Les années mortes

Frédéric Clément

On ne sait d'elles que le mal qu'elles nous laissent

Et, d'appel en râle, une détresse

Eclose en nous



On les fait telles, qu'idéales elles nous blessent

Eternelles vassales de nos faiblesses

La cause de tout



Années tendres, années jeunes, années mortes…

Je sais pourtant qu'il est vain que l'on ceigne

Le deuil des ans qui s'éteignent

Qui s'éteignent


Dans toutes celles que l'on se traîne en laisse

Citadelle hautaine ou forteresse

Encore debout



Combien sont-elles ?

Combien d'entre elles ont cette ancienne ivresse

Si jumelle d'une peine qui nous oppresse

Et nous rend fou ?



Années tendres, années jeunes, années mortes

Je sais pourtant qu'il est vain que l'on ceigne

Le deuil des ans qui s'éteignent

Qui s'éteignent


Cœur te rebelle ! Et prends de l'âge ! Et cesse

Le trop bel hommage à ces ogresses

Encloses en nous



Sempiternel enfantillage où naissent

Les cruelles images de ma jeunesse

La cause de tout



Années tendres, années jeunes, années mortes

Je sais pourtant qu'il est vain que l'on ceigne

Le deuil des ans qui s'éteignent

Qui s'éteignent

 

Le peu d'allant que la vie nous enseigne

S'effeuille au vent quoi qu'on feigne

Et l'on saigne

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