Prédication incertaine

tzsara

« Il est écrit quelque part, sur un papier pendu, que mes yeux vomiront leurs encres noires. Il est écrit aussi que je te porterai infiniment comme une corde au cou et que je n’irai pas plus loin dans mon cul-de-sac. »

Un instant et un papier flottant. Il aurait suffit qu’une ombre me prenne par derrière pour que ma bouche retrouve le goût de ton boudoir. Ce soir, j’ai mal. J’ai écrit sur un bout de papier perdu des mots noirs. Ma bouche dans ta main et la mienne un peu plus bas, je te prends comme on prend les femmes incertaines ; du bout des doigts. Dans tes bas-fonds de gloire, je cherche un bout de moi. Et derrière les éclats de notre haine péremptoire, je suce l’ombre de nos doigts. J’aime en toi les débris de laideur et notre façon jolie de faire l’amour. Notre Dame des Amours m’a offert un doigt d’honneur, une vague d’ivresse et l’adresse d’une putain. Et je suis partie. J’ai ouvert mes entrecuisses à la chaleur de ta gorge et je t’ai offert un corps à pendre. Embrasse-moi sur la bouche et caresse mon sein. Serre-moi contre toi et prends-moi à tes reins. Effleure d’un doigt mes lèvres rebelles mais qu’il ne se passe rien de plus bas. J’aime t’aimer sans mains.

Ce soir, je sors boire tes maladresses. Ton souvenir va et revient comme une pute à deux sous, incessamment, à tout bout de con et me balance à la figure tes lettres noires. Il y a dans tes mots une poussière acide. Et il y a dans tes gestes un piano à queue ; qui me masturbe la chatte et me défonce le cul. Pédale, pédale en sourdine. Tes cordes basses et les espaces blancs créent des couleurs vaginales et remplissent le vide de mes reins. Paris m’a ainsi faite et m’offre tous les soirs ses entrejambes, un regard d’ivoire et un pied d’homme. Je préfère à la queue de Paris, la laideur des femmes. Baise-moi sauvagement. Baise-moi machinalement, instinctivement, violemment. Enfonce ta main au fond de mes tripes. Pousse encore plus loin ; déchire-moi, maîtrise-moi, méprise ce sein amer que tu suces délicieusement. Crache, tire encore plus fort et crie ; crie afin que la nuit se souvienne du goût de mon cul.

L’arcade de tes yeux balbutie des mots gris. Ta peau ivre et ton teint couleur ivoire pianotent des sons aigris. Tu es encore plus belle que mes mots. Tu es plus belle qu’un automne à demi-mort. Et tu ronronnes à demi-geste les tristes lettres de mon corps. Serre très fort ma poitrine peureuse et empêche mon cœur de battre et de vouloir. Je n’ai pas envie de connaître ce que regrettent les morts. La difformité de ton sein me vole mes pulsions obscures et la laideur de mes impulsions de dentelle. Prends-moi, comme on prend une femme incertaine. Avale, avale. Je suis obsessionnelle. Et j’ai envie d’amour et je n’ose pas t’aimer. J’aime la froideur bleue de tes reins. Et cette platitude qui embaume tes yeux. J’aime cette maladresse qui couvre tes mains. Et tout ce qui te rend si loin de moi.

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