Elle aurait voulu

Frédéric Clément

Il voulait qu'elle soit sa chose

Une espèce de bel objet

Un superbe bouquet de roses

Sur la table de ses projets



Il la prenait pour une jarre

Une babiole, un souvenir

Ramené du fond d'un bazar

De Marrakech ou d'Agadir



Il voulait qu'elle soit son truc

Son Picasso, son Da Vinci

Une pâle copie en stuc

Du marbre qui peuplait ses nuits

Du marbre qui peuplait ses nuits



Elle qui voulait tant qu'on l'aime

Pour son esprit

Et les courbes rondes et pleines

De ses écrits

 

Elle aurait voulu qu'on l'adore

Pour sa belle âme

Mais l'homme idolâtre le corps

Jamais la femme

 

Il la traitait comme une i… cône

Une statue de pacotille

Une relique, une madone

Mais avec des dessous de fille



Elle était sa Coupe du Monde

Le machin qu'on met en vitrine

Un peu comme ces dames blondes

A la une des magazines



Un trophée que l'on peut brandir

Pour s'attirer tous les regards

Et qu'on ne mérite, à vrai dire

Que par le plus grand des hasards

Que par le plus grand des hasards



Elle qui voulait tant qu'on l'aime

Pour son esprit

Et les courbes rondes et pleines

De ses écrits

 

Elle aurait voulu qu'on l'adore

Pour sa belle âme

Mais l'homme idolâtre le corps

Jamais la femme

 

Elle qui voulait tant qu'on l'aime

Pour son esprit

Et les courbes rondes et pleines

De ses écrits  

 

Elle aurait voulu qu'on savoure

Sa répartie

Mais Dieu ! Que les hommes sont lourds…

 

Qu'ils sont petits !

                       

Oh, Dieu ! Que les hommes sont lourds…

 

Elle est partie

Signaler ce texte