Aux océans

Frédéric Clément

La neige est chaude au cœur des hommes

Quand il a neigé trop souvent

L'atome naîtra de l'atome

Même le rêve a peur du temps



La paresse oublie de dormir

Je songe au ciel d'avant les dieux

On vit trop longtemps pour souffrir

Alors on se croit malheureux



Les chants d'amour ont pour prison

La voix même qui les entame

La bouche aveugle parle, au fond,

Des silences qu'on a dans l'âme



La douceur de ton corps se meurt

Elle est pareille à l'heure pile

Entre deux tic-tacs de ton cœur

Une larme a connu l'exil



Le regard n'est pas au visage

Je commence où je dois finir

Le jour respire les nuages

Grossis de ce qu'on vend de pire



Les crucifix sont sur les murs

Pour les empêcher de saigner

L'homme est lui-même une blessure

Qu'il a fini par inventer



La terre s'est penchée pour boire

Je pense à son reflet dans l'eau

Ce qui se passe en un miroir

Est en dehors de ce qu'on vaut



Il se peut que rien ne demeure

Tous les sentiments sont mort-nés

J'oublie de pleurer quand je pleure

Je trouverai l'arbre qui sait



Les racines n'ont plus de tête

Où s'éteignent les gens que j'aime

Je sais des endroits qui s'achètent

Le cœur se mêle au cœur lui-même



Le vent ne possède une force

Que pour l'élément qu'il bouscule

Et dans chaque amour qui s'amorce

Un peu d'amour prend du recul



On est toujours l'autre de l'autre

Il n'est pas de nuit sans lumière

Chaque histoire vit dans la nôtre

Puisque l'histoire est éphémère



Un enfant porte du bois mort

Dans le brouillard rempli de peine

L'aube s'éteint pour vivre encore

Aux océans qui se souviennent…



L'aube s'éteint pour vivre encore

Aux océans qui se souviennent…



Aux océans qui se souviennent…



Aux océans...

  • comme de petites structures indépendantes les unes des autres, qui semblent s'imbriquer plus on avance. Une angoisse démesurée et tranchante; l'enfant discutant avec l'adulte dans un temps toujours présent sous de multiples formes. J'ai relu plusieurs passages et j'ai angoissé. La force du prisme reformant/déformant, rien à voir avec la métaphore, c'est autre chose. Bien, je cesse sinon on ne verra que moi sur cette page; la petite québécoise, nouvelle de plus. un+++ Sue (prononce sou)

    · Il y a environ 9 ans ·
    6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

    suemai

    • Bonjour "Sou",

      Merci pour le coup de coeur et le commentaire (tellement juste et bien senti!... Quel plaisir ça me fait!) sur ce texte Et tu as bien sûr raison, on est bien au-delà de la métaphore!
      je suis ravi de cette trace laissée..

      Frédéric (ça se prononce comme ça s'écrit)

      · Il y a environ 9 ans ·
      Un inconnu v%c3%aatu de noir qui me ressemblait comme un fr%c3%a8re

      Frédéric Clément

  • La paresse oublie de dormir

    Je songe au ciel d'avant les dieux

    On vit trop longtemps pour souffrir

    Alors on se croit malheureux

    Rien de plus vrai.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Pap

    silvaplana

  • D'accord avec Sally ! Merci Mr Fred ;

    · Il y a presque 13 ans ·
    Ange

    Apolline

  • "on est toujours l'autre de l'autre"......sublime vérité.
    Merci Frédéric pour la force de ce texte...

    · Il y a presque 13 ans ·
    545579 3657952887767 1403693905 n

    sally-helliot

  • magnifique c'est une tres belle lecture avec des mots forts j aime beaucoup

    · Il y a presque 13 ans ·
    521754 611151695579056 1514444333 n

    christinej

  • Désolé, j'étais en retard sur celui-ci. Superbe, magnifique, merci!
    "le vent ne possède une force que pour l'élément qu'il bouscule..." je l'inscrit aussitôt dans mon moleskine.

    · Il y a environ 13 ans ·
    P1040681 465

    yan--2

  • Superbe, bravo !

    · Il y a environ 13 ans ·
    Coquelicots jolis 54

    Sylvie Palados

  • c'est magnifique. Oui c'est magnifique magnifique magnifique!

    · Il y a environ 13 ans ·
    D029

    billiebones

  • J'aime j'aime j'aime!

    · Il y a environ 13 ans ·
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    nephtalyah

  • Magnifique, Frédéric...j'adore cette poésie !!!

    · Il y a environ 13 ans ·
    Pascal 3 300

    Pascal Germanaud

  • Le poids des mots à leur juste mesure
    Des antinomies qui bousculent
    Très bon texte Fréderic
    CDC

    · Il y a environ 13 ans ·
    St barth 052

    jb0

  • je crois qu il n y a rien a ajouter . Magnifique

    · Il y a environ 13 ans ·
    Default user

    Rachel Rondot

  • On avance vague après vague, empli des remous du passé et le mouvemnt amorce déjà l'essence du futur (dans notre vie et dans celle de l'humanité)
    Une très bonne lecture.

    · Il y a environ 13 ans ·
    015

    carmen-p

  • Je m'associe aux autres.. même si je n'ai pas grand chose à ajouter

    · Il y a environ 13 ans ·
    Image5 92

    rageplume

  • Merci. Merci pour les mots, pour leur musique, pour les images fortes qu'ils véhiculent, pour le plaisir de découvrir et d'être bouleversée par ce poème fort et beau

    · Il y a environ 13 ans ·
    Pivoines

    Ysabel G

  • Très joli concentré d'émotion dans un poème qui égrène subtilement et avec talent les maux et les mots qui font écho...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Nana1

    oserlesmots

  • Un gros coup de coeur !!! ce poème est magnifique et gigantesque... se sera ma dernière lecture ce matin avant d'aller travailler, ainsi je sais que je vais passer une bonne journée.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Images 500

    helecrit

  • très beau poème qui mérite bien son pesant de cinq coeurs, merci de ce partage mielleux sur nos origines, bravo F.C. LOL

    · Il y a environ 13 ans ·
    Pyry1dhyoryai0xtssnv3g 1  300

    Salvatore Pepe

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