vague goût d'oubli poussiéreux.

D'autres m'ont marquée du fer rouge de leurs désirs, et me brûlent encore par la seule force de mes pensées pour eux.

Je vous ai cherchés, appelés de mes voeux, séduits et embrasés.

Je vous ai caressés à vous en faire perdre la raison.

Je vous ai entendus haleter, et gémir, et crier au seuil de l'abandon.

J'ai gouté de ma langue la sueur sur vos torses , senti sous ma bouche le tambour de vos coeurs emballés, cueilli votre souffle éperdu du bout de mes lèvres, comme une confidence que je vous aurais arrachée malgré vous.

Vous avez imprimé l'empreinte de vos corps dans l'abandon des mes draps froissés.

Daguerréotypes de chair et de sang, brûlants l'espace d'un instant, consumés la seconde d'après.

Un après sans vous.

Un après où ne reste que mon souffle qui s'égare parfois encore au souvenir de vous.

De votre peau satin sous ma paume amoureuse.

De vos mains, de vos bouches, et de vos corps tendus.

De vos muscles raidis sous le fouet du désir.

Tous, l'espace d'un instant, vous avez été miens.