Le flambeau, chapitre 3 : La stèle souterraine

Chapitre 3 : La stèle souterraine

Trhon et Spark étaient inquiets. Ils ne comprenaient pas. D'ailleurs, ils ne cherchaient plus à comprendre. Ils étaient frappé de paralysie par cette tromperie. Personne ne disait un mot. Les deux hommes étaient figés sur place à contempler la mer. Finalement, Trhon brisa le silence :

«- Qu'est-ce qu'on fait maintenant, Spark ? On ne peut tout de même pas rebrousser chemin. . .Ce serait une honte !

- Oui. . .Ce serait effectivement honteux de revenir de notre mission les mains vides. . .Murmura Spark, tête baisée.

- Dis moi, Spark, Tu ne penses pas que l'île pourrait très bien être à cette position, sans qu'on puisse la voir ?

- Une île flottante qui volerait au dessus des nuages par exemple ? Finit par rire Spark.

- Ou encore une île aquatique protégée à cette position au fin fond de la mer ! Enchaîna Trhon.

- Ou encore un mur transparent qui fausse la vision en diffusant la mer ? Proposa Spark sur un ton ironique.

- Tu ne me prend pas au sérieux. . .S'exaspéra Trhon en s'approchant très près de son ami.

- Écoute Trhon, tu as toujours eu une imagination débordante mais n'oublie pas que nous vivons dans un monde cruel ! D'ailleurs, tu le sais mieux que quiconque ! Soyons réalistes ! Ce n'est pas à travers des contes de fées qu'on va pouvoir trouver la solution à notre problème ! Lui rappela Spark.

- Tu as raison, Spark, tu as raison. . .Nous vivons dans un monde cruel. . .» Confirma Trhon avec tristesse.

Trhon était bouleversé, abattu, brisé. La crainte d'échouer à la dernière requête de son roi le rendait profondément dépressif. Il ne voulait absolument pas retourner sur la terre ferme avec ce désespoir qui ne le quitterait plus jusqu'à la fin de sa vie. Mais que pouvait-il faire ? N'avait-il pas fait de son mieux ? Pourquoi était-ce donc si dur pour lui d'accepter la vérité ? En effet, Trhon commençait à saisir qu'il avait manqué à sa tâche : retrouver le dernier fils de son maître le roi.

Spark était tout aussi déstabilisé. Ce capitaine de navire expérimenté avait toujours réussi à ramener à bon port tous ses voyageurs malgré les rafales de vents, les orages et les grondements dans le ciel de tonnerres. C'était pour lui aussi un échec. Comment pouvait-il rester sur une défaite ? Mais que pouvait-il faire ? N'avait-il pas fait de son mieux ? Pourquoi était-ce donc pour lui aussi si difficile de s'admettre vaincu face à la réalité ? En effet, Spark commençait à cerner peu à peu qu'il avait manqué à sa fonction : conduire son meilleur ami, Trhon, à Azkhabir, l'île qu'il se devait impérativement de découvrir pour le bien de toute une nation.

Depuis plus d'une heure à présent, chacun était assis sur une partie du bord du bateau. Avec calme, ils réfléchissaient à étaler toutes les hypothèses possibles dans l'objectif de trouver des indices. Les deux hommes avaient exclu l'idée de rentrer au royaume avant au moins trois nuits et trois jours intensifs de recherches. La pièce à provisions contenait assez de nourriture pour toute une semaine pour ne pas mourir de faim ou de soif.

Quand la nuit laissa place au jour, Trhon eut l'idée de plonger aux alentours du navire dans l'espoir d'apercevoir un quelconque élément important pour la suite de leur enquête. Trhon avait cette capacité de garder sa respiration plus d'une heure sous l'eau, ce qui accrue la qualité de la fouille.Néanmoins, à la fin de la matinée, aucun résultat, aucun indice. Mais cela n'ébranla pas la détermination de Trhon. Ainsi, en début d'après-midi, il désira pousser plus loin ses recherches dans les profondeurs de la mer. Avant de plonger, il dit fermement à son compagnon : « - Je vais essayer de tenir ma respiration plus de deux heures, si tu ne me vois pas revenir à la surface en fin de journée, ne tente nullement d'aller à ma recherche ! Promet-le moi !

- C'est bien le Trhon que je connais : dépasser ses limites pour aller jusqu'au bout de son but ! Je pense qu'avec une telle volonté, t'empêcher ne servira à rien. . .Sourit maladroitement Spark.

- Tu as toujours été très compréhensif à mon égard, Spark, je t'en remercie. . .Sourit Trhon avec autant de maladresse.

- J'espère que tu reviendras à la surface sain et sauf. . .Trhon !

- Je l'espère aussi, Spark, je l'espère aussi. . .Soupira Trhon avant de plonger.

Lorsqu'il plongea, Trhon ne savait pas si il s'agissait de sa dernière conversation avec son fidèle camarade, Spark. Il se laissa guider par son instinct pour aller sans hésitation dans le monde aquatique. Après plus d'une heure de parcours, Trhon devait redoubler d'effort pour continuer sa chute vers les tréfonds de la mer au milieu d'une multitude de poissons à différentes formes, tailles et couleurs. Dix mètres plus loin vers le bas, des maux de têtes le prirent par surprise. Il se sentait faible, et perdait conscience petit à petit. Ses paupières devenaient lourdes, le froid le consuma, des courbatures commencèrent à le prendre au désarroi. L'épuisement contraint Trhon à fermer peu à peu ses yeux, quand, au loin, il crut entrapercevoir derrière un amas de rochers, une lumière.

Trhon rassembla ses dernières ressources physiques pour s'approcher le plus possible de la lumière en question. De quoi s'agissait-il exactement ? Il ne le savait pas non plus. Avait-il tord ou raison d'utiliser ses dernières forces pour s'approcher de ce mystère ? Ne devait-il pas au contraire choisir de retourner à la surface pendant qu'il en était encore temps ? L'intrépidité de Trhon l'obligea à avancer sans éprouver de peur vers cet amas de pierres. Quand il fut parvenu, il découvrit, sauvegardée par des rochers, une stèle lumineuse. Par curiosité, il s'avança à proximité de la stèle souterraine jusqu'à pouvoir lire ce qu'il était écrit dessus :

                      « Ô toi, résidant d'Azkhabir qui s'est éloigné de sa terre natale,

                       pose ta main sur la clé et présente-toi afin que te sois ouvertes

                                       les portes de ton île bien aimé. . . »

( à suivre )