Le flambeau, chapitre 4 : Identification

Chapitre 4 : Identification

Trhon avait beau relire plus de trois fois le message inscrit sur la stèle, il arrivait toujours à la même conclusion : il y avait un lien flagrant entre cette stèle et l'objet de sa quête, l'île d'Azkhabir ! Maintenant, l'information gravée sur la stèle lui paraissait claire dans son énoncé :

                   « Ô toi, résidant d'Azkhabir qui s'est éloigné de sa terre natale,

                   pose ta main sur la clé et présente-toi afin que te sois ouvertes

                                    les portes de ton île bien aimé. . . »

Se devait-il donc d'écouter sagement l'indication ordonnée par la plaque ? Ou bien était-ce un piège qu'il devait fuir avant qu'il ne soit trop tard ? D'ailleurs, n'était-il pas déjà trop tard pour Trhon ? À plus de 100 mètres de profondeur, la pression atmosphérique était écrasante. Trhon n'avait plus de temps à perdre. Il se devait d'agir rapidement avant de perdre conscience, avant de mourir étouffé si près du but. Remonter précipitamment à la surface lui était à présent impossible et inenvisageable : il n'avait plus assez de forces ni assez d'air dans ses poumons. « Lorsque la mort devient inéluctable, pourquoi ne pas prendre le temps de faire sa connaissance ? » finit par se dire Trhon.

N'ayant par conséquent plus l'esprit de réfléchir plus longtemps, Trhon posa sa main sur la stèle et s'écria dans son for intérieur : « Je suis Trhon ! Je suis Trhon ! Je suis Trhon ! Trhon ! Trhon ! ».

Lorsque la stèle finit par recevoir le message, la lumière jaune passa au rouge. De plus, l'amas de rochers qui entourait de part et d'autre de trois mètres la stèle, commença étrangement à s'approcher d'un mètre. Entre-temps, une nouvelle écriture apparut en dessous de la première : « accès interdit : à la troisième erreur, les pierres te pulvériseront, retourne auprès des tiens si tu n'est pas parmi les nôtres ! ».

Trhon finit par saisir : il n'était nullement un résidant de l'île. Comment pouvait-il donc se présenter à la « clé » sous sa véritable identité ? Par ailleurs, la menace des rochers qui l'encerclait était à prendre très au sérieux. Comment ces immenses pierres ont-ils pu être déplacé d'un mètre si subitement avec autant d'aisance ? Pour Trhon, il était évident à présent, cet amas de rochers protecteur était en synchronisation directe avec l'énergie lumineuse de la stèle.

N'ayant à présent plus que deux essais avant de se faire réduire en poussières par le bloc de pierres en cas d'échec,Trhon était bien embarrassé. Comment pouvait-il se présenter à la stèle souterraine sous un autre nom ? Connaissait-il déjà dans un premier temps, le nom, ne serait-ce que d'un seul résident de l'île ? En effet, d'après ce qu'il avait compris, dans l'esprit de Trhon, tout était à présent clair : « Cette clé à l'allure d'une stèle est en vérité un gardien ayant mémorisé les noms de tous les résidents de l'île d'Azkhabir. Il me dévoilera certainement l'île si je me présente à lui sous le nom d'un habitant de l'île ».

Après un court instant de réflexions, Trhon posa sa main une deuxième fois sur la stèle et hurla dans son for intérieur : « Je suis Sworld ! Je suis Sworld ! Je suis Sworld ! Sworld ! Sworld ! ». Effectivement, « Sworld » pouvait être la bonne réponse. Il s'agissait du nom de son défunt roi qui avait séjourné lors d'un naufrage, il y a plus de 12 ans, sur cette île pendant une durée de deux ans. N'était-il donc pas finalement devenu un résident de l'île au cours de ses deux ans d'habitation ? Son nom se devait donc d'être enregistré par le gardien, mais à la grande surprise de Trhon, la stèle passa d'une lumière rouge à une lumière noire, avec le même rappel que le dernier message : « accès interdit : à la troisième erreur, les pierres te pulvériseront, retourne auprès des tiens si tu n'est pas parmi les nôtres ! ». Entre-temps, le bloc de pierres se rapprocha de la stèle encore d'un mètre. La distance entre Trhon et ce danger, qui le dominait par toutes les directions, n'était à présent que d'un mètre. La prochaine éventuelle erreur était fatale et mortelle pour le corps déjà abîmé de Trhon.

L'homme était en train de perdre son sang froid mais l'enjeu était beaucoup trop important pour qu'il puisse s'admettre vaincu à ce stade de son combat mental. Non, il se devait encore de faire un dernier effort avant de s'évanouir à jamais dans les abysses de la mer. Allait-il si près du but renoncer à rechercher la trace du dernier héritier au trône, le fils de son roi bien aimé, Sayko ? Soudain, lorsque le nom de l'enfant traversa son esprit, il se rappela : « Évidement, pourquoi n'ai-je pas compris plus tôt ? Le seul véritable résident d'Azkhabir à ma connaissance est bel et bien la raison pour laquelle je suis ici, Sayko, le flambeau de la royauté, l'objet de ma quête ultime ».

Après cet éclaircissement, Trhon posa avec assurance sa main sur la stèle et s'écria pour une dernière fois dans son cœur : « Je suis Sayko ! Je suis Sayko ! Je suis Sayko ! Sayko ! Sayko ! ».

En effet, « Sayko » pouvait être la bonne réponse. La meilleure réponse que Trhon pouvait en tout cas donner. Tous ses espoirs étaient à présent placé dans ce fameux nom : « Sayko ».

Rater un tel pari était synonyme de mort pour Trhon. Il le savait et il était préparé à mourir en cas d'échec. N'était-ce pas finalement une mort que pouvait espérer un valeureux guerrier tel que Trhon ? Cependant, le destin ne lui avait pas réservé un tel honneur. Effectivement, la stèle passa d'une lumière noire à une lumière blanche étincelante avec un suprême message à l'égard de ce vaillant combattant :

               « Ô toi, Sayko, résident de l'île qui s'est éloigné de sa terre natale,

                                    les portes de ton île te sont ouvertes !

             Laisse toi guider à présent par le souffle de la mer jusqu'à la surface »

( à suivre )